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24 avril 2020 5 24 /04 /avril /2020 20:54

Ce n’est pas de le dire qu’il adviendra différent.

En admettant même qu’il advienne différent, qu’est-ce qui garantit qu’il ne sera pas pire que celui d’aujourd’hui ?

Les crises, les grands évènements, sont des accélérateurs. Dans quelle direction accélérons-nous, c’est toute la question. Certains connaissent cette boutade : « Nous étions au bord du gouffre, nous avons fait un grand bond en avant ».

Chacun - vous, moi - dénonce l’incurie du gouvernement, exprime sa colère, s’installe dans l’incantation. Le monde que nous souhaitons arrivera-t-il par magie ?

Avons-nous formulé le monde que nous souhaitons, à cette heure seulement défini par beaucoup comme le rejet de celui qui a cours ? Sans rien d’autre que le rejet.

Peut-être ou peut-être pas.

Nous sommes nous attachés à lire les propositions de tel mouvement politique ou de tel autre ? Avons-nous choisi avec soin dans les menus proposés, comme nous le ferions si nous étions au restaurant ? Sommes nous prêts à faire autre chose qu’à sucer la bière au zinc en proférant des y a qu’à, en descendant à la salive tous ces cons.

Non. La politique ! Vain Dieu, ce n’est pas pour nous. Sauf lorsqu’elle rattrape par la peau du cul et qu’elle nous fait des héros qui n’en demandaient pas tant.

Pourtant, il semble bien que l’heure est venu de savoir ce que nous voulons, et le sachant de passer à l’agir.

Il va falloir se bouger. En finir avec les articles des uns et des autres, les accusations, les jérémiades. Il va falloir se demander par quels moyens nous allons faire arriver le monde d’après. Il va falloir se demander quand nous nous engageons dans la bataille du changement. Il va falloir se saisir des occasions qui passent. Il va falloir sortir du blabla, sinon !

Sinon, à la situation actuelle va succéder la crise économique (déjà là), sociale (déjà là), financière (déjà là ?). Faut-il attendre d’être sorti de la mouise ? Attendre que le pressing fonctionne pour se pointer en costume et nœud paps ou en tailleur Chanel au grand bal ? On peut. On peut, avec tous les risques de non changement que cela comporte : le temps ayant épuisé la colère, émoussé la volonté, sans compter que le ‘système-plat du jour’ se sera refait une santé, sera solide comme un roc (il est déjà à l’œuvre pour cela).

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24 avril 2020 5 24 /04 /avril /2020 06:22

« Ah ! Celui-là, il a un bon salaire ». La formule est éloquente, elle dit l'émerveillement, elle dit aussi, sans qu'on y prenne garde, qu’il existe de mauvais salaires.

Demandons-nous : est-il normal d’avoir un mauvais salaire ? Le plus mauvais des salaires ne devrait-il pas être un bon salaire ?

Qu’est-ce qu’un ‘bon’ salaire (ou revenu) ?

En s’inspirant de la pyramide des besoins, c’est celui qui permet d’assurer, à minima, dans un environnement stable, sécurisé et prévisible, les besoins primaires (faim, soif, sommeil), et pour autant que les services publics (soins, éducation, culture, …) soient ‘gratuits’, également répartis sur le territoire, également accessibles à tous.

C’est encore celui qui permet de pourvoir aux besoins de sa famille.

Considérant toujours la pyramide des besoins, un ‘bon’ salaire ne peut-être ce qui permet d’accéder à l’estime de soi, à la reconnaissance par les autres, sauf à préférer paraitre qu’être.  

Un ‘bon’ salaire ne peut être à géométrie variable, constitué de primes, d’aides, de mesures de rattrapage, distribuées parcimonieusement, laissées à la discrétion du bon vouloir (merci, mon bon maître), comme s’il en coûtait, comme si c’était une faveur.

On est loin du compte.

Pour le capital, le ‘bon’ salaire (assez mais pas trop), c’est celui qui permet de maintenir la force de travail en état de santé pour satisfaire la production sans entamer le profit. « L’intérêt premier du planteur était de garder les esclaves en état de travailler », peut-on lire. Il en était également dans les mines du nord de la France fin du 19ème siècle et début du 20ième, car tel était l’intérêt bien compris des charbonnages. De nos jours, l’existence de main d’œuvre à bas coût (délocalisations), le chômage aidant, on en est plutôt à considérer la maltraitance (burn-out,…) comme la source de productivité et de profit ; de fait, la santé et le ‘bon’ salaire ne sont plus des priorités.

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23 avril 2020 4 23 /04 /avril /2020 09:18

Entretien vidéo de G. Filoche (Là-bas si j’y suis)

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Stock de vieux (le blog de G. Filoche)

 

Pour Macron les vieux c’est trop coûteux. Alors Macron a voulu casser les retraites parce que le «stock de vieux» comme il dit, est trop grand : 14 millions actuel et demain 17 millions. Ca fout en l’air sa « règle d’or » : pas plus de 14% du PIB pour les vieux ! (si le PIB se contracte de – 6 % les pensions aussi) Augmenter la CSG, désindexer les retraites des prix, inventer un système de «points» sur 43 annuités de cotisations, Macron a tout fait pour imposer ça contre des milliers de manifestations, grèves et contre 70 % de l’opinion.

Et puis est arrivée la pandémie du covid19 : le monde de Macron n’y était pas du tout préparé.

Macron avait un pognon de dingue mais pas de seringues, des lacrymos mais pas d’hostos, des boucliers mais pas de masques, ni lits ni respirateurs. Il a voulu pister mais pas tester. Il payait cher ses flics mais pas nos soignants. Il flattait les premiers de cordée du CAC 40, mais ce sont les derniers de corvée, la France du Smic qui s’est mise à faire tourner le pays. « Ces femmes et ces hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal ». Mais les smicards sont volontiers gilets jaunes et syndiqués, Macron se fait siffler partout. Fébrile, il a suspendu sa casse des retraites. Il a dit : «c’est pour apaiser ».

Macron a calculé que ça serait compensé si le «stock» de vieux baissait. On pouvait y parvenir dans les 7500 Ephad,  Karine Lacombe, l’a dit le 29 mars : « On ne met pas les personnes âgées en réanimation car ce serait inconfortable pour elles ». Ne pas les sauver à tout prix. Avec le Ritrovil, c’est une « mort douce » sans masques et sans lits d’hôpital, sans respirateurs, sans soignants, ça tombe bien. Pas pour les «vieux» en général, ils seront triés, mais pour les vieux pauvres…

Un sénateur US : “La vraie question est la suivante : allons-nous couler toute l’économie pour sauver 2,5 % de la population qui, en règle générale, 1) coûtent cher à la société et 2) ne sont pas productifs ?” L’animateur radio US, Glenn Beck évoque “la possibilité de sacrifier des vies pendant l’épidémie de coronavirus pour sauver les États-Unis et leur économie”. En France un journaliste, Jean Quatremer a dit à peu près pareil. Sur France 2, Élise Lucet rapporte qu’un médecin dénonce le fait «qu’on veut éliminer les personnes de 70 à 90 ans».

C’est une autre façon de baisser les retraites.

