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2 janvier 2017 1 02 /01 /janvier /2017 18:39

Publiée sur le blog de Lucien Pons, cette lettre ouverte (ci-dessous) de J. Bricmont (physicien, essayiste) en date du 30 décembre 2016. Après l’Irak, la Libye, avec la Syrie il semble que la coupe est pleine, que les yeux s’ouvrent, que l’esprit citoyen consent à entrevoir que la propagande n’est pas vérité, etc… C’est une bonne chose ! En serait-il fini avec les menteurs et autres sbires ? Pas sûr ! Mais enfin, il n’y a plus les bons d’un côté, les méchants de l’autre. C’est déjà ça !

Pour ceux qui ont le temps : allez sur le lien qui renvoie à d’autres liens intéressants.

Exergue

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Source : http://lucien-pons.over-blog.com/2016/12/lettre-ouverte-aux-defenseurs-des-droits-de-l-homme-a-propos-d-alep.par-jean-bricmont.html?u

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Des «tartuffes», des «hypocrites», des «salauds»… L’essayiste belge Jean Bricmont ne mâche pas ses mots, en s’indignant des intérêts réels de ceux qui prétendent défendre les droits de l’homme en Syrie.

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Tout d’abord, ceci n’est pas une attaque contre les droits de l’homme, comme idéal à atteindre, et le titre complet de l’article devrait être: «Lettre ouverte à ceux qui invoquent sélectivement les droits de l’homme pour justifier la politique d’ingérence des puissances occidentales dans les affaires intérieures des autres pays.»

En effet, la seule question qui mérite d’être discutée à propos de l’affaire syrienne, ce n’est pas la situation sur le terrain (qui est sans doute compliquée), mais la légitimité de la politique d’ingérence des États-Unis et de leurs «alliés», c’est-à-dire des Européens, de la Turquie et des États du Golfe, dans ce pays.

Depuis des décennies, l’idée de base du droit international, à savoir l’égale souveraineté des États et la non ingérence d’un État dans les affaires intérieures d’un autre a été systématiquement battue en brèche, au point d’être pratiquement oubliée, par les partisans du «droit d’ingérence humanitaire» (voir «Massacres à Alep : lettre à un camarade qui s’obstine à justifier l’injustifiable» de Julien Salingue, qui ne mentionne nulle part le droit international, comme exemple frappant de cet oubli dans la «gauche radicale». Salingue reproche en fait aux Occidentaux de ne pas avoir fourni plus d’armes aux rebelles c’est-à-dire de ne pas avoir violé ce droit plus encore qu’ils ne l’ont fait).

Le principe de non ingérence rend illégal tout ce que font les États-Unis un peu partout dans le monde: pas seulement les invasions «préventives», mais aussi les achats d’élections, les armements de rebelles, ou les sanctions et embargos unilatéraux.

Il faut peut-être rappeler les raisons sur lesquelles se fondent les principes du droit international. Tout d’abord, Il y a la leçon tirée de la Seconde Guerre mondiale. C’est l’usage par l’Allemagne de la politique des minorités en Tchécoslovaquie et en Pologne qui a été à l’origine de la guerre, politique qui a encore été amplifiée lors de l’invasion de l’Union soviétique. Cette politique a eu, à la fin de la guerre, des conséquences catastrophiques pour les minorités qui avaient été utilisées par les Allemands.

C’est en partie pour cela que les vainqueurs, qui ont rédigé la charte de l’ONU, ont voulu «protéger l’humanité du fléau de la guerre» en rendant illégale la politique d’ingérence.

La politique de non ingérence a encore été renforcée par la décolonisation des années 1950 – 1970. La dernière chose que les pays issus de cette décolonisation souhaitaient, c’était que les anciennes puissances coloniales s’ingèrent dans leurs affaires intérieures.

C’est pourquoi le rejet de la politique d’ingérence fait la quasi unanimité des pays du Sud. On lit, par exemple, dans la résolution adoptée lors du sommet des pays non alignés, à Kuala Lumpur en février 2003, peu avant l’invasion de l’Irak, que : «Les chefs d’Etats ou de gouvernement réaffirment l’engagement du mouvement pour renforcer la coopération internationale afin de résoudre les problèmes internationaux ayant un caractère humanitaire en respectant pleinement la charte des Nations unies et, à cet égard, ils réitèrent le rejet par le mouvement des pays non-alignés du soi-disant «droit» d’intervention humanitaire qui n’a aucune base dans la charte des Nations unies ou dans le droit international.»

Par ailleurs, l’ingérence ne peut évidemment se faire que des pays forts à l’égard des pays faibles ; c’est donc une légitimation de la force brute.

Cependant, tous les États forts ne sont pas égaux entre eux. Imaginons un instant que la politique d’ingérence soit admise comme nouveau principe du droit international. Que se passerait-il si la Russie entendait renverser le gouvernement saoudien à cause des «violations des droits de l’homme» dans ce pays? Ou si la Chine décidait d’envoyer des troupes en Israël pour y «protéger les Palestiniens»? On aboutirait rapidement à une guerre mondiale.

