'Passionnés par leur métier, des hommes et des femmes se mobilisent pour lutter contre le déclin de la viticulture française.
'Passionnés par leur métier, des hommes et des femmes se mobilisent pour lutter contre le déclin de la viticulture française.
Ainsi sont les ‘vœux’ de nouvel an faits aux viticulteurs par le gouvernement français qui a traduit (29 décembre 2015) dans la législation une directive bruxelloise de 2007.
La directive de Bruxelles de libéraliser la culture du vin et d’augmenter de 1% l’an la surface viticole en vin sans indication géographique protégée dans le cadre, après une baisse, d’une stabilisation mondiale de la consommation, est l’assurance d’une nouvelle crise viticole prochaine.
La consommation de vin par habitant diminue. Dans les pays à forte tradition vinique la part des consommateurs réguliers est passée de 51% en 1980 à 13% en 2015, celle des consommateurs occasionnels de 30% à 43%, celle des non consommateurs de 19% à 43%. Augmenter la surface cultivée c’est augmenter le volume de vin produit, par contrecoup mettre les viticulteurs en position de faiblesse face aux 3 ou 4 metteurs en marché européens qui auront toute facilité pour faire jouer la concurrence et faire baisser les cours, et avec pour autres conséquences : une attaque des AOP, des faillites nouvelles les revenus n’étant pas là et la concentration des exploitations entre les mains de quelques uns,…
Il resterait donc à exporter la production plus que cela est fait actuellement (notamment vers les pays d’Europe du nord). Problème : la production des vins dans le monde augmente (La Chine est en passe de devenir le 1ierproducteur mondial), de fait l’exportation des vins français ne peut se faire qu’avec des vins de qualité, ce que ne sont pas des vins sans indication géographique protégée qui sont des vins de table.
Cette mesure est un nouveau coup dur porté contre les viticulteurs au nom de la dérégulation. On doit se rappeler que l’Onivins (Office national des vins) avait été créé sur le modèle de l’Office national du blé afin de réguler le marché en contingentant la production, ainsi d’éviter les crises de toutes sortes. La régulation se faisait par la contrainte qu’imposaient certaines règles dont celle-ci, de loin la plus importante, la maîtrise de la surface viticole. De cela, il n’en est plus question avec le nouvel organisme qui a remplacé l’Onivins. La petite viticulture, faite de milliers de viticulteurs, est donc appelée à disparaître après avoir été réduite lors de la dernière crise, disparaître lentement et sûrement avec l’assentiment tranquille des gouvernements français qui se sont succédés.
Il est vrai qu’il est des viticulteurs, notamment dans le nord de la France, pour se réjouir de la décision de Bruxelles. Réjouissance de courte durée à coup sûr, car, après qu’ils auront agrandi leurs surfaces, ils se retrouveront rapidement à éprouver les difficultés des autres viticulteurs.
Qu’il soit possible de produire des vins en d’autres régions que celles qui sont à cette heure productrices est une évidence, cela sera d’autant plus une évidence que le changement climatique contribuera à déplacer vers le nord les cépages, et les viticulteurs heureux à cette heure vont pouvoir se préparer à recevoir ce déplacement du vignoble. Cependant ils doivent le faire avec des vins de qualité et non des vins sans indication géographique protégée.
Restent les viticulteurs du bordelais, de l’arc méditerranéen, … D’ores et déjà ils doivent se poser, et rapidement, la question de la recomposition variétale de leur encépagement s’ils n’entendent pas disparaître du fait du climat. Selon l’article, tous les viticulteurs ne pourront pas bénéficier également sur tout le territoire de cette augmentation des terres viticoles de 1%. Cela signifie-t-il que FranceAgriMer (qui arbitrera la distribution des 1%) anticipe le déplacement du vignoble vers le nord ? Si tel est le cas et si les viticulteurs du sud ne se remuent pas pour repenser leur vignoble, il est à craindre que cette économie (la 1ier du Languedoc-Roussilon) ne disparaisse pour laisser place à une misère plus grande encore en région. A cet effet il serait temps que les politiques se bougent et se préoccupent des difficultés concrètes.