On ne laissera pas faire : nationalisation de tous les EPHAD, y injecter des tout de suite « quoiqu’il en coûte, »  un grand service public de la dépendance, financé par une branche spéciale de cotisations salariales et patronales de la Sécurité sociale ! Et tant pis pour le groupe « Korian » machine à cash leader du marché des Ehpad, mouroirs sans assez de personnel, sans amour, sans soin : ses actionnaires seront expropriés, ça sera compensé par des applaudissements publics le soir à 20 h.

Gérard Filoche

 

 

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23 avril 2020 4 23 /04 /avril /2020 08:21

La conditionnalité, telle est l’humeur de l’époque. Ainsi le FMI prête aux États pauvres à condition que…ainsi la Grèce est passée sous le joug de la Troïka si elle a voulu recevoir un peu de pognon. Pour ce que nous pouvons en lire les aides de l’État danois aux entreprises, en cette période de pandémie, sont conditionnées. Le gouvernement Macron-Philippe-Le Maire, préfère suggérer, est plus pédagogique avec ses ‘amis’. Il ne l’a pas été pour les chômeurs réputés génétiquement fainéants.

Exergue

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Source : https://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/danemark-aucune-aide-d-etat-pour-les-entreprises-enregistrees-dans-les-paradis-fiscaux_2124130.html?utm_medium=Social&utm_source=Facebook&Echobox=1587379546#xtor=CS3-5076

 

 

Les sociétés qui versent des dividendes ou rachètent leurs propres actions ne bénéficieront pas non plus des programmes d'aides mis en place par le gouvernement.

Le gouvernement danois a été clair : toutes les entreprises qui versent des dividendes, rachètent leurs propres actions ou sont enregistrées dans des paradis fiscaux ne pourront bénéficier d'aucun des programmes d'aide mis en place par le pays pour lutter contre les risques financiers liés à l'épidémie le coronavirus. 

Alors que le Danemark a annoncé le prolongement de la durée de ses programmes d'aide aux entreprises et aux travailleurs, tout en l'augmentant d'environ 100 milliards de couronnes (15 milliards de dollars), le ministre des Finances Nicolai Wammen a indiqué que ces aides s'élevaient désormais à un total de 400 milliards de couronnes (60 milliards d'euros), prêts et garanties compris. 

Obligations d'État

Le gouvernement a convenu avec tous les partis au Parlement de maintenir ces mesures d'aide jusqu'au 8 juillet, soit un mois de plus que prévu, selon un communiqué publié samedi. Les entreprises pourront désormais récupérer certains paiements de taxe sur la valeur ajoutée (TVA) effectués l'année dernière sous forme de prêts à taux zéro. 

Nicolai Wammen a déclaré dans une interview à la chaîne TV2 que le Danemark prévoit notamment de financer ces nouvelles mesures par l'émission d'obligations d'État. "Nous avons une position plus forte que beaucoup d'autres pays et nous sommes en mesure d'emprunter de l'argent pour traverser cette situation de la meilleure façon possible", a-t-il déclaré. 

Le Danemark est l'un des premiers pays d'Europe à mettre lentement fin à son confinement. Mercredi, les écoles ont commencé à rouvrir leurs portes, tandis que les coiffeurs et les dentistes pourront à nouveau travailler à partir de ce lundi.  

 

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22 avril 2020 3 22 /04 /avril /2020 06:20

Tout tout tout

Vous saurez tout sur le masque

Le vrai, le faux

Le laid, le beau

Le dur, le mou

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CONFINEMENTJOUR30 Un jour l'histoire se rappellera de l'ironie de cette période de pandémie où la France a été le seul pays au monde à distribuer plus d'amendes que de masques ... enfin « Je dis ça, je dis rien ! »

Un fabricant de masques : « Pas un seul coup de fil des services publics »

 

Selon Macron il y a une pénurie de masques au niveau mondial. Le Maroc qui a anticipé en fabrique pour toute sa population et commence à en exporter et l’Autriche en distribue gratuitement. Ras le bol de l’amateurisme et du mensonge en France

 

Les masques commencent à arriver dans les boîtes aux lettres au Luxembourg Ils sont distribués gratuitement par les communes.

 

Vraiment, c’est incompréhensible. Les masques sont distribués gratuitement en Espagne, au Portugal, et je ne parle pas de la Grèce, de la Pologne. En Italie, ils sont donnés aux voyageurs dans les aéroports. Mais que se passe-t-il en France ? Que se passe t il ?

 

Le masque de protection fait maison, une « fausse bonne idée » ?

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22 avril 2020 3 22 /04 /avril /2020 06:15

Source : https://lvsl.fr/pourquoi-la-crise-du-coronavirus-impose-de-faire-le-proces-de-lunion-europeenne/

 

Chaque nouvelle crise déchire les voiles pudiquement jetés, en temps normaux, sur les rapports de force. Dominants et dominés, empires du centre et régions de la périphérie, réapparaissent alors sans fard dans le jeu à somme nulle de la mondialisation. Les structures de pouvoir se départissent en un éclair de leurs atours humanitaires, et la loi d’airain de la souveraineté, que l’on avait crue un instant disparue, s’impose à nouveau comme une évidence. L’Union européenne, dont les dirigeants ne cessent depuis 1992 d’entretenir l’illusion d’une possible réforme, agit en conformité avec l’esprit de ses institutions. À l’heure de la plus grave crise du XXIe siècle ses traités deviennent des carcans, les liens qu’elle a tissés se muent en chaînes, et la « solidarité » européenne, tant vantée par ses thuriféraires, prend tout son sens étymologique : celle d’une dépendance de ses populations à l’égard d’institutions technocratiques principalement au service des intérêts allemands. Par Eugène Favier-Baron, Pablo Rotelli et Vincent Ortiz.


Les pays du Sud, et en particulier l’Italie, affichent une défiance historique à l’égard des institutions européennes. À gauche, les condamnations de l’« égoïsme national » de l’Allemagne ou des Pays-Bas – qui refusent toute mutualisation des dettes ou des budgets – se sont multipliées, ainsi que les appels à une intégration européenne accrue, présentée comme le moyen de forcer les États les plus riches à contribuer à l’effort commun. Au point parfois d’en oublier le rôle déterminant des institutions européennes, Commission et Banque centrale européenne (BCE) au premier chef, dans l’affaiblissement des systèmes sanitaires des pays les plus fragiles, par l’imposition de décennies d’austérité et leur responsabilité dans la crise actuelle.

Faut-il mettre en cause la trop grande importance de l’intégration européenne ou au contraire la persistance des « égoïsmes nationaux » ? En réalité, ces deux phénomènes ne sont aucunement contradictoires – « intégration » n’étant pas synonyme d’entraide, et « égoïsme national » ne signifiant aucunement autarcie.

Les systèmes de santé sacrifiés sur l’autel de l’austérité budgétaire imposée par l’Union européenne

La crise sanitaire n’a pas commencé avec la pandémie. Celle-ci en a moins été le catalyseur que le révélateur. Le coronavirus aura eu pour effet de forcer les gouvernements, restés sourds pendant des années aux cris d’alarmes du personnel soignant, à jeter un regard sur les conséquences désastreuses des coupes budgétaires.

