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20 janvier 2022 4 20 /01 /janvier /2022 20:11

Sous le II empire l’enseignement de l’histoire, de la géographie disparaissent de la circulation. La raison, on la devine, ne pas donner matière sur laquelle appuyer la réflexion.

Raffarin, 1er ministre, les heures de philo sont réduites, ici encore on devine la raison : la philo n’est pas d’une grande utilité pour le monde du travail, en plus elle permet aux individus de penser.

Former un travailleur ou contribuer à l’éducation du citoyen ? Le passage est plus aisé du citoyen au travailleur, le contraire quasiment impossible.

Gaston Bachelard : «  II faut mettre la société au service de l'école et non pas l’école au service de la société ».

Harold Bernat : Excellent !

Exergue
*
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Harold Bernat : "Macron a fait une OPA sur la République, son ennemi c'est vous" - Sud Radio

*Harold Bernat, Professeur agrégé de philosophie à Bordeaux, auteur de "La défaite de la majorité : "Liberté, égalité, fraternité ou la mort" aux éditions Atlantiques Déchaînées

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21 décembre 2021 2 21 /12 /décembre /2021 18:12

Albert Camus, l'icône de la révolte - Documentaire (04/01/2020)

 

‘60 ans après sa mort Camus est plus actuel que jamais. Ce film, aussi original dans le fond que dans la forme, raconte cet écrivain comme vous ne l'avez jamais vu. Vivant. Catherine Camus, Abd Al Malik, Raphael Enthoven et bien d'autres nous révèle un homme vibrant, plein de contradictions, comme nous tous. Généreux et égoïste, solitaire et solidaire. Loin du Saint laïc trop souvent idolâtrée. Dans notre époque haineuse, clivée, où l'insulte a remplacé le dialogue, où le brouhaha médiatique se substitue au dialogue, son honnêteté intellectuelle, son courage a beaucoup à nous dire. "Mal nommer les choses, c'est jouer au malheur du monde" écrit-il. Dans nos temps de confusion, nous devrions l'écouter. Le relire. Camus parle à tous. Véritable Icône Pop, chaque génération se le réapproprie de Patti Smith à The Cure, d'Adb Al Malik à Coppola. Sur Instagram Albert Camus inspire le monde entier: street artistes, musiciens, cinéastes... Un film de Fabrice Gardel et Mathieu Weschler Co-production Public Sénat et Plaj productions’

 

 

 

Camus, une pensée toujours vivante.
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23 juin 2021 3 23 /06 /juin /2021 08:37

Pour ceux qui ne connaissent pas Edward Hopper, peintre américain.

Exergue

 

" Un jour, j'écrirai la véritable histoire d'Edward Hopper " annonce Joséphine à un journaliste. " Personne d'autre ne peut le faire, car vous n'aurez jamais toutes les facettes du personnage. C'est du pur Dostoïevski. "

Sur ce point-là, pour une fois, Edward et Jo Hopper sont d'accord. Farouche et laconique, Edward Hopper laisse planer le mystère dans ses toiles hypnotiques. Sa femme, Jo, omniprésente dans sa vie et dans son œuvre, puisqu'elle en est son unique modèle, est bien la seule à avoir percé à jour l'un des plus grands peintres américains du XXe siècle. Mais elle n'est pas seulement sa muse et la gardienne de sa mémoire. Elle aspire, elle aussi, à une carrière de peintre. Elle jouit d'un joli succès, avant de se marier avec Hopper. Mais comment exister aux côtés d'un tel génie ?

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23 juin 2021 3 23 /06 /juin /2021 08:31

« Narbonne fut l’une des plus grandes métropoles de l’Empire romain en Gaule. Les récentes découvertes et avancées scientifiques renseignent sur le rôle crucial de cette cité florissante qu’on surnomma justement "la seconde Rome". Colonisée au Ier siècle avant J.-C., la gallo-romaine Narbo Martius, dans l’Aude, était la capitale d'une vaste province d’Occitanie, la Narbonnaise. Sa proximité avec la Méditerranée, via le canal de la Robine, en a fait l’une des plus importantes plaques tournantes du commerce maritime entre Rome et ses colonies, au point qu’elle fut surnommée "la seconde Rome". À la différence d’Arles et de Nîmes, pourtant de moindre importance, cette présence a laissé peu de traces en surface. Mais depuis une vingtaine d'années, des fouilles entreprises dans le sous-sol et les environs de la cité ont permis d’exhumer les vestiges d'un capitole aux dimensions monumentales, d'un amphithéâtre et d'entrepôts souterrains. En 2019, la découverte à sa périphérie d'une immense nécropole romaine mobilise l’équipe d’archéologues de l’Inrap (Institut national des recherches archéologiques préventives) que dirige Valérie Bel. L'étude des 1 500 tombes qu’elle renferme permet de documenter l'histoire des habitants, leur origine, mais aussi leurs coutumes et leurs activités. Dans le même temps, d'autres chantiers ont révélé les vestiges de quartiers d'habitation, d’exploitations viticoles, de vastes installations portuaires sur le site de Port-laNautique, ainsi que d’une luxueuse villa impériale.