‘Décision de Bruxelles qui fait hurler les puristes’ est-il écrit dans l’article. Faut-il être imbécile pour laisser entendre que ce serait là affaire de puristes ! Mais tout aussi imbéciles les viticulteurs et leurs organismes représentatifs qui ont laissé se développer sans réagir une mesure dans les tiroirs depuis 2007.
***
L’article auquel répondent les lignes ci-dessus.
Un document assez court qui s’adresse à tous, tout autant aux viticulteurs (ou à certains d’entre eux) qui devraient trouver là matière à réflexion. Voici ce qui en est dit :
« Dans cette vidéo, le vin est abordé en tant qu'objet de civilisation. Jean-Luc Mélenchon et les différents intervenants expliquent en quoi l’élaboration des normes viticoles a fait l’objet d’une lutte sociale. Le film montre ensuite que ces normes sont aujourd’hui menacées par le projet de Grand Marché Transatlantique. Enfin, la nécessaire transition écologique de l’agriculture est défendue à travers l’exemple de vignerons bio.
Vous trouverez dans cette vidéos des interventions (par ordre d’apparition) de :
- Jean-Luc Mélenchon, député européen
- Serge Azaïs, viticuteur coopérateur à Montagnac (Languedoc)
- René Morenao, Président de la cave coopérative de Montagnac (Languedoc)
- Jonathan Nossiter, cinéaste artisan
- Jean-Pierre Frick, vigneron bio (Alsace)
- Claude Buchot, vigneron bio (Jura)- Valentin Morel, vigneron bio (Jura) »
20 janvier 2014 (explication de vote)
Le Parlement européen vote la régression dans la protection du vin
Le rapport Bartolozzi voté mardi dernier au Parlement européen permet une nouvelle réglementation assouplie des « produits vinicoles aromatisés ». Cette libéralisation s’inscrit dans le cadre de la réforme de la PAC qui allège les réglementations pour soumettre tous les produits agricoles à la concurrence libre et non faussée. La proposition aggrave encore le règlement de 1991 qui accordait à des préparations alcooliques aromatisées la qualification de « produit vinicole », en cohérence avec la libéralisation commerciale mondiale ayant affecté l’Organisation Internationale du Vin. Or historiquement ne pouvait être appelé vin que le produit exclusif de la fermentation alcoolique du raisin. En donnant le qualificatif « vinicole » à toutes sortes de produits qui n’ont rien à voir avec le vin, cette « simplification » a marqué une régression pour la protection du vin.
Le règlement européen proposé aggrave cette banalisation. Il étend aux produits aromatisés, édulcorés, colorés des qualifications qui étaient jusqu’ici réservées au seul vin, comme la mention du cépage ou de l’origine géographique. Cette évolution, favorable aux produits alcooliques industriels standardisés, va se faire au détriment des producteurs de vin de qualité, qui perdent progressivement leurs protections spécifiques. C’est une très mauvaise nouvelle pour l’avenir et la diversité des vins européens. Et c'est un signe supplémentaire de l'absence de bon goût de la technostructure arrogante et vulgaire qui invente un tel crime contre la civilisation européenne. J'ai voté contre sans pouvoir l'empêcher.
******
15 avril 2014 (question à la Commission)
L’impasse écologique et productive des politiques d’arrachage de vignes
L’Union européenne impulse depuis plusieurs années des politiques d’arrachage de vignes, au nom de la régulation de la production. Cette politique a consisté à des campagnes massives d’arrachages de 2008 à 2011, grâce à des primes dépassant les 6 000 euros à l’hectare. 160 000 hectares ont ainsi été arrachés en Europe, dont 22 000 en France. Cette politique est très coûteuse puisque près d’un milliard d’euros ont été dépensés pour cela depuis 2008, dont 135 millions rien qu’en France. Malgré l’abandon des grandes campagnes d’arrachage, cette politique se poursuit de manière larvée avec la nouvelle PAC sous forme d’aides à la reconversion et à la restructuration des exploitations, qui comportent souvent des arrachages.