En France, ce sont 13 % des lits d’hôpitaux qui ont été supprimés entre 2003 et 2016, tandis que le nombre de prises en charge annuel aux urgences doublait, passant de 10 à 20 millions1. Une situation qui paraîtrait enviable à l’Italie, qui a subi une diminution de 31 % de son effectif sur la même échelle temporelle, et se retrouve aujourd’hui avec à peine plus de 3 lits pour 1,000 habitants, contre plus de 9 en 1980.

Sans surprise, ce sont les pays du Sud de l’Europe, ainsi que ceux qui ont été placés sous la tutelle de la Troïka (BCE, Commission européenne et Fonds monétaire international), qui ont été les plus exposés aux coupes budgétaires. En Grèce, le budget alloué à la santé a été divisé par deux entre 2008 et 2014, passant de 9,9 % du PIB à 4,7 %. Les gouvernements grecs successifs ont été contraints de remercier 25 000 fonctionnaires travaillant dans le domaine de la santé publique. Les indicateurs sanitaires attestent de la détérioration provoquée par ces économies budgétaires, que n’a pas remis en cause le gouvernement de gauche radicale mené par Alexis Tsipras. Un rapport de la Banque de Grèce notait une augmentation de 24 % des maladies chroniques entre 2010 et 2016. La mortalité infantile, quant à elle, a progressé de 35 % de 2008 à 2016.

Une étude du journal médical The Lancet constatait en 2016 une hausse spectaculaire du taux de mortalité global en Grèce : 128 000 morts annuels en 2016 contre 112 000 en 2010. Les auteurs, sans parvenir à établir un lien de cause à effet évident, s’interrogent : dans quelle mesure les économies budgétaires dans le domaine de la santé ont-elles contribué à cette hausse si prononcée de la mortalité globale des Grecs ?

Certains ne verront dans tout cela qu’un rapport lointain avec l’Union européenne. L’impératif de contraction du budget alloué à la santé, telle une tâche aveugle, n’apparaît en effet nulle part dans les textes constitutionnels européens, desquels il découle pourtant logiquement. Semblable en cela au narrateur de Flaubert, présent partout et visible nulle part, il n’est que rarement mentionné dans les discours des dirigeants européens. On parlera de « rationalisation », de « réorientation », « d’optimisation », ou « d’ajustement » des ressources, mais de « coupes », de « contractions » ou « d’économies » dans la santé, point.

Il est pourtant impossible de comprendre pourquoi ces économies budgétaires ont été mises en place sans prendre en compte les contraintes qu’impose le cadre européen. L’indépendance de la BCE a été constitutionnalisée par le Traité de Maastricht, qui lui a conféré un monopole de fait sur la politique monétaire des États membres. Les critères de convergence de ce même traité limitent à 3 % le déficit public annuel autorisé, avec une série de mesures de rétorsion à la clef pour les gouvernements qui les dépasseraient. Le Pacte budgétaire européen (TSCG), entré en vigueur en 2013, signé par le président Hollande malgré ses promesses de renégociation, durcit encore les contraintes imposées aux États déficitaires ; le traité est explicite : « rappelant (…) la nécessité d’inciter, et au besoin de contraindre les États-membres en déficit excessif », il systématise l’usage de sanctions contre les pays dont le déficit structurel excède les 0,5 % après l’aval de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE).

Cet arsenal juridique pèse-t-il réellement comme une épée de Damoclès sur les gouvernements de la zone euro ? Il faut bien sûr éviter de pêcher par juridisme : nombreuses sont les entorses faites aux traités européens, souvent en toute impunité. L’expérience de SYRIZA au pouvoir a cependant révélé toute la puissance disciplinaire de ces textes dont elle a tenté de s’affranchir. Ce cas-limite, qui a vu la BCE interdire purement et simplement à la Grèce d’accéder à des liquidités, a montré que les institutions européennes veillent à ce qu’aucun changement de paradigme politique ne puisse advenir dans l’Union. Si l’arme du droit ne suffit pas, celle de la monnaie vient à la rescousse.

Les principaux déterminants de l’austérité budgétaire ne sont cependant pas nécessairement juridiques ou monétaires. C’est sans doute moins dans le marbre des traités ou dans les flux de la BCE qu’il faut les chercher, mais dans le simple agencement des économies européennes. L’Union européenne a poussé à son paroxysme le principe d’abolition de toute frontière économique, dopant les revenus des puissances exportatrices et grevant l’équilibre des autres. L’Allemagne détient le record mondial de l’excédent commercial : il se chiffrait à 232 milliards d’euros en 2018.

La même année, la France enregistrait un déficit commercial de 76 milliards d’euros, le Portugal de 17 milliards d’euros, la Grèce de 20 milliards d’euros et l’Espagne de 36 milliards d’euros – les 100 milliards d’euros ont été dépassés plusieurs fois dans les années 2000. L’inscription des « quatre libertés » (circulation des biens, des services, des capitaux et des travailleurs) dans les traités européens, ainsi que le passage à l’euro, ont encouragé l’apparition de tels déséquilibres. La monnaie unique empêche en effet toute dévaluation, laquelle consistait en une forme de protectionnisme monétaire, permettant autrefois aux pays en déficit commercial de jouer sur les taux de change pour le contrecarrer.

En l’absence de ces mécanismes protecteurs, les pays déficitaires sont mécaniquement poussés à s’endetter, tandis que les pays excédentaires sont conduits à prêter. C’est ainsi que l’on retrouve, sans surprise, l’Allemagne en position de créancière face à l’Espagne, l’Italie ou la Grèce – doublant son excédent commercial considérable par un excédent financier plus que confortable.

Une politique de relance minimaliste de la BCE

S’il restait encore un doute sur l’inexistence de coopération entre les États de la zone euro, l’échec de la mise en place des coronabonds a le mérite de l’écarter. Impulsée par les États du sud, dont la France, l’idée d’émettre une euro-obligation souveraine au niveau de la zone euro dans son ensemble – un titre dont la nationalité de l’émetteur est inconnue – implique de mutualiser les risques liés à ces obligations et par conséquent d’y associer un taux d’intérêt commun.

Comme on pouvait s’y attendre, plusieurs États du Nord, notamment l’Allemagne et les Pays-Bas, ont balayé cette initiative d’un revers de la main, avec à peu de choses près, les mêmes arguments qu’après la crise de la dette de 2010-2011. En effet, les pays du Nord considèrent qu’ils n’ont pas à payer pour les pays du Sud – qui financent pourtant les excédents des premiers avec leurs déficits commerciaux – jugés moins « responsables » au niveau de leurs politiques budgétaires.

Autrefois contrebalancés par l’appréciation du mark, les excédents commerciaux allemands ne rencontrent plus aucune régulation par le taux de change dans une zone euro taillée à leur mesure. Cela libère bien entendu des marges budgétaires associées à une rente d’exportation, accrue par les réformes Hartz : en flexibilisant le marché du travail, celles-ci ont contribué à la stagnation des salaires allemands, ont fait chuter la consommation populaire de l’Allemagne et, par conséquent, ses importations. L’hypocrisie atteint son paroxysme lorsqu’on réalise que si les pays du sud réduisaient leurs déficits à l’allemande, c’est-à-dire en prenant les parts de marché des pays du Nord dans les productions où ils sont spécialisés, cela se ferait au détriment des excédents allemands. Autrement dit, si tout le monde copie le modèle allemand, il n’y a plus de modèle allemand.