À quoi ressemblait Narbonne au temps de la colonisation romaine ? Suivant sur le terrain des équipes de l’Inrap,ce documentaire, étayé d’éclairages d’historiens et de reconstitutions en images de synthèse, fait resurgir l’histoire méconnue d’une métropole antique florissante qui a rayonné pendant plus de trois siècles sur le monde méditerranéen. »

 

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15 juin 2021 2 15 /06 /juin /2021 07:20

Pour réfléchir

Exergue

 

Source : https://www.pardem.org/de-la-langue-de-lhistoire-de-la-laicite-du-peuple

 

Nous diffusons un texte d’André Bellon dont nous partageons de nombreuses analyses, sur la souveraineté, la démocratie, le rôle de l’Union européenne et de la mondialisation dans leur remise en cause.

Madame, Monsieur,

Y a-t-il encore un peuple français ? La question pourra étonner. Elle est pourtant le cœur de la crise politique actuelle.
Les responsables politiques nous serinent à longueur de temps que nous sommes en démocratie. Mais y a-t-il une démocratie sans peuple ? L’article premier de la Constitution définit la République comme le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple tandis que l’article 3 dispose que la souveraineté nationale appartient au peuple. Peut-on continuer longtemps à proclamer des principes bafoués en permanence ?
Voilà bien longtemps que la classe dirigeante multiplie les atteintes à la démocratie (coup d’État contre le vote du 29 mai 2005, instauration du quinquennat et inversion du calendrier, « conventions citoyennes » délégitimant le suffrage universel,…). Mais l’offensive actuelle est plus perverse. Elle vise à dégouter les citoyens eux-mêmes de la souveraineté populaire, à leur présenter des miroirs aux alouettes habilement manipulés par de soi-disant experts. Tous ceux qui désirent réaffirmer les principes démocratiques et républicains sont ainsi qualifiés d’archaïques ou, injure suprême, de populistes. Ces manipulations touchent d’honnêtes gens qui, pensant défendre des causes justes, voient leurs combats dévoyés par les dirigeants. Il est plus que temps de condamner ces méthodes, d’en dénoncer les auteurs et d’appeler à un vrai débat démocratique, public et contradictoire.
C’est pourquoi il faut insister sur les attributs du peuple, les réaffirmer et rappeler comment la volonté collective et l’intérêt général ne sont en aucune manière ennemis des particularités individuelles.

De la Langue

« La langue de la République est le français » (article 2 de la Constitution). Au travers de la loi Molac (partiellement censurée par le Conseil constitutionnel) et au prétexte de la langue, est soudain réapparu le vieux débat entre centralisation et décentralisation. Aussi important que soit ce débat, ce n’est pas de cela qu’il s’agit en réalité. Car le choix entre centralisation et décentralisation se situe dans le cadre d’un peuple unique et dans la recherche d’un contrat social qui donne au peuple sa cohérence. Or, la loi Molac ouvrait la porte de l’espace public aux langues régionales, fractionnant ainsi ce dernier en fonction des particularismes régionaux. C’est très exactement ce que souhaitent les instances européennes au travers de la charte européenne des langues régionales et minoritaires dans laquelle tant de thuriféraires des langues régionales croient apercevoir la solution. Il ne s’agit plus alors de sauver, ce qui est bien légitime, un patrimoine culturel et linguistique, ni de décentraliser, mais d’émietter les peuples et les États. Veut-on cela ? Veut-on transformer un peuple uni autour de sa langue en une multitude de micro peuples sans réalité politique et donc faibles et soumis ? Ne voit-on pas que ce projet aboutit à supprimer le français au bénéfice de la langue de la mondialisation, l’anglais, et à transformer les langues régionales en éléments de folklore ? La langue française, soumise à tant d’abâtardissements, à une tentative « inclusive », espèce d’horreur la rendant illisible, et au français de cuisine de trop de journalistes, n’a-elle plus rien à dire pour sa défense ?

De l’Histoire

Le débat sur l’Histoire a resurgi avec violence depuis quelque temps. L’Histoire nationale n’est plus présentée qu’au travers d’abominations que sélectionnent avec délectation des petits groupes ou des prédicateurs autoproclamés, généraux en chef de guerres depuis longtemps gagnées par d’autres. Le concept totalement artificiel de « décolonial » et les dérives du post colonialisme par exemple, sont portés par des personnes qui s’approprient indument l’histoire coloniale, nient totalement l’histoire de l’anticolonialisme en France comme les attitudes bien contradictoires dans les pays colonisés. L’inculture historique se mélange avec la haine de la France et la lecture apologétique faite par de petits communautarismes se conjugue avec l’action de l’Union européenne qui veut détruire toute trace des peuples et des nations. Il n’est pas question d’ignorer les contradictions et les erreurs de notre histoire comme de celles de tous les peuples. Il est, en revanche, nécessaire d’analyser, de comprendre et d’enseigner comment se crée et comment vit un peuple au travers des gloires et des fautes de sa trajectoire. Comme le dit Fernand Braudel « Sans le poids de l’Histoire, le présent ne serait qu’une péripétie ». Tout semble concourir aujourd’hui à dégoûter le peuple de son histoire, donc à ne pas avoir d’histoire. Ajoutons que la spécificité de l’histoire politique de la France liée à l’émancipation humaine, au travers notamment de 1789, porte en elle la volonté d’élever positivement les esprits et les cœurs.