Pour comprendre le caractère «inacceptable» de la politique d’ingérence quand il est appliqué à des pays puissants, il suffit de penser aux cris d’orfraie que pousse l’establishment américain suite au soi-disant piratage par les Russes de certains emails rendus publics par Wikileaks. Notons au passage que la réalité de ce piratage reste à prouver et que, même s’il l’était, l’authenticité des emails n’est pas contestée, ce qui signifie que ce piratage aurait simplement permis d’informer le public américain de certaines manœuvres de leurs dirigeants, ce qui est une peccadille comparé aux interventions américaines en Amérique latine, au Moyen-Orient ou en Indochine.

Les conséquences de la politique d’ingérence sont multiples et catastrophiques. Il y a évidemment les millions de morts dus aux guerres américaines (l’étude suivante arrive à un total de 1,3 million de victimes, rien que pour la «guerre à la terreur»). Mais il ne faut pas s’imaginer que les pays victimes d’ingérence ne vont pas réagir, ne vont pas établir les alliances, et ne vont pas tenter de se défendre en se durcissant sur le plan interne. Quand les États-Unis sont attaqués le 11 septembre 2001, ils prennent des mesures de sécurité et de surveillance sans précédent et surtout, ils se lancent dans l’invasion de deux pays. Comment imaginer que la Syrie, l’Iran, Cuba, la Russie ou la Chine ne vont pas prendre des mesures répressives pour se protéger de la subversion? On entre ainsi dans une logique de guerre sans fin. En effet, après être intervenu en Ukraine et en Syrie, les Occidentaux entrent en conflit avec la Russie et la Chine à cause des mesures que ces pays prennent face à ces interventions. Loin d’être une source de paix, le Conseil de sécurité de l’ONU devient, à cause de la politique d’ingérence, le lieu de toutes les acrimonies.

Dans le cas de la Syrie, si, comme il le semble, l’insurrection finit par être vaincue, on ne pourra que constater que la politique d’ingérence, à travers l’armement des rebelles, n’a fait que prolonger les souffrances de la population de ce malheureux pays. Les «défenseurs des droits de l’homme» qui ont appuyé cette politique d’ingérence, portent une lourde responsabilité dans cette tragédie.

Bien que les droits de l’homme soient une idée libérale et que le libéralisme s’oppose en principe au fanatisme, les «défenseurs des droits de l’homme» actuels sombrent souvent dans le fanatisme: on nous met en garde contre une influence russe en Europe parfaitement imaginaire (comparons un instant l’influence commerciale, culturelle, intellectuelle, diplomatique des États-Unis et de la Russie en Europe) et on nous incite à ne pas consulter les «médias du Kremlin». Dans toute guerre, et le soutien aux insurgés en Syrie est une guerre, la première victime est la vérité. N’importe quel esprit vraiment libéral irait consulter la «propagande» de l’autre camp, sans nécessairement la croire sur parole, mais afin de contre-balancer celle à laquelle il est constamment soumis.

Sans même écouter la «propagande russe», qui va s’intéresser à l’étude: «Possible Implications of Faulty US Technical Intelligence in the Damascus Nerve Agent Attack of August 21, 2013» ? Cette étude, réalisée par un ancien inspecteur de l’ONU, Richard Lloyd et un Professeur de Science, Technologie et Sécurité nationale du MIT, Theodore A. Postol, montre que l’attaque au gaz près de Damas en août 2013, qui a failli provoquer une attaque en règle contre la Syrie, ne pouvait pas être le fait du gouvernement syrien. On imagine mal des personnes aussi importantes mentir délibérément pour «soutenir Assad» ou être incompétentes sur des questions de physique relativement élémentaires.

Les «défenseurs des droits de l’homme» se demandent aussi si, après Alep, il est encore possible de discuter avec Poutine. Mais la guerre à la terreur, y compris l’invasion de l’Irak, n’a jamais empêché personne de discuter avec les Américains, malgré les centaines de milliers de morts que cette guerre a provoquées. Au contraire, après 2003, la France s’est d’avantage intégrée dans l’OTAN et a suivi les États-Unis plus fidèlement que jamais.

De plus, les «défenseurs des droits de l’homme» européens sont dans une situation particulièrement absurde: en effet, si l’on prend, par exemple, l’affaire de l’usage des gaz en 2013, attribué au gouvernement syrien, il y avait un large accord en France pour intervenir. Mais en l’absence d’une intervention américaine, une intervention purement française s’est avérée impossible. Les «défenseurs des droits de l’homme» européens en sont réduit à implorer les Américains: «Faites la guerre, pas l’amour !» Mais comme ceux-ci souffrent de «war fatigue» et ont élu un président en principe opposé aux interventions, il ne reste plus aux «défenseurs des droits de l’homme» européens que de faire accepter par leurs peuples des dépenses militaires gigantesques pour créer un rapport de force qui rende crédible la politique d’ingérence. Bonne chance !