Face à ce manque de coopération et au vu la magnitude de la crise actuelle, la BCE tente de prendre le relais en matière de financement des déficits. L’organisme annonce plusieurs plans de rachats massifs des dettes souveraines et d’obligations de grands groupes européens sur le marché secondaire. Annoncé comme un bazooka, le dernier d’entre eux suppose d’injecter 750 milliards d’euros sur les marchés afin d’y pallier le manque de liquidités mais aussi de financer indirectement les États. Si cette somme, véritable camouflet pour la mortifère orthodoxie budgétaire prônée par l’Europe du Nord, peut paraître colossale, elle ne représente en réalité que 6 % du PIB de la zone euro.

Surtout, le périmètre de cette intervention monétaire, un Quantitative easing (QE) élargi, apparaît comme beaucoup trop réduit par rapport aux enjeux actuels. En comparaison, de l’autre côté de l’Atlantique, la Federal Reserve Bank (Fed) et le Trésor américain se coordonnent pour mettre en place un plan de relance d’un volontarisme inimaginable en Europe. D’une part, la Fed annonce qu’elle ne met plus aucune limite au rachat de bons du Trésor ou de titres hypothécaires et s’apprête aussi à intervenir pour d’autres obligations publiques et privées. Les États-Unis font le constat qu’une injection illimitée de liquidités sur les marchés financiers ne suffit pas et se préparent à aller bien au-delà. Le Sénat et la Maison Blanche tablent sur un accord qui permettrait de mettre en place un plan de relance d’environ 2000 milliards de dollars – presque un dixième du PIB américain, soit la quasi-totalité du PIB français – qui inclut 500 milliards de dollars d’aide directe aux ménages sans contreparties.

Morcelés par des traités trop contraignants, piégés dans des logiques concurrentielles et inscrits dans des institutions où leur souveraineté se dilue, les États membres de la zone euro sont bien incapables de se préparer correctement au tsunami qui arrive.

Le mirage de la solidarité européenne et la marche vers l’implosion

La solidarité européenne résonne désormais comme un mantra creux, une opération de communication qui ne trompe plus grand monde. L’Italie, troisième économie de la zone euro, déjà abandonnée sur la crise migratoire, en a de nouveau fait l’expérience lorsque la Lombardie a été décrétée premier foyer épidémique du coronavirus en Europe. La sainte règle de la discipline budgétaire s’est vue assouplie pour laisser Rome respirer, mais quasiment aucune assistance médicale n’a été envoyée à tel point que le pays a dû se tourner vers Cuba, le Vénézuela, la Chine ou encore la Russie pour recevoir des masques et du personnel médical.

La détresse des Italiens, durement touchés par cette épidémie se heurte à l’inertie de ses partenaires, entre le refus allemand d’activer le mécanisme européen de stabilité de façon inconditionnelle, leur hostilité à la mise en place d’euro-obligations, et les commentaires de Christine Lagarde, qui n’estime pas du devoir de la BCE d’harmoniser les taux allemands et italiens – autant de réactions qui auront probablement de lourdes conséquences sur le projet européen.

Pire encore, lorsqu’il ne s’agit pas d’inaction ou de mépris teinté du stéréotype de l’italien indiscipliné, on apprend qu’un des stocks de masques chinois à destination de l’Italie aurait été intercepté et confisqué par la République Tchèque, autre pays membre. Ailleurs, le président Serbe pourtant habituellement féru d’Union européenne, n’avait pas de mots assez sévères pour qualifier l’inaction européenne :  « Je ne tirerai pas de conclusions politiques maintenant, mais nous avons réalisé qu’il n’y a pas de solidarité internationale ou européenne, tout cela n’étant que contes de fées ». Luigi Di Maio a quant à lui réagi avec des propos comparables  : « Nous attendons de la part de nos partenaires européens de la loyauté, nous attendons que l’Europe fasse sa part, parce que les belles paroles, on ne sait pas quoi en faire ».

Plus largement, cette pandémie recouvre tous les symptômes du malaise européen. L’épidémie, dont la croissance rapide, un temps attribuée à la mauvaise gestion sanitaire italienne ou à son système de santé, n’inquiète d’abord pas outre mesure, ni ne suscite d’empathie particulière. Le virus sous-estimé finit pourtant bien par se propager et n’entraîne de réaction proportionnée de la part des autres pays que lorsqu’il s’avère être déjà présent sur leur territoire. Tout arrive trop tard, comme si la résilience à ne pas entraver la circulation, de biens ou de personnes était plus forte que la volonté de limiter les dommages sanitaires.

Il faut dire que les mesures restrictives qu’impose cette pandémie représentent des violations à la pelle des règles européennes : entre la suspension de Schengen, la souplesse budgétaire ou encore l’entrave aux quatre libertés de l’Union, ce sont les principes mêmes de l’Europe maastrichienne qui sont reniés. Ce défi sanitaire qui, pour peu qu’on le prenne au sérieux, nécessiterait mutualisation de la dette, euro-obligations, et autres réponses ambitieuses, créatives, représente autant de choses que l’Union européenne semble incapable soit de produire, soit même de concevoir en son carcan étriqué.

Ce chacun pour soi révèle aussi l’écart qui existe entre les pays membres pour mobiliser des ressources et faire face à cette crise : « ceux qui ont des munitions les utilisent mais d’autres ne peuvent pas et les mesures européennes sont très limitées », a déclaré à ce sujet Lorenzo Codogno, conseiller en macroéconomie. L’Allemagne, plus souveraine que jamais, a pris des mesures nationales pour ses entreprises : 550 milliards de prêts accordés et garanties par l’État ; un plan que bien des pays de la zone euro, ne bénéficiant pas d’excédents comparables à ceux de l’Allemagne, ne peuvent pas se permettre. Bien moins dispendieuse lorsqu’il s’agit de se tourner vers les européens, Angela Merkel est apparue dans une interlocution télévisée inédite dans laquelle comme le signale Marianne, le mot « Europe » n’apparaît pas une seule fois.

Monitor Italia (Tecné) a publié un sondage récent dans lequel 88 % des Italiens estimaient que l’Union européenne n’avait pas assez agi pour aider l’Italie, et dans lequel 67 % des gens interrogés pensaient que l’appartenance à l’Union européenne était un désavantage pour leur pays, contre 47 % en novembre 2019. Du côté des autorités italiennes, le strict encadrement des mesures qui sont envisagées comme des concessions à l’Italie pour absorber le choc, augurent d’une thérapie austéritaire. À cet égard, le Corriere della Sera est allé jusqu’à accuser l’Allemagne de vouloir faire payer un plan de sauvetage au prix fort en imposant les fameuses réformes structurelles voulues de longue date par Berlin. Les propos recueillis par Der Standard et relayés par The Telegraph du « gouverneur faucon de la BCE autrichienne, Robert Holzmann » sont effarants à ce sujet. Pour Holzmann, la « destruction créatrice schumpeterienne » qui serait à l’œuvre, aurait ses avantages. « Chaque crise économique est une purification. On peut l’exploiter pour en sortir plus fort ».