De la Laïcité

Pourquoi de nouveaux conflits ont-ils resurgi à propos de la loi de 1905 ? On pourrait s’en étonner tant son article 1 est sans ambiguïté qui dispose que « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes ». En bref, ce texte affirme la liberté de pensée individuelle sans nuire à la pratique de leur foi par tous les fidèles des églises. Le développement des attaques contre ces principes, en voulant redonner un place particulière à la religion, implique bien évidemment le retour de l’intolérance, par exemple par les appels au rétablissement de fait d’un délit de blasphème. La liberté de conscience s’efface alors au profit de la liberté religieuse.
Plus profondément, l’importance prise par les groupes identitaires, d’ailleurs pas uniquement religieux, marquent la dilution de l’espace public, de l’intérêt général et, de façon plus globale, de l’État. Le néolibéralisme, dans son obsession à supprimer tout ce qui est collectif, émiette la société et valorise les particularismes.

… Du Peuple

La notion de peuple a subi une rupture épistémologique. De souverain plus ou moins accepté, mais néanmoins officiel qu’il était encore il y a un demi-siècle, le peuple est devenu un être incernable, introuvable selon l’ineffable Rosanvallon ou, pire, une incarnation du mal sous les traits du populisme ou du colonialisme. Certes, la définition peut être variable. Les Grecs anciens, par exemple, utilisaient des mots différents en fonction des utilisations du terme : ethnos pour une vision ethnique du peuple, laos pour la populace, demos pour le peuple en tant qu’être politique constitué. Est-il utile de dire que nous nous référons ici au demos, nous inspirant par exemple de l’historien Benedict Anderson qui voit le peuple comme une communauté imaginée, c’est-à-dire qui prend sa valeur politique par la participation consciente de ses membres. Encore faut-il que la question soit posée. Depuis des décennies, les gouvernements successifs ont tout fait pour détourner les citoyens de leur participation au peuple, leur enlevant ainsi cette qualité de citoyens qui crée la communauté politique pour la remplacer par des notions fumeuses telles que « Vivons ensemble nos différences ».

La mondialisation et son segment particulier qu’est l’Union européenne fonctionnent à partir de cette idéologie qu’ils imposent par des moyens tant économiques que juridiques. Les concepts de peuple et de souveraineté n’ont pas de place dans un tel projet. Il n’y a plus de contrat social, tant les gouvernements successifs se sont employés à le détruire, en particulier en s’attaquant aux conquêtes de Conseil national de la Résistance. La démocratie, la République, pourtant censées créer un tel contrat, ne sont alors que des mots creux pour limiter l’expression des citoyens à des consultations sans conséquences sur des sujets annexes. S’agit-il d’ailleurs de citoyens ? Lorsque fut créée, par exemple, la « Convention citoyenne sur le climat », il s’agissait de « gens » tirés au sort, pas de citoyens, car le citoyen n’existe que dans son rapport politique à tous les autres, en tant que membre du peuple souverain.

Les tentatives ont pourtant été nombreuses pour réaffirmer l’existence du peuple en tant que communauté politique et sociale, qu’elles se soient affirmées par les urnes (référendum du 29 mai 2005, croissance de l’abstention) ou par des mouvements populaires tel celui des Gilets Jaunes. Mais la classe politico-médiatique n’en a cure et ne songe qu’à les étouffer ou à les nier de façon assez brutale.

De nos jours, le combat pour la reconstruction du peuple en tant que corps politique et la lutte pour la souveraineté n’ont de sens que s’ils se conjuguent dans l’opposition à cette mondialisation inhumaine.

 

 

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30 mai 2021 7 30 /05 /mai /2021 07:05
Une assemblée constituante au Chili. Pourquoi pas en France ? Que manque-t-il pour que cela arrive ? Que les gens se réveillent, répondrait François Boulo.
Les gens ! Au mieux, depuis Stéphane Hessel, ils sont indignés. Indignés ! Ça ne mange pas de pain, mais ça ne rapporte pas gros.
Exergue.
*

Source : http://www.gaucherepublicaine.org/a-la-une/chili-la-revanche-de-salvador-allende/7424234

 

Le vote pour une assemblée constituante n’est pas une formalité, il n’arrive que rarement dans la vie d’un électeur. Pour les Chiliens, c’était les 15 et 16 mai dernier qu’ils étaient appelés à élire ceux qui rédigeront la nouvelle constitution, celle qui remplacera celle qu’avait élaborée à l’époque l’équipe du dictateur Augusto Pinochet. Les Chiliens votaient simultanément pour les municipales et régionales.

Luis a accepté de faire l’analyse de la période qui a mené à cette élection historique. Qui est Luis ? Un militant chilien. Arrêté pendant la dictature de Pinochet car professeur d’université et militant communiste, frappé, torturé, emprisonné deux ans, il est chassé de son pays. Il vivra 40 ans d’exil. Il ne retrouvera le droit d’obtenir un passeport chilien pour rentrer chez lui qu’en 2015 ! Entre temps, il aura trouvé asile et refuge au Venezuela, en passant par Cuba et le Nicaragua où lui, l’immigré, a continué à réfléchir et à penser le monde.