Finalement, parmi les défenseurs des droits de l’homme, il faut distinguer entre les bonnes âmes et les belles âmes.

Les bonnes âmes mettent en garde leur «amis» contre l’idée de «soutenir» le boucher, le criminel, l’assassin de son peuple, Bachar el Assad. Mais c’est ne rien comprendre à la position anti-ingérence.

Des Etats peuvent soutenir d’autres Etats en leur donnant des armes et de l’argent. Mais de simples individus, ou des mouvements sociaux, comme un mouvement de la paix, ne le peuvent pas. Cela n’a, par conséquent, aucun sens de dire que, lorsque des individus s’expriment, quand ils le peuvent dans notre société, c’est-à-dire de façon marginale, pour critiquer la politique d’ingérence, ils «soutiennent» telle personne ou tel régime, à moins de considérer que tous ceux qui ne souhaitent pas que la Russie intervienne en Arabie saoudite ou la Chine en Palestine «soutiennent» le régime saoudien ou la colonisation israélienne.

Les anti-impérialistes soutiennent une autre politique étrangère pour leurs pays, ce qui est très différent.

Dans toutes les guerres, il y a une propagande massive en faveur de celles-ci. Comme les guerres ou les ingérences actuelles sont justifiées au nom des droits de l’homme, il est évident que la propagande va se concentrer sur la dénonciation des «violations des droits de l’homme» dans les pays ciblés par l’interventionnisme.

Par conséquent, tous ceux qui s’opposent à cette politique d’ingérence se doivent de fournir toutes les informations qui permettent de contrer cette propagande, comme par exemple l’étude sur l’usage des gaz en 2013 mentionnée plus haut, ou les témoignages discordants concernant le situation à Alep aujourd’hui. Il est remarquable de voir Julien Salingue, co-animateur du site de critique des médias Acrimed, répéter le récit dominant sur la Syrie, sans aucune distance critique. Mais si les médias mentent et déforment en ce qui concerne la France, pourquoi ne le feraient-ils pas encore bien plus lorsqu’il s’agit de pays étrangers, comme la Syrie et la Russie, où les choses sont plus difficiles à vérifier ? De nouveau, sans faire appel aux sources russes, Salingue pourrait lire, par exemple, l’avis de l’ancien ambassadeur de Grande-Bretagne en Syrie, qui contredit le récit médiatique dominant sur Alep.

Cette critique de la propagande ne signifie nullement un «soutien» à un régime ou l’autre, au sens où ce régime serait dans l’absolu souhaitable dans un monde libéré de la politique d’ingérence.

Les bonnes âmes veulent «sauver Alep», «ont honte de l’inaction de la communauté internationale» et veulent «faire quelque chose». Mais faire quoi? La seule suggestion pratique qui est avancée serait d’établir en Syrie une «no fly zone» qui empêcherait l’aviation russe d’aider l’armée syrienne. Mais cela serait une violation de plus du droit international, la Russie étant invitée en Syrie par le gouvernement légal et internationalement reconnu de ce pays pour l’aider dans le combat contre le terrorisme. La situation de la Russie en Syrie n’est pas, juridiquement parlant, différente de celle de la France lorsqu’elle a été invitée au Mali pour y combattre les islamistes (qui se trouvaient là suite à la guerre en Libye, mais passons). De plus, intervenir militairement en Syrie impliquerait soit une guerre avec la Russie, soit que ce pays accepte d’être vaincu sans combattre. Qui veut parier sur cette deuxième possibilité?

Pour illustrer l’hypocrisie des bonnes âmes, comparons la situation en Syrie et au Yémen. Dans ce dernier pays, l’Arabie Saoudite commet de nombreux massacres, en violation claire du droit international. Si vous vous indignez parce qu’on ne fait rien en Syrie, pourquoi vous-même ne faites-vous rien pour le Yémen? De plus, il y a une grande différence entre ces deux situations. Dans le cas de la Syrie, intervenir militairement risquerait d’entraîner une guerre avec la Russie. Dans le cas du Yemen, il suffirait sans doute, pour faire pression sur l’Arabie Saoudite, de suspendre les livraisons d’armes occidentales à ce pays. Bien sûr, vous êtes parfaitement conscient du fait que vous êtes incapables d’arrêter les livraisons d’armes à l’Arabie Saoudite. Mais alors, à quoi rime votre indignation concernant la Syrie ?

Les belles âmes, par contre, sont contre toutes les guerres, toutes les violences. Elles condamnent : Assad et Poutine, bien sûr, mais aussi Obama, l’Union européenne, l’OTAN, tout le monde. Elles dénoncent, elles allument des bougies et éteignent des lumières. Elles témoignent, parce que se taire serait «être complice».

Elles ne se rendent pas compte que, sur le terrain, en Syrie, personne, ni gouvernement ni rebelles, ne savent qu’elles existent et, s’ils étaient au courant de leur existence, ils se moqueraient complètement de leurs indignations, condamnations, et éclairages de bougies. Pour paraphraser ce que disait Staline à propos du Vatican, les «défenseurs des droits de l’homme», combien de divisions?