La situation est telle pour l’Union européenne que même certains irréductibles centristes s’en détachent, désabusés par l’impossibilité pour les institutions européennes de réaliser l’effort que nécessite cette crise d’ampleur inédite pour son destin : « le Covid-19 a montré à quel point il est peu important d’être européen en temps de crise. L’Europe doit changer rapidement et fondamentalement », a déclaré Guy Verhofstadt. Bruno Le Maire affirme quant à lui que  « si nous ne sommes pas capables de nous rassembler, c’est le projet politique européen qui sera emporté par cette crise » – sans rien préconiser de plus précis. En parallèle et à mesure que l’inaction européenne se fait chaque jour plus outrageuse, les Italiens semblent se rapprocher dans cette crise qui provoque une « immense émotion collective ». De quoi envisager prochainement un Italexit ?

Une issue est-elle possible dans le cadre européen ?

En conduisant l’Allemagne à refuser ouvertement le principe d’une mutualisation des dettes souveraines, la crise du coronavirus l’aura fait apparaître comme le principal facteur de désunion européenne. La vieille ligne de fracture entre nations pro-européennes et anti-européennes s’effrite ; les frissons sacrés de l’exaltation du fédéralisme européen sont brutalement plongés dans les eaux glacées de l’intérêt national bien compris.

En 1871, Bismarck déclarait avec ironie : « J’ai toujours trouvé le mot Europe dans la bouche des politiciens qui tentaient d’obtenir des concessions d’une puissance étrangère sans oser les demander en leur propre nom »2. La construction européenne a-t-elle jamais fonctionné sur un autre principe ? Que l’Allemagne et les Pays-Bas, dont le ratio dette/PIB est respectivement de 62 % et de 49,3 %, soient hostiles à la mutualisation des dettes européennes que demandent la Grèce (180 % d’endettement public par rapport au PIB), l’Italie (130 %) ou le Portugal (122 %), n’a rien de surprenant. À l’inverse, que cette hostilité à une intégration européenne par la dette fasse place à des déclarations passionnées en faveur du libre-échange et de l’euro – et à une vertueuse condamnation des velléités de protectionnisme – n’a pas non plus de quoi surprendre lorsqu’on garde les yeux rivés sur l’excédent commercial record de l’Allemagne (232 milliards d’euros en 2018) ou sur celui, confortable, des Pays-Bas (67 milliards d’euros).

Faut-il donc blâmer les égoïsmes nationaux, regretter que populations et gouvernements refusent de se départir de leurs avantages structurels pour les partager avec ceux qui en sont dépourvus ? Ou plutôt en arriver à la conclusion qu’en vertu des règles de la mondialisation néolibérale, dont l’Union européenne est la manifestation institutionnelle la plus aboutie, de telles réactions sont inscrites dans l’ordre des choses ?

Dans l’immense zone de libre-échange que constitue l’Union européenne, les gains des uns (que l’on parle d’excédents commerciaux ou de créances) constituent nécessairement les pertes des autres (que l’on parle de déficits commerciaux ou de dettes). En instituant un tel jeu à somme nulle, le cadre européen a intimement lié la prospérité des populations allemande et hollandaise au respect le plus strict de l’orthodoxie des traités.

Les travailleurs d’Allemagne subissent pourtant de plein fouet la concurrence induite par les quatre libertés : au cœur de l’empire économique européen, entre 16 et 17 % des Allemands sont victimes de pauvreté – contre 12,5 % en 2000. Selon les chiffres d’Eurostat, les chômeurs Allemands sont en outre les plus exposés au risque de pauvreté (70 %) de tout le continent. La flexibilisation du droit du travail et des aides sociales, mise en place pour faire face à la concurrence des travailleurs d’Europe de l’Est, n’y est pas pour rien. Une étude publiée par le Bureau international du travail tend à établir que le dumping induit par le cadre européen a provoqué une décélération des salaires de 10 % entre 2002 et 20123. L’extension de l’Union européenne dans les Balkans occidentaux, où les salaires minimaux se situent entre 210 et 300 €, ne fera qu’accroître cette logique.

Paradoxalement, cette souffrance sociale pourrait contribuer à expliquer l’attachement des Allemands à l’Union européenne. Toute perspective de revalorisation salariale soutenue ayant été abandonnée depuis trois décennies, il n’apparaît donc pas surprenant que bien des Allemands souhaitent compenser les pertes que l’Union européenne leur impose par la défense de leurs excédents que celle-ci permet en retour – synonyme d’une domination économique accrue sur le reste de la zone, seule marge de manœuvre que leur laisse le cadre actuel.

Le juriste Louis Franck, évoquant la construction européenne, écrivait en 1967 : « Le concurrentialisme se substitue au libéralisme d’autrefois. C’est l’idée de base du néolibéralisme contemporain »4. Ce cadre étant posé, que vaut un jugement moral porté sur l’égoïsme national de tel ou tel dirigeant ou population ? Blâmer les acteurs politiques et ignorer les cadres qui les agencent – de même que, dans d’autres circonstances, blâmer les individus en ignorant les structures qui les déterminent – semble ici constituer la démarche antipolitique par excellence. La gauche morale, qui n’a pas de mots assez durs contre « l’égoïsme » financier allemand, ne reproduit-elle pas les erreurs de celle qui blâmait hier « l’égoïsme » commercial britannique, ou encore « l’irresponsabilité » budgétaire italienne, sans mettre en question les institutions européennes ?

En 2002, l’universitaire Erik Jones écrivait : « La probabilité pour qu’un jour, des groupes au sein de l’Europe identifient l’Union économique et monétaire comme la source de leurs difficultés économiques ou qu’ils se mobilisent directement contre celle-ci est très faible »5. Ce jour est-il venu ?

 

Notes :

[1] Frédéric Pierru et Pierre-André Juven, La casse du siècle, 2019, Raisons d’agir.

[2] Cité dans Coralie Delaume et David Cayla, La fin de l’Union européenne, 2017, Michalon.

[3] Citée dans Coralie Delaume et David Cayla, La fin de l’Union européenne, 2017, Michalon.

[4] Cité dans Pierre Dardot et Christian Laval, La nouvelle raison du monde, 2009, La découverte.

[5] Cité dans Frédéric Lordon, La malfaçon – monnaie européenne et souveraineté démocratique, 2014, Les liens qui libèrent.

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21 avril 2020 2 21 /04 /avril /2020 12:42

J’ai reçu ce matin une vidéo d’Aurélien Barrau, astrophysicien. Entendez-moi bien, je l’ai reçue d’un ami, et c’était Aurélien Barrau qui tenait discours. Merci aux deux. On apprend de celui qui diffuse l’information comme de celui qui développe cette dernière.

Aurélien Barrau, je ne le connaissais pas.

Ici une pensée claire et éclairante, lucide, sérieuse. Bref, je viens à mon tour, vous inviter à rencontrer Aurélien Barrau, et sans craindre de vous faire perdre votre temps. Vous allez en juger. Il s’agit tout autant de l’état du monde que du Covid 19.

Quelques phrases relevées :

« La prescription n’est pas performative »

« Merde ! On ne veut pas de retour à la normale »

« On n’en arrive pas par hasard à cette situation catastrophique »

« Nous avons fait une erreur en pensant que la nature était une simple ressource »

 

 

 

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20 avril 2020 1 20 /04 /avril /2020 13:11

Comme le temps qui passe atténue la douleur, jusqu’à sa disparition, le temps qui passe épuise et épuisera la colère, jusqu’à sa disparition.