Comment la Commission peut-elle défendre ainsi une régulation à la baisse de la production viticole alors qu’on assiste à une augmentation rapide de la demande mondiale de vin ? Le rôle de la PAC ne devrait-il pas plutôt être de conforter le potentiel productif viticole européen ?
Les arrachages massifs ont ainsi amputé le potentiel productif du vignoble français alors qu’il faudrait le renforcer. Loin de permettre une réorientation qualitative du vignoble, les politiques d’arrachage sont largement aveugles et indifférentes aux enjeux écologiques, commerciaux et culturels de la viticulture. Ainsi, 40 % des vignes arrachées en France étaient classées en Appellation d’origine contrôlée. Elles représentaient un potentiel de 20 000 emplois perdus.
La moitié des surfaces arrachées sont restées en friche, au détriment de l’aménagement du territoire, ou ont été rendues constructibles, contribuant ainsi à la logique nuisible d’étalement urbain. Ces arrachages ont ainsi conduit à une baisse de la valeur ajoutée des territoires concernés. Ils ont fragilisé les outils collectifs de production (coopératives viticoles) et de gestion des sols (SAFER).
Quel bilan raisonné la Commission européenne tire-t-elle de cette politique ?
Va-t-elle continuer à soutenir des mesures d’arrachage dans le cadre des politiques de restructurations d’exploitations ?
Comment compte-t-elle empêcher que les terres arrachées tombent en friche ?
Entend-elle conditionner toute mesure d’arrachage à une reconstitution qualitative et écologique des vignobles arrachés ?
Alors que le productivisme agricole est néfaste pour l’environnement comme pour la qualité des produits et des emplois agricoles, compte-t-elle intégrer plus largement la nécessité d’une agriculture paysanne et biologique dans sa politique viticole ?
ou réflexions succinctes à partir de l’entente Uccoar/Val d’orbieu
« L’entente entre l’Uccoar et Val d’Orbieu inquiète les salariés », pouvait-on lire dans un article de L’Indépendant (28/6/2012). Ils ont bien raison. Cela se traduit toujours en jargon par des économies d’échelle (contractions en tous genres) et, pour ce qui concerne les salariés, par une diminution du nombre des personnels priés d’aller se faire visiter ailleurs.
On lit, dans ce même article, que sont ainsi fédérés 2500 viticulteurs pour une production de 3 000 000 d’hectolitres de vin.
Mon observation est sur ce point. Mes interrogations aussi.
2500 viticulteurs dans un cadre coopératif cela n’est rien d’autre que de la galéjade. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a de coopération qu’à taille humaine, que lorsqu’on se connait, que l’on peut échanger, que l’on garde la maîtrise directe de son devenir. Le viticulteur Nestor de la Malepère, cet autre François des Corbières où Fernand de la basse-plaine de l’Aude, tous personnages inventés cependant bien réels, se rencontrent-ils ? Se connaissent-ils ? Non ! Ils s’ignorent.
Par ailleurs, plus le nombre des viticulteurs augmente dans une structure coopérative plus le poids de chacun d’eux diminue et devient négligeable dans la décision tandis que monte en parallèle la puissance administrative, celle du management,…. On se retrouve alors, comme dans L’Odyssée de l’espace (l’ordi prend le contrôle du vaisseau spatial) avec une prise de pouvoir par ceux-là même qui, primitivement, avaient été embauchés pour servir et éclairer les coopérateurs.
On se retrouve également, sans qu’il soit besoin de remettre en cause et l’esprit et les statuts dans un tout autre système plus proche d’une société que de celui de la coopération.