Ceci ne veut pas dire que les bonnes âmes et les belles âmes n’ont aucun effet. Elles en ont un, mais ici : empêcher toute politique étrangère alternative, qui serait fondée sur la diplomatie et le respect de la charte des Nations unies. Seule une telle politique pourrait favoriser la paix dans le monde, l’équilibre et d’égalité entre les nations et, en fin de compte, faire aussi réellement avancer la cause des droits d’homme. Mais la diabolisation par les «défenseurs des droits de l’homme» d’Assad et de Poutine, ainsi que de tous ceux qui voudraient ne fut-ce que parler avec eux, rend une telle alternative impossible.

Pour les «défenseurs des droits de l’homme», le réalisme politique et les conséquences de leurs actions n’ont aucune importance ; l’important c’est de montrer que l’on fait partie du «camp du bien». Vous vous imaginez être libres, tout en suivant fidèlement les injonctions des médias dominants qui vous indiquent, à chaque moment, la crise qui requiert votre indignation.

Si j’avais la moindre illusion sur la lucidité que vous pouvez avoir à propos des conséquences de vos actions, je dirais que votre politique est criminelle, à cause des conséquences tragiques qu’elle a pour l’Europe et le monde ; mais comme je n’en ai aucune, je me limiterai à vous traiter de tartuffes, ou pour utiliser l’expression de Sartre, de «salauds».

Jean Bricmont | 29 déc. 2016

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20 décembre 2016 2 20 /12 /décembre /2016 09:03

Après l’Irak, la Libye, on pouvait penser que les populations de chez nous, les occidentaux, étaient vaccinées contre la propagande. Il faut bien admettre que non. Naïveté ? Crétinisme ? Autisme? Allez savoir !

Et voilà maintenant qu’on découvre que le discours de nos gouvernants, qu’ont relayé les chiens de garde, s’avère un gros mensonge, un mensonge fait en toute conscience, un mensonge fait pour nous abuser et protéger des intérêts.

En tirerons-nous enfin leçon ? Ira-ton jusqu’à reconnaître que nous étions prévenus qu’il ne fallait pas se ranger d’un côté contre l’autre, que l’affaire ne relevait pas du simplisme, que le manichéisme - ici les bons, là les méchants - ne pouvait tenir lieu de manière de penser ? Je crains, là aussi, que non.

Tenez ! Pour votre information, ces deux liens, même si je suis sûr que vous avez déjà retourné la vareuse.

Exergue

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- http://www.bvoltaire.fr/florisdebonneville/jamais-la-desinformation-navait-atteint-un-tel-sommet,300189

 

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19 décembre 2016 1 19 /12 /décembre /2016 09:59

Exergue vous invite à cet exercice qui consiste à chercher sur Internet en tapant juste ces quelques mots, pas plus : ‘Les médias et Alep’. Ceci histoire d’élargir l’entendement qui doit consister, si en veut former son ‘opinion’ au mieux, à se soustraire à la propagande médiatique des ‘Chiens de garde’ qui n’a rien à envier aux pratiques, dénoncées jadis, de la ‘Pravda’ (rappelons que Pravda signifie : Vérité) ou à celle de la Corée du nord dont on sourit tant le format date.

Exergue s’y est essayé ce qui le conduit à vous proposer le lien ci-dessous. Plus particulièrement, vous êtes invité à écouter dans le premier lien ce que dit Christian Haburlot, directeur de l’Ecole de guerre économique (EGE), propos qui devraient amener à plus de modération, à moins d’emballement dans les prises de position, éventuellement à comprendre que nous avons intérêt à faire de la Russie un pays interlocuteur plutôt qu’un pays ennemi. Ceci permet de voir également que l’alignement de la France sur l’Otan (les USA), en abandonnant la politique d’indépendance mise en place par de Gaulle, nous contraint à la cécité.   

 

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18 décembre 2016 7 18 /12 /décembre /2016 07:15

Assis, le clavier de l’ordi devant moi, je ne sais trop quoi écrire sur ce qui se passe à Alep. D’évidence, je n’y suis pas, pas plus que vous. Je suis troublé. Il y a longtemps que je me méfie des informations orchestrées et consensuelles vendues de ce côté-ci, comme je méfierais des informations orchestrées et consensuelles vendues ailleurs si j’habitais de ce côté-là. Souvenons-nous des mensonges des états amplement relayés par les médias à propos de l’Irak, puis de la Libye. Soyons prudents lorsqu’il s’agit de former notre opinion, cette chose incertaine qui faisait dire à Octavio Paz que les opinions ne sont pas la vérité. Je ne remets pas en cause les massacres de populations ; dans tous les cas ce sont toujours elles qui trinquent. Alors que faire pour, disons, avoir une opinion plus ‘juste’, plus appropriée ? S’informer, toujours s’informer plus, croiser les informations, s’attacher à savoir qui les écrit, qui les balance, dans quels buts. Face à l’unanimisme de l’information de ces jours derniers, je vous propose ces deux liens ci-dessous. Les gentils d’un côté, les méchants de l’autre, je n’y crois pas. Par contre, répétons-le, ce sont les populations qui trinquent du fait des gentils-méchants. Notre camp, il doit en être un, ce sont les populations, elles seules. Le reste c’est une histoire d’intérêt.