On observe déjà un infléchissement. La côte de Macron remonte dans les sondages. Il gère bien la crise commence-t-on à murmurer, en oubliant qu’il a menti, qu’il continue à le faire, qu’il prend une décision pour aussitôt en changer.

La ‘pédagogie’ bat son plein, du bulletin météo-santé de Salomon qui n’a pas de jugement, jusqu’à la prise en otage hier après-midi des chaines Tv plusieurs heures durant. Si les hôpitaux manquent d’anesthésiants, ils ne font pas défaut sur les chaînes Tv. L’artillerie pilonne sans personne pour sortir de la tranchée adverse (ou si peu) et porter la réplique. Celui qui parle tout seul ne peut qu’avoir raison, même si c’est du bourrage de mou. Cela comble le besoin d’être rassuré. Les chiffres, graphiques - courbes et colonnes -, apportent la caution scientifique au discours. On ne s’en prive pas.   

Plus le temps passe, plus la colère s’étiole. C’est une guerre d’usure qui s’installe, aidée par le déconfinement long (et c’est normal), dont nous sortirons déconfits. Sur les plateaux-repas télévisuels les médecins en colère cèdent le pas aux experts-médecins (dont on sent la couardise sinon la partisannerie), et nous avons appris ce qu’il faut penser des experts.  N’empêche, ils apportent la caution dont le crédule a besoin.

On nous a dit, et on nous dit : « Il sera toujours temps après de ….. ». Bon gré mal gré nous nous sommes installés dans cet après, forme d’Union sacrée imposée par la pandémie et sans que nous y puissions.

On ne conteste plus les généraux qui commandent la bataille à l’arrière, ou si peu,  même si les opérations sont mal conduites ; cela ne se fait pas. Et comme on ne change pas une équipe qui gagne, restons au moule : on ne change pas une équipe qui perd (c’est vrai que c’est difficile).

Les citoyens-soldats vont remonter au front économique. Au nom de quoi ? De la patrie ? Du genre humain ? Laissez-moi rire. Pour servir et défendre quelle économie ? Quel type de société ? On ne se pose pas la question.  On ne se la posera pas. L’essentiel c’est d’y aller. La paix, bon Dieu ! Qu’on nous laisse tranquille. Vivement l’amnésie bienfaisante !

A la courbe descendante de la pandémie correspond la courbe descendante de la colère. Certainement, plus tard, y aura-t-il une abondante littérature instruisant le procès de cette période. Ça ne mange pas de pain et ça occupera l’importance de ceux qui s’y adonneront. Et, tandis qu’on s’écharpera ainsi, le monde continuera son train-train…. comme avant.

La colère est comme un fleuve, à la crue correspond l’étiage. A la haute marée fait suite la basse, et le ramassage des bigorneaux.

Vivement dimanche !

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20 avril 2020 1 20 /04 /avril /2020 10:20

S’il est vrai que si l’État social français est redistributeur, et que cette redistribution amoindrit les écarts de revenus, il n’en demeure pas moins que cette redistribution ne va pas jusqu’à établir une société plus juste. On peut le montrer ainsi en examinant, de manière caricaturale, une famille pauvre, soit qu’elle est en bonne santé soit qu’elle ne l’est pas. Si elle a besoin de soins, ceux-ci vont lui être fournis gratuitement, ainsi son revenu est égal à ce qu’elle gagne par son travail auquel il faut ajouter le coût des soins qu’elle n’a pas déboursé. Si elle n’a pas besoin de soins, son revenu reste strictement égal à ce qu’elle gagne (et pour augmenter son revenu par la redistribution elle ne va pas aller jusqu’à souhaiter être malade). Dans les deux cas cette famille reste pauvre. De là, on peut conclure que le système français est une bonne chose, bien meilleur que beaucoup d’autres, qu’il introduit de la solidarité, mais qu’il reste insuffisant.

Un peu plus de justice passe par un resserrement des revenus. Il peut se faire de deux manières qui ne s’excluent pas l’une l’autre. La première manière est de considérer que les écarts de salaire (la majorité des individus étant des salariés) ne doit pas excéder la proportion de 1 à 5 (c’est ce que retient B. Friot). La deuxième manière est de considérer le resserrement par l’impôt (tous les revenus n’étant pas strictement des salaires), de telle sorte que le taux d’imposition soit croissant jusqu’à à aboutir à ce que le revenu final disponible n’excède pas le 5 dont il est question plus haut. Qu’on ne parle pas de système confiscatoire car on ne confisque pas ce qui provient d’une appropriation indue et arbitraire du fruit du travail des uns par les autres, appropriation toujours justifiée jusqu’à ce qu’une crise distingue et révèle ceux qui sont importants de ceux qui ne le sont pas.

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20 avril 2020 1 20 /04 /avril /2020 08:33

Annuler la dette publique des États pour leur redonner une capacité d’intervention comme investisseur, est-ce possible ? Comment se déroulerait une telle opération ? Puisque nous défendons cette thèse, je me propose de l’exposer plus en détail. Avant de le faire, je fournis quelques considérations générales à propos de la dette dont j’espère qu’elles éclairent mon propos ensuite. Je dois cependant prévenir : tout ce qui est proposé ici reste dans le cadre des traités européens et des lois en vigueur. Cela ne veut pas dire que je les approuve, ni que je les crois indépassables. Tout au contraire. Mais notre proposition est un plan d’urgence. Il veut éviter les discussions de principe qui clivent ou buttent sur la seule force d’inertie des récalcitrants au gouvernement allemand ou des Pays-Bas. Bon, j’expose. D’abord une balade dans les mots en circulation à propos de la dette. 

À propos des dettes

Peu de gens le savent parce qu’ils n’en entendent jamais parler. Mais la dette publique des États est moins importante que la dette privée. Cela se vérifie dans chaque pays, dans l’Union européenne et d’une façon générale dans le monde. Cette dette est évidemment la plus incertaine car les débiteurs peuvent disparaitre d’un jour sur l’autre par la faillite ou la mort. D’énormes secteurs de dettes privées sont ainsi à la merci de n’importe quel évènement privé parfois minuscule. Ce fut le cas des dettes immobilières en subprime aux États-Unis : un divorce raté de trop ruina d’un coup de longues chaînes de gens, par centaines de milliards comme par un effet de boule de neige. Idem pour la dette des étudiants qui reste une bombe à retardement aux USA.

Pourtant, c’est à l’État que les libéraux font leur reproche. Les arguments pleuvent. Les libéraux reprochent par exemple à la dette des États de peser sur le marché financier et de faire monter les taux pour l’emprunt et l’investissement privé. Ils lui reprochent de générer des remboursements qui créent des impôts, ce qu’ils ont en horreur. En effet ils pensent que l’argent privé doit rester dans les mains des « investisseurs » privés, plutôt qu’en impôts utilisés par l’État. Pour eux l’argent est toujours mieux utilisé et placé par le privé et plus efficacement que par le public. Pour finir, ils répandent le bruit, rabâché sur les plateaux de télé, qu’à partir d’un certain niveau, la dette publique étouffe l’économie. Par exemple on entend dire régulièrement qu’au-delà de 100% de dette par rapport à la richesse produite pendant un an (PIB) par le pays c’est la catastrophe. Cela n’a jamais été prouvé. Mais par contre on connaît au moins un pays endetté à plus de 200 % et qui n’en est pourtant loin d’en être mort : le Japon.