La coopération ayant échappée subrepticement, de manière indolore, aux viticulteurs-coopérateurs, l’outil dont ils s’étaient dotés pour s’assurer de leur liberté et de leur existence dans le cadre collectif devient celui de leur asservissement.
Le coopérateur est de la sorte devenu un pourvoyeur de raisin. A quel prix ce dernier lui sera payé ? Au prix qu’ « on » consentira à lui verser, ceci pour diverses raisons. Celle-ci par exemple : il faut payer les investissements. Décidés par qui ? La technostructure qui, en AG, a fait passer le projet dont elle a eu l’idée, qu’elle a instruit et dont elle seule possède les tenants et aboutissants. N’imaginez surtout pas que les coopérateurs aient été sollicités en amont sur sa pertinence ou ne serait-ce que pour information, l’AG est juste là pour validation (droit contraint).
Mon observation (et interrogation) tient également sur les 3 000 000 d’hectolitres de vin.
Un tel volume indique bien qu’il s’agit d’une production de vin industriel. Certes toujours meilleur qu’il ne l’était à l’époque de nos parents mais un vin de masse qui correspond à une politique dont la valorisation du produit n’est pas l’objet et la préoccupation essentielle, ceci à un moment où de moins en moins de personnes boivent du vin et il y a de plus en plus de producteurs (et donc de concurrents) dans le monde. C’est dire que les leçons de l’histoire (crises dues à une production massive) ne servent pas à grand-chose.
L’objection qui peut être faite est que « l’entente » entre diverses structures correspond à une force de frappe commerciale nécessaire. L’objection serait pertinente si cela ne conduisait pas à l’autonomie de celles-ci qui piège le coopérateur et dont il a été question plus haut.
Tout ceci correspond à une évolution de la coopération (jusqu’à sa perte) dans la logique de marché de type libéral. Le salut du viticulteur et du coopérateur est conçu dans une fuite en avant. Toujours plus de concentration et d’absorption semble être la panacée. Le temps est proche où le viticulteur coopérateur, cependant propriétaire de ses vignes, se verra contraint d’obéir aux décideurs commerciaux et sera dans la position d’un sous-traitant.
N’y-a-t-il pas autre chose à faire ?
Dernier point et pas le moins important.
On entend souvent dire qu’il convient de développer le système coopératif. Il y a dans cette pétition quelque chose de naïf : du prononcé du mot, la coopération existerait. Belle idée en fait qui n’a guère de sens si on n’éduque pas à l’esprit coopératif, si on n’a pas pour objectif de l’entretenir, si à l’occasion de concentrations ne sont pas prises les mesures nécessaires à son maintien.
L’idée que tout doit se payer n’est pas neuve.
Voici un texte -amusant ?- de Jean-Pierre Berlan paru sur Kokopelli
Exergue
http://www.kokopelli.asso.fr/articles/en-finir-avec-gratuite.html
Sur la propriété intellectuelle, ci-dessous : 5 courts résumés d’un bouquin traitant du sujet.
http://exergue.over-blog.com/article-la-propriete-intellectuelle-1-77239864.html
http://exergue.over-blog.com/article-la-propriete-intellectuelle-2-77436070.html
http://exergue.over-blog.com/article-la-propriete-intellectuelle-3-77536894.html
http://exergue.over-blog.com/article-propriete-intellectuelle-5-77812208.html
Le 28 novembre dernier le Parlement a voté une loi interdisant aux agriculteurs de réutiliser leurs propres semences sous peine de sanctions. Désormais, ces derniers devront payer des droits de copie privée sur ce qui leur appartient.
Voir l’excellente vidéo, très pédagogique, de l’interview de Jean-Pierre Berlan. À faire circuler.
Qui est Jean-Pierre Berlan : http://blogs.mediapart.fr/edition/ogm/article/161211/jean-pierre-berlan-reagit-sur-les-certificats-dobtention-vegetale |
(Re)développer l’esprit coopératif
Le monde rural n’échappe pas à l’humeur ambiante, résultat d’une longue imprégnation à l’individualisme libéral, consumériste, compétitif ; véhiculé par les médias (Tv, films, livres, journaux…),…. L’absence d’éducation au vivre ensemble, à la solidarité, nous expose. Ainsi nous périssons.