Exergue

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14 décembre 2016 3 14 /12 /décembre /2016 10:37

On va faire simple pour raconter les ressorts éternels de la politique avant qu’elle devienne l’Histoire.

1979, les soviétiques entrent en Afghanistan dont le sous-sol regorge de pétrole, ils en partent en 1989, les américains qui avaient ‘aidé’ à la libération du pays s’installent pour contribuer à son développement. Mon œil !

Plus tard, les USA (et apparentés) font 2 guerres en Irak, gros pays producteur de pétrole, à cet autre motif : importer la démocratie. Mon œil !

Plus près de nous dans le temps, la Libye de Kadhafi, autre grand pays producteur de pétrole, est attaquée à la raison qu’il faut délivrer les libyens de leur tyran. Mon œil !

Aujourd’hui, c’est au tour de la Syrie de faire les frais de l’interventionnisme à ce mobile que la dynastie el Assad ça commence à bien faire, sans évoquer qu’il y a pétrole sous roche. Alors pour rafraichir la mémoire sur l’affaire syrienne ce lien intitulé : ‘L’énergie au cœur du conflit’ (1).  

Résultat des courses. En Afghanistan : la merde. En Irak : la merde. En Libye : la merde. En Syrie : la merde.

Qui est toujours dans la merde ? Les populations après avoir détruit des états, des économies et fait surgir des terroristes.

Qui a toujours foutu la merde ? Les USA et apparentés, l’URSS-Russie (permanence des politiques) et apparentés. En observant que les apparentés sont parfois ici parfois là, selon l’intérêt du moment.

Les motifs évoqués : libération d’un pays, installation de la démocratie, se débarrasser de dictateurs, lutter contre les terroristes, mais jamais, jamais, on ne dira ce qu’il y a sous le tapis : l’énergie, les matières premières, pensez donc il faut un noble motif pour que les peuples avalent la pilule.

Ces jours derniers, à propos d’Alep, on tape sur el Assad et Poutine. On n’a pas tort vu le massacre des populations. Mais pour quelle raison ne condamnent-on pas les autres pays par qui est aussi arrivé le scandale et qui, soit dit en passant, ne sont pas vierges de massacres perpétrés antérieurement ? Pourquoi ?

Pourquoi, puisque nous sommes si généreux, pourquoi parque-t-on les syriens qui fuient leur pays en Turquie et en Grèce au lieu de les accueillir ? Pourquoi ?

On sait depuis Vespasien – l’empereur romain qui a taxé les pissotières - que l’argent n’a pas d’odeur. Chirac, en son temps, alors que la Russie faisait la guerre en Tchétchénie, répondait à ses détracteurs qui lui reprochaient de ne pas condamner Poutine : l’économie n’a pas d’odeur ; il avait au moins le mérite de reconnaître les ressorts des comportements politiques, économiques et guerriers.

Alors ! c’est le massacre des populations. Tout le monde s’insurge, répétons-le, avec juste raison. C’est dégueulasse. Mais cette observation, si cela est permis : depuis combien de temps dure le massacre des populations palestiniennes sans que ça n’émeuve pas davantage…. parce qu’il n’y a pas de pétrole.

L’odeur de la mort à Alep n’est autre que l’odeur du pétrole. Et si nous devons condamner les uns, parce que nous le devons, ce n’est pas en oubliant les autres.

Et puis, élargissant le débat -on peut le faire-, voulez-vous qu’on parle du sort réservé à la population grecque réduite à crever, crever pour satisfaire la politique de l’Europe libérale, le FMI, la banque mondiale, les capitalistes, les actionnaires ? Non ? ça ne vous intéresse pas ça ?

De grâce ! Otez-vous les œillères ! Les merdes ne sont pas à sélectionner.

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  1. SYRIE : L'énergie au cœur du conflit - France 2 https://www.youtube.com/watch?v=C4XB8qpB8vo
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15 novembre 2016 2 15 /11 /novembre /2016 19:26

Source : http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/le-pcf-poursuit-dans-la-voie-de-sa-marginalisation-progressive/7399499

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Bernard Tepper : Co-animateur du Réseau Éducation Populaire (REP). Co-auteur de : Néolibéralisme et crise de la dette ; Contre les prédateurs de la santé ; Retraites, l'alternative cachée ; Laïcité: plus de liberté pour tous ; Penser la République sociale pour le 21e siècle ; Pour en finir avec le "trou de la Sécu", repenser la protection sociale du 21e siècle.