Il revient pour nous sur l’ensemble de la période et donne son point de vue sur un Chili, qui tente aujourd’hui de se reconstruire et de tourner définitivement l’atroce page de d’une dictature. Signe des temps : le procureur général Fernando Torres, le “préféré” de Pinochet, vient de décéder le 12 mai, quelques jours avant le scrutin pour la constituante.

Lucho :

Vous m’avez demandé de vous parler de ces années noires du Chili jusqu’au moment, attendu depuis des décennies, de voter pour une nouvelle constitution. Car pour avoir une vision concrète, et la plus rationnelle possible, du Chili d’aujourd’hui, il est nécessaire de faire une brève rétrospective de l’histoire politique et sociale du pays au cours du XXe siècle.

Luttes sociales et syndicales au XXe siècle

Le début de ce siècle est marqué par un homme, Luis Emilio Recabarren. Père de la classe ouvrière chilienne, cet homme de gauche va l’organiser. Il va former des militants au niveau politique, social, culturel. En créant des écoles de formation politique et syndicale, des écoles pour l’éducation et la culture, il parvient à éliminer l’analphabétisme dans les zones où il intervient.

À ce moment, les manifestations sont nombreuses au nord du Chili : des milliers de travailleurs suivent Recabarren, malgré la brutale répression des Forces armées chiliennes. Recabarren qui, en fondant le parti socialiste des travailleurs (à l’origine du parti communiste chilien) réussit à envoyer les premiers députés et sénateurs ouvriers dans les assemblées respectives.

Recabarren arrive à cette époque à former une conscience d’organisation et de lutte sociale et politique qui aura transcendé le Chili jusqu’à aujourd’hui.

Gouvernement du Front populaire de Pedro Aguirre
Cerda (années 40-50)

Une grande coalition appelée « Front populaire » arrive alors au pouvoir. Elle se compose de plusieurs partis politiques (parti radical – parti communiste – parti socialiste) et des secteurs de la maçonnerie. Un jeune médecin est nommé ministre de la Santé : il s’appelle Salvador Allende. Pour résumer, on peut dire que le gouvernement de Pedro Aguirre Cerda a impulsé la modernisation et l’industrialisation du Chili, et il a surement donné plus de force encore à la capacité de la classe ouvrière à s’organiser tant au niveau politique que syndical.

Ce gouvernement met au centre des priorités l’éducation publique et gratuite. Des milliers d’écoles voient le jour partout dans le pays, des écoles normales, des instituts pédagogiques, des écoles d’art, des écoles techniques… Le secteur de la santé avec à sa tête Salvador Allende voit la création de dizaines d’hôpitaux et de centre de soins. Le secteur de la construction prévoit l’octroi d’un toit pour les classes moyennes et les ouvriers. Le secteur industriel se construit dans les domaines de l’acier, du charbon, du cuivre. De grandes sociétés de services publics (électricité et transports) voient le jour.

Gouvernement d’unité populaire de Salvador Allende
(1970 -1973)

En 1970, Salvador Allende triomphe à l’élection présidentielle à la tête d’une coalition d’union populaire qui rassemble les partis de centre gauche et quelques secteurs de la maçonnerie ainsi que des catholiques progressistes (parti radical – parti communiste – parti socialiste – le mouvement d’action populaire unitaire (Mapu) – gauche chrétienne). Le programme politique et économique de l’union populaire prévoit le développement d’un pays socialiste et démocratique, tel qu’il a été initié par le gouvernement Aguirre (accent sur la santé, l’éducation, le logement, l’industrie), avec en plus la nationalisation des secteurs du charbon et du cuivre, celle de la banque privée, et une réforme agraire.

Lorsqu’Allende arrive, c’est la guerre froide et les États-Unis ont tout fait pour empêcher cette victoire. Malgré leur échec, les services d’intelligence chiliens ont pris le relais avec un appui total des Etats-Unis qui cherchent par tous les moyens à boycotter le gouvernement Allende et provoquer sa chute. Le problème pour les Américains, c’est que, malgré le boycott, malgré les problèmes politiques, économiques et sociaux qu’il rencontre, Allende remporte tout de même les élections législatives de 1973. Le compte à rebours commence donc pour la mise en place d’un coup d’état militaire.

https://i1.wp.com/www.gaucherepublicaine.org/wp-content/uploads/2021/05/SALVADOR-ALLENDE.jpg?resize=267%2C257

Salvador Allende – DR

Pourquoi ? Parce que l’opposition et ses alliés américains ont bien compris que malgré les problèmes économiques occasionnés par les différents boycotts, la population était consciente, formée et organisée, et cela depuis l’époque du gouvernement Aguirre. Or, à l’intérieur de la coalition de gouvernement, des dissensions voient le jour ; certains accusent Salvador Allende d’être un bourgeois qui ne voudrait pas radicaliser la lutte. L’extrême droite, la démocratie chrétienne et la droite s’emparent de ces dissensions pour tenter affaiblir le gouvernement d’union populaire. Et le 11 septembre, c’est le coup d’État. Entouré d’une vingtaine de proches, Allende succombe dans un palais présidentiel assiégé et bombardé. Gracia Marquez dira de lui : « Il tombe dignement au combat, en défendant fusil à la main l’héritage de la constitution démocratique du Chili ».