Comment évaluer le « poids » de la dette ? 

Pour ce qui est de l’activité réelle, une dette c’est juste un bout de papier. En vérité le plus important ce n’est pas le montant de la dette mais ce qu’elle coûte chaque année en remboursement effectif. Et cela dépend des taux d’intérêt auquel l’argent est prêté à l’État qui emprunte. Ce n’est pas une mince affaire. Il y a des fois des grosses surprises qui vont contre l’intuition. Par exemple vous pensez que plus on doit d’argent plus on paie d’intérêt ? Faux. Pas tout le temps. La France, endettée pour un montant égal à 100% de la richesse qu’elle produit chaque année paie 40 milliards d’intérêt sur sa dette publique cette année. C’est moins que quand elle n’était endettée qu’à 80 % mais où elle payait 45 milliards. Tout simplement parce que le taux d’intérêt était plus élevé. Entre temps, elle a financé les titres parvenus à terme avec des emprunts moins chers. Je sais que ces explications donnent déjà un peu le tournis. Mais ce n’est pas fini.

Vous venez de lire à plusieurs reprises que l’on comparait le montant de la dette de l’État à « la richesse produite pendant une année (PIB) par le pays ». Cette façon d’évaluer l’impact de la dette est une opération qui se situe entre la mauvaise plaisanterie et le tour de magie. Mauvaise plaisanterie : pourquoi rapporter le montant d’une dette sur année alors qu’elle doit être remboursée en moyenne en huit ans ? Pourquoi comparer à toute la richesse produite pendant un an alors que celle-ci ne sera jamais disponible pour servir à payer de la dette. En effet une partie est consommée sur le champ et l’autre n’appartient pas à l’État. C’est peut-être pour avoir une idée de la capacité de l’emprunteur ? Bizarre. C’est le moment du tour de magie. Admettons qu’on veuille quand même pouvoir évaluer la capacité de l’emprunteur à payer. Mais alors, pourquoi ne tenir aucun compte du patrimoine accumulé par l’État pour évaluer sa fiabilité d’emprunteur ? Et pourquoi ne tenir aucun compte du fait que l’État emprunteur et la Nation ne pouvant être séparés il n’y a aucune probabilité pour que celui-ci disparaisse dans le cours d’une année ?

Voulez-vous mieux comprendre l’absurdité d’une évaluation du poids de la dette par rapport à un an de production ? Demandez-vous ce que représente votre dette pour acheter votre voiture ou votre maison comparée à ce que vous gagnez dans une année ! C’est évidemment un calcul sans objet ou bien juste pour se faire peur inutilement. Personne ne rembourse ce qu’il doit en un an. C’est même parce qu’on ne le peut pas qu’on emprunte ! Car sinon ? On l’économiserait et on paierait comptant l’année suivante… Enfin pourquoi prendre comme repère le montant total de ce qui est dû plutôt que ce qu’il en coûte en remboursement dans l’année ? Bref, pourquoi ne jamais calculer à partir du poids du service de la dette ? La France a produit 2353 milliards d’euros en 2018. Sa dette représentait alors 98,4% de la richesse produite en un an. Le chiffre est destiné à faire peur. Mais la durée moyenne de remboursement des titres de dette est de 8 ans, je l’ai dit. Certains titres sont même de 50 ans. Mais si on rapporte cette dette à sa durée de huit ans, elle ne représente plus que 12% de la richesse produite pendant la même période. Cette même année 2018, le service de la dette coûtait 42 milliards au budget de l’État. Soit 5 % de la richesse produite. Vous aimeriez bien que votre emprunt vous coûte seulement 5 % de vos revenus annuels, non ? 

Un circuit absurde mais lucratif 

De tout cela, il faut retenir que la dette est surtout une rente pour les banques qui sont les seules auprès de qui l’État peut se tourner pour emprunter. En effet dans le cadre des traités européens la Banque centrale européenne n’est pas autorisée à prêter directement aux États. Les États empruntent aux banques privées aux taux « du marché » c’est-à-dire en fonction de paramètres aussi scientifiques que les notes des agences de notation ou le nombre de demandeurs d’emprunts… Pour autant la BCE a le droit de racheter aux banques privées des titres de dettes publiques qu’elles auraient achetés. Si elles veulent bien les lui vendre. Car figurez-vous qu’elles n’aiment guère le faire. C’est bizarre, n’est-ce pas ?  On a pu le constater à chaque programme d’achat de la BCE ! Ce qui prouve que les banques ne croient pas à la propagande des libéraux et au sous-entendu catastrophiste du mode de calcul que j’ai évoqué. Les banques savent qu’un titre d’État, même peu rémunéré c’est du sérieux qui ne se perd jamais !

Le résultat de ce circuit est désolant. La BCE avance de l’argent frais aux banques privées contre des titres d’État et leur demande d’investir. Celles-ci ne le font pas. Elles prennent l’argent et le placent dans la sphère financière. Et personne n’en voit la couleur dans la production réelle de biens. De cette façon, la BCE a prêté l’équivalent de la richesse produite par la France en un an aux banques privées à coup de 85 milliards par mois. Disparus ! Et même pas un point d’inflation supplémentaire comme espéré par les économistes centraux. Tout cet argent aurait pu se transformer en hôpitaux, en lignes de chemin de fer, en installation d’énergies alternatives. Il s’est mué en réserve pour les banques ou en spéculation dans la bulle financière.

Ce circuit peut être qualifié d’odieux. Il consiste en un pur parasitisme bancaire sur l’économie réelle et les producteurs alors même que les banques ne rendent aucun service à l’économie concrète. Il peut être qualifié d’odieux aussi a cause de son origine. Car il n’est pas vrai que l’État vive « au-dessus de ses moyens » ! Ce sont les riches qui sont au-dessus de nos moyens. Depuis 2004, ils ont bénéficié de 240 milliards d’impôts supprimés si j’additionne une liste d’impôts spectaculaires comme le « bouclier fiscal » ou les baisses et suppression d’ISF ou encore les mesures « pour les entreprises » qu’on retrouve ensuite en argent frais payé en dividendes. Sans parler des effets boule de neige de politiques désastreuses comme celle qui a conduit à suivre la hausse des taux d’intérêts allemands, sans raison pour la France. Tout ça pour respecter les consignes du  « serpent monétaire européen » de l’époque qui liait les monnaies les unes aux autres pour préparer la naissance de l’Euro. L’audit citoyen de la dette a montré que cela avait couté 500 milliards d’euros à la France par effet boule de neige ! Pour ne rien dire des 600 milliards d’euros de dette supplémentaires générés sous la présidence de Nicolas Sarkozy par le plan de sauvetage des banques en 2008 ! Les historiens de la dette gardent un souvenir ému du désastreux emprunt Balladur qui coûta plus qu’il ne rapporta. Et un souvenir encore plus affligé de l’emprunt Giscard lié au cours de l’or juste avant que celui-ci ne s’envole !