 

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Les cadres du Parti communiste ont choisi le 5 novembre dernier à une courte majorité une voie étroite qui privilégie de choisir un candidat communiste à l’élection présidentielle de 2017, candidat qui pourrait se retirer à la fin du mois de janvier 2017 dans le cas où Montebourg serait le vainqueur de la primaire socialiste.  Cette stratégie alambiquée du PCF, qui doit encore être soumis aux adhérents du PCF dans trois semaines, est le fruit d’un accord tactique contre-nature entre les courants identitaires du PCF et la fraction dirigeante de l’Association nationale des élus communistes et républicains (ANECR). Les deux courants identitaires du PCF voient dans cette tactique le moyen de donner une chance à leur croyance que la transformation sociale et politique ne peut se faire que par une croissance endogène de leur parti. La fraction dirigeante de l’ANECR voit dans cette tactique le moyen de « sauver » les municipalités communistes actuelles en 2020 par un accord avec les néolibéraux du parti solférinien. Curieux attelage  dans la mesure où ces deux contractants sont en désaccord profond sur la ligne politique à conduire. Ajoutons à ce constat que le secrétaire national, Pierre Laurent, pris à contre-pied dans cette controverse, a de plus en plus de mal de tenir son rôle d’équilibriste.

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D’autres contradictions minent l’actuel PCF

Si on ajoute à ce premier jeu de contradictions que le PCF est traversé également par d’autres contradictions qui vont devenir antagoniques en son sein, son avenir est sombre.

Il s’agit d’abord de la contradiction entre ceux qui restent les héritiers de Jean Jaurès, premier directeur du journal L’Humanité, qui aujourd’hui prônent la liaison des combats démocratiques, laïques, sociaux, écologiques et féministes et une coalition regroupant  les adeptes du communautarisme de type « Indigènes de la république » et des partisans de l’achat de la paix sociale en s’alliant avec le communautarisme de l’islamisme politique.

L’autre contradiction procède d’une vue majoritaire dans le PCF que le changement des traités européens peut s’effectuer au sein de l’actuelle Union européenne (UE) et de l’actuelle zone euro sans tirer aucune leçon des conséquences de la signature du troisième mémorandum en juillet 2015 alors que se développe en son sein la thèse contraire, à savoir que la construction concrète de cette UE et de cette zone euro a été effectuée justement pour interdire définitivement toute politique progressiste dans l’UE et dans la zone euro.

Tout cela renvoie aussi au fait que la majorité des communistes dans tous les différents courants protagonistes internes aujourd’hui ne s’appuie plus sur le matérialisme dialectique et historique et pas plus sur le projet de République sociale chère au premier directeur du journal L’Humanité et encore moins sur la nécessité d’œuvrer pour une nouvelle hégémonie culturelle. Ainsi, ils emploient à leur place les bases théoriques de leurs adversaires.

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Les conséquences de la dictature de la tactique employée pour la survie du PCF

Cerise sur le gâteau de la décomposition, chacun de  ces quatre  ensembles de contradictions clivent le PCF de façon différente ce qui empêche toute mise en cohérence de ce parti dans un futur immédiat par des alliances tactiques changeantes et improbables.

Les conséquences sont multiples. Le PCF est vieillissant. Son appareil est animé de plus en plus par les cadres de la fonction publique territoriale présente dans les actuelles municipalités communistes. Les ouvriers et les employés (majoritaires dans le pays) n’existent plus dans le PCF hormis chez les retraités. La culture de l’entre-soi y devient prédominante.

Bien sûr, cela va rendre plus difficile la recherche de signatures pour Jean-Luc Mélenchon, recherche  indispensable pour sa présentation à l’élection présidentielle alors qu’il reste le seul candidat de gauche à pouvoir être au premier tour devant le parti gouvernemental solférinien néolibéral avec un score à deux chiffres. On mesure là l’injustice de ne pas avoir de parrainages de citoyens dans la loi et la responsabilité que prendraient ceux qui, à gauche, porteraient la décision d’empêcher l’expression du suffrage pour l’un des candidats les plus populaires à gauche.

Mais comme « on ne peut pas faire bouillir les marmites du futur » (Engels), l’histoire reste à écrire et sera tributaire des actions qui seront entreprises ici et là et de la logique des différentes lois tendancielles de la formation sociale capitaliste dans laquelle nous sommes. Pour notre part, nous continuerons à creuser le sillon du soutien aux luttes sociales et populaires, d’une éducation populaire refondée pour pouvoir s’engager in fine dans un processus de transformation sociale et politique.

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Hasta la victoria siempre !

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7 novembre 2016 1 07 /11 /novembre /2016 18:31

Le FN est un produit du système politique qu’est la 5ième république qui, en en réduisant les options, en installant l’alternance gouvernementale entre les grandes minorités, a tué toute vie politique.  Une alternance gouvernementale qui ne se distingue pas sur le fond (consensus) mais sur les valeurs.

 Jusqu’en 1981, le PCF, parti hors système (entre politique et défense du monde ouvrier- employé- cadre-…), représentait une force à laquelle se raccrocher. Son entrée au gouvernement a créé un vide dans lequel a pris place le FN. On est passé ainsi de la dissidence ouvrière à la dissidence populaire.