Dans son dernier discours, prophétique, Allende avait dit : « Sachez que tôt ou tard, les grandes avenues s’ouvriront pour laisser passer l’homme libre ».

Coup d’État militaire – Dictature Pinochet
(1973 – 1990)

Le 11 septembre 1973, Les forces armées chiliennes, les Carabiniers chiliens appuyés par la droite politique, la démocratie chrétienne, les patrons, les médias, l’église, la CIA, et le gouvernement des Etats-Unis arrivent à renverser le gouvernement de Salvador Allende dans le feu et le sang. Un coup d’État qui commence par l’assassinat et l’arrestation de milliers de Chiliens de tous les âges, de tous les secteurs de la société, et qui a pour objectif d’en terminer avec la gauche chilienne, et de faire disparaître tous ses appuis politiques, sociaux et culturels.

Ce jour fatidique du 11 septembre 1973, Salvador Allende avait prévu une grande manifestation sur le campus de l’université technique de l’Etat (UTE). Il voulait s’adresser au peuple chilien, lors d’un discours relayé en direct par les médias, et l’inviter à un référendum qui déterminerait la poursuite, ou non, de son mandat présidentiel dans cette période de graves dissensions politiques.

Informés de ce projet, la CIA, la droite chilienne et les États-Unis décident alors d’avancer le jour du coup d’État et d’intervenir le 11 septembre. À deux heures du matin, un commando de l’infanterie de marine, armé de fusils M16 et d’explosifs, prennent les installations de la radio de l’Université, coupent les antennes de diffusion. C’est la première action de ce coup d’Etat, qui a été mis en place pour, non seulement faire disparaitre physiquement Allende et les membres de l’union populaire, mais également tous les dirigeants des mouvements étudiants et des syndicats en particulier, avant de s’en prendre au peuple chilien. L’idée est d’en finir pour toujours avec ce Chili de Luis Emilio Recabarren, de Pedro Aguirre Cerda et de Salvador Allende.

Les premières mesures de Pinochet, vous les connaissez certainement : persécutions, disparitions, tortures. Des milliers de chiliens ont disparu à cette époque, principalement des militants et sympathisants des mouvements étudiants, des membres d’organisations sociales proches de la gauche chilienne. La dictature de Pinochet a transformé le Chili en camp de concentration et cela jusqu’au premier gouvernement de la concertation. Il fallait « débarrasser » le Chili de tout élément marxiste révolutionnaire, faire disparaître toute trace du Chili « d’avant » et développer un nouveau modèle.

https://i2.wp.com/www.gaucherepublicaine.org/wp-content/uploads/2021/05/AUGUSTO-PINOCHET-ET-HENRY-KISSINGER.jpg?resize=324%2C246

Augusto Pinochet et Henry Kissinger – DR

C’est là que le sénateur Jaime Guzman, l’idéologue de la dictature, entre en scène. Il va changer la constitution.

Constitution de Pinochet

Pour donner à ce plan fasciste une figure démocratique, il était en effet fondamental de changer en profondeur la constitution. Le sénateur Guzman est aidé dans cette tâche par un groupe de jeunes d’extrême droite, très liés à l’Opus dei, ainsi que par des adeptes de l’école de Chicago, laboratoire du néolibéralisme. Ensemble, ils créent les fondations d’un nouveau Chili sur les bases d’un néolibéralisme économique mais avec à sa tête un dictateur. Guzman a un plan machiavélique : blinder le modèle néolibéral pour qu’il résiste en cas de défaite politique. Il disait : « si un jour nos adversaires venaient à gouverner, ils seraient contraints de suivre un modèle économique très proche du nôtre ».

Guzman inclut donc dans la constitution plusieurs sécurités : le conseil de sécurité nationale, les sénateurs désignés, le système binominal, les quorums qualifiés et le tribunal constitutionnel. Mais aussi le veto de l’Église catholique et des grands pouvoirs économiques.  Concrètement cela doit permettre d’éviter toute altération des préceptes constitutionnels d’un Chili néolibéral.

Certains de ces préceptes ont été éliminées lors des premiers gouvernements de concertation, comme les sénateurs désignés, le système binominal et le pouvoir de l’Église catholique. Mais malgré cela, la constitution de Pinochet a fonctionné et fonctionne encore. Le vote des 15 et 16 mai devrait cependant permettre de mettre un terme à cette histoire.

Le Chili actuel

Le néolibéralisme a conduit le Chili à une « oligarchisation» de la société avec dix grandes familles qui contrôlent les richesses du pays. Cette évolution vers l’oligarchie a créé des inégalités et des déséquilibres gigantesques dans la société chilienne, produits du modèle néolibéral « absolu » depuis la dictature de Pinochet. Toutes les avancées sur l’éducation, la santé, le logement, le travail, la sécurité sociale, le bien-être du peuple qui avaient été mises en place jusqu’à Allende se sont évaporées.