Résumons. « Pour arriver », il faut ignorer l’autre, s’il est à terre : surtout ne pas l’aider à se relever.
Désormais, dans le monde agricole, il ne s’agit plus de se développer (voire de survivre) avec mais sans les autres. On se veut seul. Se sent bien, seul. Quelle fierté d’être celui qui reste ; sans avoir cette conscience qu’il en est toujours un plus fort, dans le même esprit que celui que l’on a, par qui nous subirons la chute. Car, dans le monde que nous vivons, nous sommes, les uns après les autres, aujourd’hui ou demain, appelés à être terrassés.
Faisons-nous l’effort de comprendre que ce n’est pas l’autre l’adversaire, le proche ou le lointain, le semblable, l’égal, l’identique, mais le néolibéralisme et son cortège de dérégulations, de dérèglementations, de délocalisations, … tout entier au service des géants, de la banque, de la finance, ailleurs de l’agroalimentaire, des metteurs en marché, des grandes enseignes commerciales, toutes choses auxquelles nous n’appartenons pas et n’appartiendrons jamais.
Revenons au terrain.
La perte de l’esprit coopératif est naturelle. Plus on s’éloigne de l’époque des pères fondateurs qui ont voulu et mis en place la coopération plus on perd l’idée de son impérieuse nécessité.
- Cette perte est le résultat de la délégation faite à des administrateurs. On n’a plus l’intention de s’emmerder. On fait confiance aux élus. Sans jamais demander d’explications. Sans jamais exercer de contrôle. Ainsi quitte-t-on peu à peu la vie coopérative, de responsabilité partagée, à laquelle pour finir, pour ne pas avoir suivi de près et au quotidien le mouvement, on ne comprend plus rien.
- Cette perte est le fait d’une plus grande technicité, complexité. Pour y faire face, on embauche fort justement des personnels compétents entre les mains desquels on (administrateurs compris) se remet. La dérive est grande alors de voir les coopérateurs pressurés, liquidés au nom de politiques gestionnaires auxquelles ils ne peuvent souscrire.
- Cette perte est le fait de nouvelles et necessaires structures (fusion de coopératives). Mais plus on est éloigné physiquement du bâti coopératif, plus on devient étranger à la coopération.
- Cette perte est le fait que le nombre de viticulteurs diminuant, les plus « importants » en imposent aux « petits », font la pluie et le beau temps. On ne mesure pas assez le poids des notables devant lesquels les coopérateurs restent baba. Et s’il advient un jour qu’on s’adresse à un Président pour lui demander pour quelles raisons il a fait ceci ou cela, par delà le crime de lèse-majesté qui l’agresse, il répond parce qu’il a été élu, comme si le fait d’être élu déchargeait jusqu’à la prochaine élection de devoir s’expliquer et informer, de solliciter les coopérateurs.
- Cette perte est le fait de nouveaux adhérents, la plupart jeunes, qui n’ont pas été éduqués à l’esprit de coopération mais bien à celui du chacun pour soi, et qui sont dans le cadre coopératif parce qu’ils n’ont pas les moyens de se payer une cave particulière.
Ainsi perd-on pied. Tous.
…..
On peut multiplier à l’infini les raisons de la perte de l’esprit coopératif. Dire, par exemple, que la gestion de l’aspect commercial qui n’était pas à l’origine de la coopération viticole cantonne le viticulteur à s’exprimer dans ce pour quoi il se sent le plus capable : la culture de la vigne. De fait le viticulteur cultive sa vigne, ramasse le raisin, l’apporte à la cave coopérative qu’il considère dès lors comme une banque qui lui verse acomptes à un rythme régulier. Ce qui se passe en termes de vinification, de vente, …. ce n’est pas son problème. Mais l’intéresse-t-on à cela ?