Tout ce qu’on a prétendu faire (discours politiques, rôle des médias,…) contre le FN pour le combattre a été en fait le moyen d’aider à la diffusion de ses idées, de ses thèses, en le diabolisant on ne faisait que faire ressortir la beauté du diable.

Le FN s’est développé lorsque les zones industrielles de prospérité se sont décomposées (Badiou) mais pas seulement (Rancière).

Pour Badiou comme pour Rancière le peuple n’existe pas, c’est une espèce de structure politique constituée par les circonstances.

Quant aux ‘immigrés’ c’est une catégorie inconsistante à qui le FN a donné une consistance.

Etc…

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https://www.youtube.com/watch?v=v3SOveB6Q-g

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31 octobre 2016 1 31 /10 /octobre /2016 08:45

Il y a une certaine absurdité de la part du journaliste de demander à Ken Loach si ce qu’il dit et montre dans son film correspond à la réalité, comme si le cinéaste avait l’habitude d’‘esthétiser’ la misère, de raconter des craques.

Une autre absurdité (incongruité ? duplicité ?) de la part du journaliste est de faire comme si cette situation concernait uniquement la Grande-Bretagne et son gouvernement et non point un système, l’ultralibéralisme qui sévit également en France à tous les étages.

Une politique ‘consciente de sa cruauté’, organisant ‘l’humiliation’, nous le savons, et ceux qui auront lu le livre ‘Le monde libre’ de Aude Lancelin auront eu l’exposé de la procédure appliquée à ceux qui se refusent, dans le journalisme, à être des chiens de garde.

Au passage, on aura remarqué, dans l’interview, la malice qui consiste à opposer à Corbyn les représentants du Parti travailliste en omettant d’observer que le leader de ce parti peut se prévaloir d’une masse de militants qui lui sont acquis, ce qui renvoie à ces questions : d’où vient la souveraineté ? qu’est-ce que la démocratie ?

Exergue

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Vidéo de l’interview de Ken Loach :

 http://www.lesinrocks.com/inrocks.tv/selon-ken-loach-gouvernement-anglais-encourage-suicide-chez-chomeurs/

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21 octobre 2016 5 21 /10 /octobre /2016 10:35

 Cette intervention du ministre-président de la Wallonie, Paul Magnette, est intéressante à divers titres. C’est une belle leçon.

Parce qu’elle montre qu’il est possible de faire de la politique autrement qu’en vociférant (trait caractéristique de la plupart des politiciens français qui se comportent comme des clowns).

Parce qu’elle montre qu’on peut avoir le souci de la démocratie, de la transparence, de la qualité des arguments, de tenir ferme sur des positions de principe au lieu de se compromettre.

Elle est donc vivement conseillée à cet instant où on cherche vainement ce que signifie encore la démocratie, où les politiciens représentants, qu’ils soient parlementaires, ministres, président de la République,  ne font plus leur travail, ne sont plus des citoyens.

Exergue

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https://www.youtube.com/watch?v=B5GhqxWeqzQ

 

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15 octobre 2016 6 15 /10 /octobre /2016 12:06

Dans ma  famille, côté père, côté mère, quoique du côté mère le quartier de noblesse est plus frais, l’émigration est de longue tradition.

L’émigré est celui part, l’immigré celui qui arrive. Pour arriver, il faut bien partir, et pour partir il faut bien avoir motif.

Ma mère, au nom bien français, venue de la haute Ariège comme beaucoup d’autres alors, est arrivée dans l’Aude pour vendanger et gagner l’argent qui faisait défaut là haut ; elle y rencontra mon père.

Mon père a le blason plus fourni. Né en France de parents espagnols, il aurait naturellement porté un blaze approprié si le zélé secrétaire de mairie n’avait pas transformé le ‘s’ entre deux voyelles par 2 z (quand on aime on ne compte pas) pour satisfaire à l’orthographe d’usage. C’est ainsi qu’il devint d’apparence italien sans l’être et m’a transmis cette incongruité fort peu gênante à la vérité car provenir d’un ailleurs où d’un autre c’est toujours provenir. A 21 ans, ce français de sol, et de la 2ième génération, opta pour la France. Il fut mobilisé au début de la 2ième guerre à Montpellier, démobilisé 3 jours plus tard à l’initiative du Maréchal qui, lui, opta pour l’Allemagne nazie et occupante.

Son père, mon grand-père, est arrivé d’Espagne vers 1875, pas moins de 500 km à pied, un bâton sur l’épaule au bout duquel était noué un tissu contenant ses affaires. Quelques années plus tard, ayant trouvé ses marques, il repartait à pied, pour revenir toujours à pied en compagnie de sa femme, ma grand-mère. A la même époque partirent d’autres parents qui s’établirent (le mot m’amuse) à Barcelone, Perpignan, Narbonne, Montpellier, zone littorale, tandis que d’autres gagnèrent Bordeaux et même Cuba. Seul, mon grand-père s’enfonça à l’intérieur des terres pour se poser dans la capitale des Corbières, plus tard dans un village circonvoisin.