Avec leur pouvoir absolu, les tenants de cette politique néo libérale ont laissé s’installer la corruption, le lobbying, les monopoles dans les médias, la concentration de la richesse entre ces dix familles (dont celle du président en exercice, Sébastian Pinera). Lorsque je parle d’« oligarchie », je parle d’un régime politique dans lequel les riches utilisent leur influence (que leur permet leur richesse) pour servir des intérêts privés contre les intérêts publics. Je sais que « l’oligarchisation » n’est pas l’apanage de sociétés « retardataires », la démocratie libérale, elle aussi se montre impuissante face au pouvoir de la richesse. Le résultat pratique de ces régimes politiques, c’est qu’ils sont toujours favorables au capital.

Au Chili, l’oligarchie est arrivée à pénétrer la classe politique, à tel point que malgré toutes les réformes exigées par les manifestions d’étudiants et des syndicats, qui auraient pu apporter un petit changement au modèle, les oligarques sont toujours arrivés à manœuvrer auprès des organisations politiques, des parlementaires, des fonctionnaires du gouvernement pour que rien ne soit touché. Un seul exemple : le cas de trois réformes importantes du gouvernement socialiste de Michele Bachelet sur le travail, l’éducation et les impôts. Toutes trois ont échoué !

À partir de 2011, des manifestations importantes ont eu lieu, mais il aura fallu encore presqu’une décennie pour qu’en octobre 2019, la jeunesse chilienne se rebelle. Le déclic : l’augmentation du prix du ticket de métro. Depuis lors, et malgré la pandémie, tout est remis en cause. De nombreuses manifestions, violentes, prennent le relais de la rébellion estudiantine. D’autant que la police reprend ses comportements du bon vieux temps de la dictature, tue, éborgne, ou même viole dans ou en dehors des commissariats.

La pression de la rue réussit à imposer le vote pour une nouvelle constituante, que le pouvoir est contraint d’organiser. C’est vraiment le peuple qui exige ce vote face à un pouvoir, des élites, un pouvoir économique et une partie de la classe politique qui n’en veulent vraiment pas.

Un grand nombre de listes et de candidats les plus divers, de toutes les catégories, de tous les couleurs, se sont présentés comme pour défier les partis traditionnels. Certes, les organisations politiques traditionnelles (gauche – droite – centre droit) participent ; mais l’on peut voir également quantité de candidats indépendants, représentant par exemple les féministes ou la « gauche rebelle ».

Nous approchons du chapitre fin : la disparition de la constitution de Pinochet devrait sonner la fin du néolibéralisme au Chili. Un Chili plus égalitaire devrait naître, un Chili plus solidaire, comme celui qui se construisait au début du XXe siècle jusqu’au coup d’Etat contre Allende.

Résultats de la consultation

Les 15 et 16 mai, les Chiliens étaient donc appelés à voter pour l’assemblée constituante, mais aussi pour les municipales et les régionales. Luis a regretté que la participation qui était de 50,90 % en 2019 lorsqu’il a fallu répondre oui ou non à l’organisation d’une constituante, passe à 42,50 % cette année. Mais la pandémie est passée par là.

Tout d’abord, on trouve dans le camp des perdants tous les partis qui ont participé au pouvoir avec ou après Pinochet :

  • Les partis de droite regroupés au sein de l’alliance « Vamos por Chile » obtiennent 37 postes sur les 155 de la prochaine assemblée constituante. Les héritiers de Pinochet, malgré leur unité, leurs finances et les moyens déployés, mais aussi leur enracinement depuis des décennies, n’ont pas obtenu les 30 % nécessaires pour pouvoir peser suffisamment sur les décisions qui seront prises. C’est un séisme pour le néolibéralisme chilien.
  • Arrivent ensuite les partis de la concertation, parti socialiste, parti pour la démocratie, radicaux, démocratie chrétienne. Ce sont les partis qui ont gouverné le pays depuis 1990, en alternance avec la droite depuis le départ de Pinochet. Ils obtiennent 25 sièges pour le compte de leur coalition Apruebo.

https://i1.wp.com/www.gaucherepublicaine.org/wp-content/uploads/2021/05/Iraci-Hassler-nouvelle-maire-de-la-capitale-chilienne.jpg?resize=300%2C300

Iraci Hassler, nouvelle maire de la capitale chilienne

Ensuite les grands vainqueurs du scrutin : tous ceux qui n’ont jamais gouvernés depuis la prise de pouvoir par Pinochet, et qui totalisent 93 sièges. Parmi eux :

  • Les listes de gauche du Frente Amplio (partis de gauche et parti communiste) qui ont présenté un programme clairement antilibéral, et totalisent à eux seuls : 28 sièges.
  • Les indépendants qui l’emportent haut la main et totalisent 65 sièges en trois tendances différentes (Del Pueblo : 24 sièges, Nueva Constitucion : 11 sièges, autres listes : 30 dont 17 pour les communautés indigènes). Ils sont issus de différents milieux, travailleurs sociaux, enseignants, personnels soignants, syndicalistes, ingénieurs… Pendant des années, ils n’avaient aucune visibilité, mais ils se sont organisés et l’ont emporté.

