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Le 14 octobre dernier, dans le journal L’Indépendant, le préfet, représentant du gouvernement, déclarait qu’à terme subsisteraient 8 intercommunalités dans l’Aude. Le terme est fixé, ainsi qu’en fait état La Douzenoise (n°22) (journal municipal), au 1ier janvier 2017.
Celle de Piémont d’Alaric disparaissant, les communes de Roquecourbe et Saint-Couat rejoindront la communauté de Lézignan, les 9 autres (Badens, Barbaira, Blomac, Capendu, Comigne, Douzens, Floure, Marseillette et Monze) celle de Carcassonne.
Ceci s’est effectué dans le plus grand mépris des citoyens qui n’ont même pas été invités à une réunion d’information ou appelés à se prononcer sur le rattachement de leur commune. On se souvient que lorsqu’il avait été question de la disparition de la poste l’édile de Douzens, combatif lorsqu’il le souhaite, avait su provoquer des réunions et créer un mouvement de citoyens-usagers qui lui avaient valu la faveur méritée de tous, au regard de quoi il faut bien conclure que la disparition de Piémont d’Alaric doit lui convenir (allez savoir pourquoi ?).
‘Le souhait de chaque Président des intercommunalités…est de reporter le processus de fusion à 2021’, lit-on dans La Douzenoise. Bien évidemment, les élections présidentielles de 2017 seront passées, ainsi espère-t-on que la disparition de l’intercommunalité du Piémont d’Alaric ne sera pas venue perturber davantage l’hypothétique réélection du monarque élyséen dont les élus solfériniens locaux sont les serviteurs fidèles et dévoués. Tout se calcule en ce bas monde.
Il est également signalé, dans ce même n° 22 qui n’en est pas à une ânerie près, qu’‘un dossier spécifique sera consacré à l’avenir de la communauté des communes de Piémont d’Alaric’ ; sic. Ce qui revient à déclarer vouloir instruire un dossier sur l’avenir d’un mort.
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Par delà le sort fait à la communauté des communes de Piémont d’Alaric, les administrés et citoyens du département doivent comprendre ce que signifie le regroupement des communes en 8 grandes intercommunalités. Ainsi, à grands traits :
- qu’ils vont devoir se déplacer toujours plus loin pour avoir accès aux services dont ils ont besoin. Là où ils faisaient 3 ou 4 km pour obtenir un renseignement ou un dossier, ou autre chose encore, ils en feront une vingtaine ou plus et perdront la demi-journée. Dans cette manière de concevoir l’économie, le temps perdu et l’argent des citoyens ne sont pas des paramètres comptabilisés et c’est bien dommage.
Il en est donc fini avec les derniers services de proximité, comme il en est fini de la poste du village, de certains hôpitaux, de certaines perceptions,….
Pour l’anecdote on observera que pour tout ce qui concerne le service aux usagers on assiste à un phénomène de concentration et d’éloignement, alors que lorsqu’il est question de consommation les lieux propres à la satisfaire se multiplient et se rapprochent des clients, ainsi un permis de construire a-t-il été autorisé pour un Intermarché à Capendu en zone réputée inondable où quelques années plus tôt avait empêché une extension de la cave coopérative et de vinification.
- qu’ils n’auront plus la possibilité de côtoyer et d’interpeler leurs élus (que le plus souvent ils connaissaient) comme ils en avaient l’habitude à l’occasion d’une rencontre fortuite dans la rue, et qu’ils ne seront pour ceux-ci que de vulgaires quidams, autant dire des pions.
- qu’ils auront des élus préoccupés de gérer ‘en grand’ et non au ‘détail’,
- que la ville sera favorisée, au détriment de la campagne, dans les choix économiques, sociaux,… effectués, ceci du fait que les élus issus de la campagne seront sous-représentés (prime faite aux élus de la ville) et dans de nombreux cas dans la seule position d’émettre un avis, c'est-à-dire n’auront aucun pouvoir décisionnaire, ceci quand ils ne seront pas écartés de l’étude de certains dossiers.
Pour résumer, la politique voulue et entamée par l’ex-UMP en matière territoriale se poursuit sous le règne solférinien. Si, ici et là, il est proclamé de manière incantatoire qu’il faut davantage de démocratie en réalité le pouvoir s’éloigne de plus en plus des citoyens pour être placé entre les mains de féodaux et avec la bénédictions de ces derniers. La loi de décentralisation de 1982 qui devait permettre à la démocratie de s’exercer de manière plus pertinente et active se trouve ainsi dévoyée : le citoyen est appelé à disparaître de la circulation et on aboutit à une concentration des services peu propices à rendre service.
Pour faire avaler la pilule l’argument est tenu que cela permettra de faire des économies d’échelle. Si cela peut s’avérer exact lorsqu’il s’agit d’achats regroupés, cela n’est pas vérifié dans la plupart des autres domaines comme cela a pu être observé partout où des regroupements ont déjà été effectués. De la sorte les coûts augmentent dès lors:
- qu’un service est appelé à intervenir et à se déplacer plus loin,
- qu’il y a nécessité d’embaucher du personnel d’encadrement pour gérer des équipes plus lourdes,
- qu’à partir d’un certain seuil de personnels la loi contraint à de nouvelles obligations nécessairement onéreuses,
- qu’il a nécessité d’harmoniser, nécessairement vers le haut, des services rendus,
- ….
Au final, la concentration intercommunale est plus onéreuse que l’existant ; il suffit pour cela d’interroger des directeurs d’intercommunalités qui vous donneront les explications nécessaires lorsque vous avez leur confiance.
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L’électeur dans tout ça !
Il a son mot à dire, pour le moins au temps de l’élection. Si les Présidents des intercommunalités entendaient voir reportée la mise en place des 8 intercommunalités à 2021 pour les raisons évoquées plus haut, nous pouvons mettre à profit les élections régionales et user du bulletin dans l’urne pour faire savoir à ces barons qu’ils ne peuvent décider impunément de notre sort.