Autour de mes 30 ans, j’ai été voir le ‘berceau’ de ma famille espagnole. A quelques kilomètres de Graus, d’une route asphaltée partait une piste de 9 km qui grimpait dans la montagne aride. Au terminus, la Puebla de Fantova. Quelques maisons inhabitées, la plupart en ruines, un château et une église également en ruines. Un berger, avec ses chèvres, profitait des locaux vacants. J’ai compris, s’il était besoin.

Mes grands parents paternels n’étaient pas partis sans raison, comme ma mère n’était pas venue vendanger sans avoir la sienne de même nature.

De la 3ième génération, comme on dit, j’ai émigré également. Emigration plus douce.

Mes études secondaires terminées, l’argent faisant défaut pour les poursuivre, le 20 septembre 1965, j’ai quitté mon village où la langue française frayait sans frémir avec l’occitan et l’espagnol ; il faut dire que les Gomez, Sanchez, Lopez et autres noms du genre sont plus nombreux qu’on le pense en ce pays, mais on y est habitué. Au plus loin, l’excursion m’avait conduit à Toulouse, et me voici à prendre le train de nuit pour franchir à mon tour la Loire - ligne de démarcation - et arriver à l’aube à Paris, puis au Chesnay. Le soir même, par l’entremise d’un plus ancien émigré, venu de Mont de Marsan, j’avais chambre chez l’habitant plutôt que pont où aller dormir. Un mois n’était pas passé que je fus convoqué par le maître des lieux pour venir l’écouter. « D’où êtes-vous ? », me demanda-t-il ? « De l’Aude », lui répondis-je. Et le voilà à ouvrir un grand livre, posé sur la table de la cuisine, dans lequel il chercha l’article consacré à l’Aude pour m’en faire lecture. Et me voici d’un coup devenu Wisigoth en mélange à quelques autres peuples qu’il me cita et dont je n’ai pas gardé la mémoire, et qu’il m’était signifié que j’étais un sauvage tandis qu’au silence de mon crâne montait la rage qui se formulait ainsi : « Pauvre con, c’est le sauvage qui vient enseigner le français et la France à ta descendance ». Il me parla aussi, fièrement, de la dernière décapitation en place publique à laquelle il avait assisté à Versailles. Lorsqu’il partait avec son épouse, à quelques encablures, visiter quelques jours ses enfants, le chauffage du pavillon était arrêté et je me caillais les cakes. Fort heureusement, il était en région parisienne pays et payses, arrivant de l’est, du sud, de l’ouest, fort peu du nord, quelques auvergnats et auvergnates, bretons et bretonnes, charentais et charentaises, auprès de qui se réchauffer le cœur et le corps, émigrés comme moi de l’intérieur, et qui formions sans nul doute et au fil des siècles la majorité de la population parisienne.

Mais revenons à mes aïeux espagnols. Mon grand-père, quoique espagnol fut un des fondateurs de la coopérative d’approvisionnement de la capitale des Corbières puis, s’étant déplacé à une quinzaine de kilomètres, avec mon père, de celle du village comme de la cave coopérative. Peu de temps après,  dans ce même village, une famille s’illustrait en donnant un de ses enfants à la milice dont il devint le patron départemental ; ce n’était pas un émigré. Quant à mon père, de la 2ième génération, il fut administrateur de ces deux entités et conseiller municipal durant 30 ans, rendant service à la demande à sa belle-famille française de souche qui ne l’appréciait guère - espagnol régagnol, insulte que je n’ai jamais comprise - sauf lorsqu’elle l’appelait sans vergogne pour qu’il vienne l’aider aux travaux agricoles, travaux auxquels il se rendait le sourire aux lèvres. Mon grand-père, ayant fait tous les métiers qui ne demandaient que bras comme outils, fut un temps carrier, et il m’arrive parfois de regarder tel ou tel édifice officiel local en me disant que sont là de nombreuses pierres arrachées à la colline et taillées par mon aïeul l’immigré.

L’accueil de l’émigré, parent ou pas, s’effectua en ma famille jusque dans les années 60-70, jusqu’à ce que plus personne ne vienne, de de l’autre côté des Pyrénées, frapper à la porte. J’ai connu ainsi des cousins-es et des oncles lointains qui se sont arrêtés pour se poser avant d’aller plus loin. Je n’en suis pas mort.

Qu’on ne se méprenne pas. Il est des émigrés-immigrés avec lesquels il ne fait pas bon frayer, qui, oublieux de leur généalogie, crachent sur leurs ancêtres en crachant sur les nouveaux émigrés-immigrés. Comme il est des français pur sucre qui ouvrent leurs bras au seul fait qu’ils accueillent des êtres humains. C’est comme ça.

Nous sommes pour la plupart des immigrés, de l’extérieur ou de l’intérieur, mais des immigrés. Et pour ceux qui pensent ne pas l’être, qu’ils fouillent un peu leur arbre généalogique, ils risquent d’être fort surpris.

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