Cette victoire de partis indépendants se réclamant du progrès et de la justice sociale se combine avec une défaite de la droite qui a perdu bon nombre de mairies et de régions (des résultats qui devraient se confirmer lors du second tour le 13 juin). Elle perd notamment la capitale Santiago du Chili, où Iraci Hassler a été élue pour le parti communiste.

Cette jeune femme de 30 ans, membre du parti communiste chilien, incarne bien la nouvelle donne du pays. En effet, parmi les nouveaux élus, 60 % sont des femmes, la plupart jeunes, animées par une envie de militer et de transformer une société trop longtemps bâillonnée.

Cette nouvelle génération va maintenant exiger, au sein de l’assemblée constituante, tout ce que les partis qui se sont succédé au pouvoir lui ont refusé : une éducation gratuite, un système de santé et des transports publics – et non plus privés -, une société plus égalitaire pour en finir avec le dictat de ces dix familles qui se sont enrichies sans jamais cesser cette répression sauvage que l’on a revue jusque dans les manifestations de 2019.

À noter également : le nombre de femmes élues, plus important que celui des hommes. Si bien que pour respecter la parité, onze d’entre elles ont dû laisser leur poste à un homme tandis que cinq hommes laissaient leur siège à une femme. Les 155 membres de l’assemblée constituante seront ainsi 77 femmes et 78 hommes.

Les « grandes avenues pour les hommes libres »  vont s’ouvrir à Santiago et dans tout le pays, comme le voulait Salvador Allende. Une étape nouvelle commence, mais les démocrates ont déjà mis à genoux les héritiers de la dictature !

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29 mai 2021 6 29 /05 /mai /2021 20:54

A ne pas louper

Exergue

 

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00:00:34 : Intro

Première partie : Daniel Bachet présente les enjeux d'une comptabilité anticapitaliste au service d'une dynamique révolutionnaire de transformation sociale, comme projet de société global répondant au projet de la Clef. 00:03:38 – Présentation du collectif Home Cinema par Claire-Emma 00:11:20 – Quelles différences entre le collectif Home cinéma et le groupe SOS ? 00:15:35 – Entreprenariat et innovation sociale, les contradictions de l'économie sociale et solidaire. 00:17:10 – Le travail émancipé est-il possible du côté du capitalisme ? 00:40 :23 – La lutte pour la Clef est-elle une lutte clé pour tou.te.s ? 00:58:11 – changer les banques, mais quid des verrous structurels à une échelle internationale ?

Deuxième partie : Bernard Friot rapporte de combat de la Clef à la question du travail et de sa réappropriation dans le cadre du salariat, en réfléchissant sur le fond de dotation et la notion de propriété. 01:05:30 – L'histoire de l'occupation de la Clef et du fond de dotation par Marine. 01:13:54 – L'organisation du travail dans les lieux occupés. 01:33:48 – Patrimoniale, d'usage, lucrative ou non, privée ou publique : quel modèle de propriété ? 02:07:45 – Retour sur les enjeux du fond de dotation par Marine. 02:09:03 – Une sécurité sociale de la culture pour en finir avec la logique capitaliste de la culture. 02:17:07 – Comment atteindre des niveaux macro-économiques depuis la marge ? 02:17:17 – L'obsession permanente du macro-économique, force du milieu ouvrier. 02:19:08 – Organiser de nouvelles conquêtes macro malgré le délitement des classes populaire. 02:23:14 – L'indépendance dans les métiers artistiques est-elle un enjeu social important ? 02:29:21 – En quoi le combat pour le cinéma la Clef peut servir de modèle général ? 02:42:55 – Question de Derek à propos de la légitimité du bénévolat. 02:59:31 – Le rapport de force entre travail et capital, entre la période d'après-guerre et aujourd'hui.

 

 

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13 avril 2021 2 13 /04 /avril /2021 03:05
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9 avril 2021 5 09 /04 /avril /2021 06:39
Il y a la dérive des continents. Désormais, la dérive des démocraties en régimes autoritaires. Le covid n’y est pour rien.  Seulement l’alibi.
La pente est glissante qui nous éloigne de l’ère du peuple.
On peut inscrire tout ce qu’on veut dans une constitution. Gouvernement du peuple par le peuple, pour le peuple. Le climat. L'eau, peut-être un jour. Je ne sais quoi encore. Seul compte ce qui se passe dans la réalité.
Tout se fait dans le consentement, aujourd’hui synonyme d’abandon au sauveur que nous supposons. A celui-ci nous faisons le don de notre liberté sans barguigner, sans nous demander si nous la retrouverons un jour. Nous faisons le choix de la servitude.
Le collectif n’est désormais que l’agrégat d’individus, et tout le monde a appris qu’un groupe n’est pas une somme d’individus adjacents. Mais cela devient un groupe lorsque pèse le nombre. Que peut alors le récalcitrant ?
Des vaccins il est dit qu’il faut mesurer le bénéfice-risque. Mais des politiques suivies on ne le dit pas. Cela même si le risque de ne pas retrouver la démocratie, la liberté, est patent. On ne revient jamais à l’état initial. Nous perdons un monde, mais pour lequel ?
Le covid nous donne à penser la maladie, mais ne nous donne pas à penser la politique et le monde à venir.
Exergue
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‘Se protéger oui, mais à quel prix?  Le philosophe italien Roberto Esposito est notre invité à l'occasion de la parution de "Immunitas : protection et négation de la vie" (Seuil, 2021), traduction d'un de ses ouvrages paru en 2002, où il se penche sur le lien entre "communauté" et "immunité".