Interrogés sur la coopération, les administrateurs en déplorent l’inexistence. Leur dit-on qu’ils devraient, ayant fait le constat, se donner mission d’y porter remède, ils répondent que ce n’est pas leur rôle. Ils ne se sentent pas investis de cela, quelques uns étant là davantage pour surveiller leur intérêt que pour veiller véritablement à l’intérêt collectif. On se console en pensant que veillant au leur ils ne peuvent faire autrement que d’être attentif au bien commun auquel ils participent.
Les administrateurs disent encore : si les coopérateurs veulent s’informer, ils en ont la possibilité. Mais, comme partout, faisons le constat qu’on gouverne plus facilement des personnes non averties, en conséquence moins promptes à la critique, même si elle est constructive. Ainsi est-on est moins dérangé.
Pas de quoi s’étonner, après, que lorsque advient une crise, qu’on ne trouve plus personne sur les barricades, plus personne en état de faire des propositions pour s’en sortir, plus personne pour émettre des projets innovants,…. Tout cela témoigne de l’incurie, de l’absence d’audace, du manque de vision des administrateurs.
Il est vrai aussi que maintenir à distance les coopérateurs c’est s’assurer de se refiler les postes entre pairs car tel est aujourd’hui président ici et administrateur ailleurs dans une autre structure (syndicale, mutualiste,….), sera demain dans une autre configuration par un simple échange de rôles.
Il faudrait donc éduquer à la coopération, informer le coopérateurs, se donner les moyens d’aller puiser dans ces compétences enfouies. Mais personne ne le veut. Et surtout pas ceux qui sont aux commandes de la coopération. Quant aux autres, les coopérateurs, ils ne savent même plus à quoi ils peuvent prétendre.
Eduquer, informer. C’est le problème ici. C’est le problème ailleurs C’est le problème partout, dans tous les domaines de la vie citoyenne.
Répéter les choses pour qu’elles finissent par pénétrer les esprits.
Avoir des outils en commun
Il est des outils nécessaires, qui servent peu dans l’année, dont on use individuellement de manière discontinue et que n’utilisent pas en même temps les viticulteurs. Ainsi : broyeur à sarments, gyrobroyeur, mangouste, ….
Chaque viticulteur essaye, autant qu’il en a la possibilité, d’en devenir propriétaire. Se faisant, il met à mal l’équilibre financier de l’exploitation par une charge qui pourrait être partagée et qui, ne l’étant pas, le rend vulnérable.
La « crise » dernière, dont il faut être naïf pour croire que c’est la dernière « crise », aurait dû conduire à la réflexion. Mais non ! Chacun continue dans ce système individualiste, cependant suicidaire.
Pour avoir parlé alentours de cette nécessité d’acheter du matériel en commun, la réponse a été celle-ci : « Il y en a qui ne font pas attention au matériel qui n’est pas à eux ».
Qu’à cela ne tienne ! Faisons comme les entreprises de location de matériel. Tout rentrera vite dans l’ordre. Achetons en commun et louons-nous ce matériel aux conditions des entreprises de location (frais de dégradations payés par ceux ont dégradé), il n’y a pas de meilleure éducation.
Acheter le matériel individuel ensemble
Un exemple. Chaque année des viticulteurs font le choix d’investir, les uns dans un tracteur, les autres dans un appareil à sulfater, ... . Pour ce faire, ils se présentent individuellement devant les concessionnaires.
Imaginons un instant que ces mêmes viticulteurs se concertent sur le choix d’un matériel. Ils peuvent alors présenter une commande groupée et faire baisser les prix davantage qu’ils peuvent prétendre le faire s’ils s’en vont seuls à l’abattoir.
La démarche vaut aussi pour d’autres achats : piquets, produits, gazole,…..
Il faut bien comprendre que la part de dépense dont on a pris la peine de se dispenser donne de l’oxygène et permet un meilleur équilibre financier.
