Boycotter l’économie israélienne : oui ; dénoncer tous les coupables : oui ; mais, surtout soutenir les groupes qui, de part et d’autre, en Israël comme en Palestine, appellent à la paix.
Pour aussi utile que puisse être le boycott de l’économie israélienne dans les produits commercialisés par Israël, en provenance des terres annexées ou soumises, pour contraindre ce pays à choisir l’option de la paix et qu’enfin le peuple palestinien et israélien vivent libres et tranquilles, la mesure demeure insuffisante. Elle omet l’existence d’un fait non négligeable, incontournable, celui de la présence, tant du côté israélien que du côté palestinien, d’intégristes radicaux (juifs et musulmans) qui n’ont de perspective que de s’anéantir réciproquement au nom de la terre que chacun dit tenir de son Dieu.
Chaque fois que la paix a été à portée, ces radicaux ont fait capoter le projet.
Ces groupes religieux aspirent, tous, sans exception aucune, à l’existence et à la fondation d’un état théocratique, à la mise en œuvre d’une loi unique, celle de leur Dieu respectif. Ils désirent la soumission, sans discussion, des hommes et des femmes de chez eux qui, de fait, ne seront jamais des citoyens ainsi que nous l’entendons en démocratie.
Ne pas relever l’existence de ces groupes, dans le discours que l’on tient sur la nécessité du boycott, c’est faire preuve d’un certain aveuglement, d’une négligence coupable.
Les peuples, tant israélien que palestinien sont, en la circonstance, otages de religieux, intégristes, radicaux, fanatiques. Ils réagissent faute de mieux, l’un comme l’autre, aux attentats, raids,…. en s’alignant sur ceux qui promettent, immédiatement, sécurité et vengeance et qui également sont les promoteurs de ces mêmes attentats et raids.
Les élections, d’un côté comme l’autre, portent, par voie de conséquence, au pouvoir les ultras, ceux dont le programme est la disparition de la partie adverse.
L’effort international, pour être conséquent, devrait proposer la dénonciation et la mise en accusation de ces groupes extrémistes : en Israël les militaires qui squattent le pouvoir avec l’appui des intégristes, en Palestine le Hamas. Ne rien dire de cela, sinon du bout des lèvres, pour des raisons diverses, le plus souvent affectives et passionnées, c’est faire preuve d’un certain irréalisme qui coûte essentiellement aux populations soumises directement aux effets du conflit et guère à ceux qui, à la périphérie plus ou moins lointaine, s’émeuvent au spectacle du conflit et s’accordent quelque consistance à bon compte.
Ainsi au boycott de l’économie israélienne devrait s’ajouter, sans tergiverser, la pression sur les groupes qui ne veulent pas de la paix. Pression sur les groupes en présence sur le terrain israélien et palestinien naturellement, mais encore pression sur les groupes (essentiellement juifs, mais pas seulement) qui, partout dans le monde, apportent leur soutien à ces fouteurs de massacres que l’on peut localiser tant aux Etats-Unis qu’en France ou ailleurs dans le monde.
Mais cela ne suffit pas.
Lutter pour la paix c’est encore apporter soutien aux groupes qui, toujours de part et d’autre, aspirent à vivre en paix. Leur donner de plus en plus d’audience est une nécessité. C’est de cette audience qu’ils grandiront et pèseront sur leur avenir pour lui donner un autre versant que celui actuellement proposé. Car la paix ne se fera que grâce à eux et avec eux ; eux dont les médias se font timidement l’écho.
Il faut donc appeler à la constitution d’un grand Parti de la paix en Israël, un grand Parti de la paix en Palestine, afin que tous 2 soient en capacité de conquérir le pouvoir et de s’imposer. Et, pourquoi pas, à un grand parti de la paix transnational soutenant les uns tout autant que les autres. Un parti de la paix qui dise « Ca suffit ! », « Basta ! ».
Il ne s’agit pas seulement, pour nous, à l’extérieur, de vouloir, comme c’est trop souvent le slogan, la paix en Palestine. Il s’agit de vouloir la paix entre israéliens et palestiniens.
L’existence d’un parti de la paix dans chacun des pays est seul capable d’aider au changement des mentalités dans les 2 camps car il dit dans son programme, l’alternative jamais véritablement proposée. Jusqu’ici il était de temps en temps présenté de faire la paix faute de mieux. La paix désormais doit être l’objectif programmatique.
Il reste que ces partis de la paix, tant en Israël qu’en Palestine, auront fort à faire chez eux, raison pour laquelle nous devons les soutenir, mais c’est peut-être et vraisemblablement de la bataille gagnée dans leur propre pays que le changement adviendra.