Roberto Esposito est professeur de philosophie auprès de l’ « Istituto italiano di Scienze Umane » à Florence et à Naples. Il est membre du Collège international de philosophie. Parmi ses publications, ont été traduits en français Communitas (PUF, 2000), Catégories de l’impolitique (Seuil, 2005) et le recueil d’articles Communauté, immunité, biopolitique (Amsterdam, 2010).

Là où la communauté va lier les membres autour d'un engagement commun, l'im-munité les sépare. (Roberto Esposito)

Paraissait au mois de mars Immunitas. Protection et négation de la vie (“L’ordre philosophique”, Seuil, 04/03/2021), traduction d'un livre paru en 2002, Immunitas. Protezione e negazione della vita. Le deuxième volet d’une réflexion entamée avec Communitas (PUF, 2000) et qui se penche sur les liens entre l’immunité et la communauté.

L'immunité est construite et élaborée à l'inverse de la communauté. Les deux termes proviennent du "munus" latin : don, devoir; communitas, c'est le versant positif. (Roberto Esposito)

L'immunité, c'est le mot clé de notre époque. L'ère de l'immunologie, ce serait notre époque. (Roberto Esposito)

Selon l'auteur, conséquence de la pandémie de Covid-19, communauté et immunité semblent rencontrer "un point de coïncidence absolu". En outre, reprenant le concept de biopolitique exploré par Michel Foucault, il montre que les domaines du politique et du biologique se sont rejoints au point de structurer la politique d’aujourd’hui. Le lexique immunitaire avait déjà envahi toutes les sphères de la vie avant même cette pandémie, et l'espace public est aujourd'hui grandement régi par un vocabulaire dédié : vaccins, immunité collective, contamination... sont des mots que nous connaissons tous désormais. Désormais, le paradigme immunitaire mène les États à faire de la santé publique un enjeu politique, économique et administratif. Un essai d'une grande actualité, qui montre à quel point la sémantique médicale dicte sa loi à la politique. 

Si les dispositifs immunitaires sont là, c'est parce qu'ils sont nécessaires. Mais tout est question de dosage : au-delà d'une certaine dose, l'immunisation va entraîner une crise de la vie sociale, parce qu'il y a aura des mécanismes de désocialisation. Elle risque aussi d'entraver certaines de nos libertés. (Roberto Esposito)’

 

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4 février 2021 4 04 /02 /février /2021 11:20

Où il est question de rapport de pouvoir.

Exergue

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La femme est un être singulier, la seule à posséder deux organes sexuels séparés, dont le clitoris, dédié au plaisir. Le secret de ce plaisir fut longtemps un impensé en philosophie. Qu’est-ce que le plaisir ? Comment parler du clitoris sans tomber dans un essentialisme du corps féminin ?

"Le clitoris est une pierre minuscule logée en secret dans la grande chaussure de l'imaginaire sexuel.

La jeune Clitoris de la mythologie grecque, connue pour sa taille très fine, était dite mince 'comme un caillou'.

 Longtemps caché, privé de nom, de représentations artistiques, absent des traités de médecine, souvent ignoré des femmes elles-mêmes, le clitoris n'a eu durant des siècles qu'une existence de scrupule, au sens primitif du terme, ce grain qui gêne la marche et taraude l'esprit."

Alors comment passer du scrupule au plaisir ? Comment garder le mystère du plaisir, celui-même qui appelle la pensée ?

           L'invitée du jour

Catherine Malabou, dans Le plaisir effacé : clitoris et pensée, aux éditions Rivages (2020)

Catherine Malabou, philosophe, professeure de philosophie au « Centre for Research in Modern European Philosophy » à l’Université de Kingston au Royaume-Uni

Le plaisir, un impensé philosophique

Le plaisir est un terme qui a été beaucoup employé en philosophie, mais qui a été assimilé très rapidement à la passion au sens classique du terme, très peu à la sexualité, et encore moins à la sexualité féminine. J’ai voulu explorer ce côté secret du plaisir qui n’avait jamais été dit en philosophie. Il faut garder cette image du scrupule, de quelque chose qui nous gêne, pour arriver à le penser.
Catherine Malabou

Parler du clitoris, est-ce essentialiser la femme ?

En parlant du plaisir effacé, j’ai voulu montrer que lorsqu’on mettait fin à un effacement, on en produisait nécessairement un autre. Aujourd’hui il est vrai qu’il y a beaucoup de livres, de représentations du clitoris, il n’est plus ignoré, mais le scrupule demeure, et cela va nous renvoyer à l’histoire du féminisme, parce que la grande question est : comment parler du clitoris sans tomber dans ce que le féminisme dénonce comme un piège : l’essentialisme, le naturalisme, quelque chose qui serait la nature de la femme. Comment en parler sans l’effacer à nouveau ?

Catherine Malabou

 

 

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