Serge MARTY ancien du CANVS; Elu local ; Comité Consultatif Citoyen du Département de l’Aude
A
Monsieur le Président de la République:
En 2007, lors de l’action « A PARIS EN TRACTEURS», nous avons rencontré des députés, des sénateurs, des groupes parlementaires à l’Assemblée Nationale, au Sénat.
Des candidats à la Présidentielle de 2007, nous ont reçu ou ont accepté de dialoguer avec nous : F BAYROU, O BESANCENOT, M G BUFFET, A LAGUILLER, J M LE PEN. J BOVE nous a soutenu en cours de campagne.
Les élus des groupes parlementaires rencontrés toutes tendances politiques confondues, bien que partageant souvent notre analyse, se sont dits impuissants à faire avancer le dossier «viticulture» face à la puissante influence du lobby anti-vin à l’Elysée, à Matignon, dans les Ministères, dans les Assemblées.
Deux candidats à la Présidentielle de 2007, S. ROYAL et vous-même ont évité ou refusé de nous rencontrer et de répondre à notre lettre ouverte.
En 2007, vous avez été élu, Président de la République. Rien n’a évolué depuis. La situation de la viticulture familiale et la situation économique des viticulteurs se sont même aggravées dans l’Aude, de nombreux exploitants survivent par le RSA.
C’est pourquoi, 5 ans après, à l’occasion de votre visite dans notre beau Département de l’Aude, mais à la viticulture sinistrée, je me permets de vous soumettre les mêmes 5 questions qui n’ont rien perdu de leur actualité et de leur pertinence et qui attendent vos réponses:
1- En France, la politique de lutte contre l’alcoolisme a dévié vers une campagne anti-vin et vers une communication officielle à sens unique et incomplète dans le domaine « vin et santé », occultant les bienfaits du vin sur la santé.
VOUS ENGAGEZ-VOUS A METTRE UN TERME A CETTE SITUATION PARTISANE ?
2- La loi Evin est utilisée contre le vin. Le Vin, en France, est considéré seulement comme un alcool, voire une «drogue» ! Les bienfaits du vin (consommation raisonnable et régulière) démontrés et confirmés scientifiquement par plusieurs études sont totalement occultés.
VOUS ENGAGEZ-VOUS A UNE COMMUNICATION EQUILIBREE ET HONNETE SUR LE VIN ?
3- Le Vin, produit issu de la fermentation du raisin devrait être distingué de l’Alcool (issu de la distillation).
VOUS ENGAGEZ-VOUS A DIFFERENCIER PAR LA LOI LE VIN DE L’ALCOOL ?
4- Le vin est une boisson appartenant au Patrimoine Culturel et Gastronomique de l’Humanité.
VOUS ENGAGEZ-VOUS A FAIRE RECONNAITRE LE VIN COMME UNE BOISSON ALIMENTAIRE EN FRANCE ?
5- Le vin produit cher pour le consommateur, n’est pas rémunérateur pour 8 viticulteurs familiaux sur 10. La dérèglementation du commerce, permet aux metteurs en marché de spolier légalement les producteurs familiaux de leur «part» de la plus value du vin.
VOUS ENGAGEZ-VOUS A REGULER LE MARCHE, AFIN QU’UN JUSTE RETOUR D’UNE PARTIE DE LA PLUS VALUE DU VIN, PERMETTE AUX VITICULTEURS FAMILIAUX DE VIVRE DE LEUR TRAVAIL ?
Comptant sur votre écoute, je vous serais reconnaissant si vous vouliez bien faire connaître aux audois, votre analyse et votre position sur le VIN et sur la situation dramatique des viticulteurs familiaux audois. Avec mes remerciements, veuillez accepter mes salutations respectueuses.
Durban Corbières, le 22 octobre 2011.
Serge MARTY : 0468458312; 0673658160 ; serge.marty@gmail.com; 5 rue de la Garrigue 11360 DURBAN CORBIERES.