Retrouver le magot

Vous savez donc que la BCE peut détenir des titres d’État alors même qu’elle n’a pas le droit de prêter directement aux États. Vous savez pourquoi et comment ça se passe. N’oubliez pas de noter un point qui a son importance : une fois qu’elle possède des titres des États la BCE perçoit donc les intérêts qui vont avec. Mais oui ! Elle ne peut pas prêter d’argent aux États mais elle a le droit et le devoir de toucher le paiement par les États des intérêts d’emprunts contractés auprès des banques privées et… au tarif fixé par ces dernières. C’est ainsi que l’essentiel de la dette ruineuse de la Grèce s’est retrouvé dans les coffres de la BCE qui encaissait chaque année 9 milliards d’euros prélevés à grand coup de plans d’austérité sur ces malheureux Grecs !

Cette usine à gaz c’est l’Union Européenne et les traités qui la constituent ! Résultat : la BCE a 45% de son bilan (sa richesse) fait de titres d’emprunts d’États rachetés aux banques privées. Et cette masse représente en moyenne 20 % des dettes des États eux-mêmes !  Pour la France, c’est 18% de ce qu’elle doit ! Oui, la BCE possède 18% des dettes de la France alors qu’elle ne lui a pas prêté un centime d’euro !

La petite annulation de la dette  

L’idée que nous proposons se déroule en deux temps. Premier temps : la « petite annulation ». Il s’agit de commencer par transformer ces titres déjà acquis par le BCE. Pas besoin de changer les traités européens pour ça. Les actionnaires de la BCE, les États membres et, en l’occurrence, les gouverneurs des banques centrales nationales peuvent prendre la décision : tous ces titres de dette quelle que soit leur date d’échéance sont transformé en titre « perpétuel ». À taux d’intérêt nul. Cela revient pour la France à voir effacer toutes les dettes résultant de l’épisode coronavirus. Avantage pour la BCE : son bilan n’est pas privé de la valeur des titres de dettes. Elle ne se fait pas spolier. Comme il s’agit de titre qu’elle possède déjà, aucun « investisseur » privé n’est spolié non plus.

Que deviennent ces titres « perpétuels » ? Commençons par le mot. S’il fait peur on peut dire « titre à cent ans ». Ce qui revient au même. Il en existe déjà. J’ai noté entre les lignes du gouverneur de la banque de France au JDD qui se demande s’il « ne faudra pas allonger dans le temps la durée des dettes ». Vocabulaire feutré de banquier. Cela veut dire « restructurer » la dette. Bref c’est le scénario de la petite annulation qui se dessine. Remarque au passage : la dette des États est déjà perpétuelle, elle, car ils ne la remboursent jamais ! Ils réempruntent pour la payer ! Ce qui est perpétuel, alors, c’est l’enrichissement sans cause des banques privées. Autre petite remarque. La transformation de la dette des États en dette perpétuelle a aussi un avantage pour le système bancaire en général. En effet, les États peuvent être considérés comme davantage solvables puisque moins endettés. Coût de l’opération : 0 euros pour qui que ce soit. Et bien sûr à taux nuls (alors que les taux actuels sont négatifs) la dette fond au rythme de l’inflation ! Sans douleur. Sans banqueroute. Sans hyper-inflation. Sans guerre.

La grande annulation de la dette des États

J’en viens à la deuxième étape. Il s’agirait dans les mêmes conditions de transformer la totalité du stock de dettes publiques en dette perpétuelle. On a compris le mécanisme. Je vais lister à présent les avantages. Le premier vaut pour tout le monde. À la sortie de la crise, les États vont devoir payer leurs dettes et en faire de nouvelles pour financer « la relance ». Quand tout le monde veut acheter la même chose et qu’il n’y en a pas assez pour tout le monde, on connaît le résultat : les prix augmentent. Ici, ce seront les taux d’intérêts. Est-ce raisonnable de rendre l’argent plus cher quand on veut relancer ?  Deuxième avantage, une fois soulagé de la dette, on peut planifier la redéfinition de la façon de produire et d’échanger, de l’énergie, des infrastructures publiques et ainsi de suite. Et on peut réemprunter. Pour la France, en partant d’une telle annulation globale, tout en restant dans les clous des traités européens, c’est-à-dire avec un plafond de 60% du PIB, cela donnerait 1380 milliards de capacité d’emprunt. Il ne sera pas nécessaire d’aller en chercher autant d’un coup. Non seulement parce qu’on ne saurait pas les dépenser en rythme mais surtout parce que le plan de financement de la France peut passer par d’autres canaux. Je rappelle que si on supprimait l’avantage fiscal sur les investissements hors de France de l’assurance vie pour ne le maintenir que sur l’investissement en France, on disposerait de 750 milliards à investir. À quoi on rajoutera les 400 milliards des livrets A. Encore, donc 1300 milliards. Total : plus d’une une année de production d’avance, rien qu’avec cela, sans rien changer ou presque aux règles européennes existantes et au système français actuel.

Évidemment tous ces calculs sont fait « à la louche » comme on dit. Mais ils sont documentés. Et, d’ailleurs, la méthode est déjà mise en œuvre ailleurs. La banque centrale des USA a racheté la totalité des dettes du pays, dettes publiques et dettes privées. C’est inouï mais c’est vrai. Le bilan de la cette banque a donc doublé en une nuit. Il s’agit d’un bond incroyable de la dette de l’État le plus endetté du monde. Les USA doivent déjà 23 000 milliards de dollars, soit 27 % de toute la richesse du monde, et plus que la valeur de tout le commerce mondial. Ça ne les a pas paralysés. Pendant ce temps, l’Union européenne a décidé de faire un super plan de relance de… 545 milliards d’euros. Lamentable.  Et encore pire : la plupart de cette somme est faite de reports de paiements et de garanties d’emprunts. Mettons cette somme en regard du PIB des pays de l’Union européenne : 12 000 milliards par an ! En toute hypothèse ces 545 milliards c’est à peine le quart du plan de financement qu’avait réalisé la BCE au cours des mois précédents. Et c’est à peine plus que les 400 milliards du « grand plan de relance » de Juncker en 2014 alors que la croissance stagnait. Cette fois-ci, la récession est de 9 à 10 points pour la seule Allemagne ! 

Autant le dire clair : la crise sociale va être terrible

Si l’économie productive n’est pas réanimée, le choc de la récession va détruire des millions d’emplois dans le monde, désorganisant les chaînes longues d’interdépendances des capacités productives. À conditions et méthodes capitalistes égales, la violence du choc économique va donc avoir un impact social de très grande magnitude. Ce qui s’est toujours traduit dans l’Histoire par de grosses secousses politiques. Je ne développe pas ici. Je veux attirer l’attention sur autre chose. Les observateurs sans naïveté savent que la compétition pour que la sortie de crise donne un avantage comparatif est commencée. C’est dire l’état d’esprit qui règne. La date de sortie de confinement des Allemands en est une illustration des plus criantes. Il faut donc tenter deux opérations en même temps : retrouver du crédit en grande quantité et faire bifurquer le modèle de production pour écologiser et relocaliser les appareils de production pour réduire les bien trop longues chaînes d’interdépendance qui les constituent d’un bout à l’autre de la planète. Le contexte aura été utile si nous le faisons car il n’y a pas de meilleure préparation aux chocs qui vont suivre : celui d’autres épidémies désormais certaines, et celui du changement climatique. Sinon, souvenons nous que des deux précédentes impasses de l’économie capitaliste mondiale sont sorti deux guerres mondiales qui ont failli emporter la civilisation humaine.

 

 

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