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29 novembre 2010 1 29 /11 /novembre /2010 05:38


sponsorisés parPeu de jours après la promulgation de la loi régressive sur les retraites repoussant l’âge légal de départ à 62 ans,  Renault propose, sur 3 ans,  à 3000 salariés de 58 ans et plus de se barrer.

Ces derniers percevront 75 % de leur salaire net, jusqu'au jour où ils pourront faire valoir leurs droits.

 

On ne va pas faire la fine gueule, mais quand même !

 

La gueule justement, c’est Laurence Parisot qui s’y attèle. Elle se dit étonnée, la pauvrette. Tu parles !

«..quelques jours après l’adoption d’une réforme importante pour l’économie du pays et pour les salariés, (il est étonnant qu’) un signal contradictoire soit émis par une entreprise dont un des actionnaires est l’Etat », balance la présidente du Medef.

Bon ! Avec elle (même si elle n’en pense pas un  traite mot), constatons que c’est un signal contradictoire qui vient signifier l’inanité des arguments gouvernementaux pour faire passer la loi régressive.

La loi régressive devait bouster* l’emploi des seniors ? Mon cul ! Les seniors à la trappe. Comme dab !

*En français, siouplaît, la Pucelle a bouté les anglais dehors.

Au passage, remarquons, selon la donzelle, que la loi régressive était importante pour l’économie (pas pour les patrons, nuance) et les salariés (comme si c’était sa préoccupation première de dame patronnesse !).

Remarquons aussi que l’Etat actionnaire était :

·         soit d’accord avec le patron de Renault (en contradiction avec la l’esprit de la loi régressive sur les retraites),

·          soit il ne pouvait rien faire dans la décision prise (ce qui en dit long sur sa capacité d’actionnaire).

 

Pour mémoire, Renault avait déjà proposé un plan de départ volontaire de 4400 salariés en 2008 et 2009. Comme quoi, ce n’est pas d’hier que les séniors ne font plus recette et que les jeunes restent à la crèche (car il n’est pas question d’embaucher pour Renault) pour remplacer les usés.

 

Arrivé là, je ne sais plus si je dois continuer à évoquer la loi régressive sur les retraites ou faire écho à Bernard Thibault lorsqu’il exprime sa crainte devant ce qui apparait comme "un outil de dégraissage des effectifs», ou bien citer François Chérèque : « il  faut revoir la réforme. On voit bien que les grandes entreprises, en particulier du CAC 40, ne veulent pas garder les seniors". Effectivement, les séniors sont perçus comme peu productifs. Alors pourquoi passer à 62 ans ?

 

Signalons, comme ça, juste pour dire, que l’Etat avait refilé à Renault un prêt de 3 milliards d’euros conditionné à l’absence de licenciements.

 

Et puis, n’oublions pas ce qui se cache derrière.

Renault ne va pas embaucher, l’entreprise va transférer aux sous-traitants la rentabilité du travail et ce sont les salariés des petites entreprises qui vont trinquer en cas de coup dur, et là, bonjour la flexibilité, la précarité. Et s’il n’y a pas de boulot pour cause d’absence de commandes ce sera la débauche sans plan, à sec, sans vaseline.

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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 08:48

 

Auteur : Frédéric ANDRE - Source : Le Grand Soir

Evo Morales : « plus aucune entreprise ne s’enrichira avec les caisses de retraite ».

Le président bolivien Evo Morales a envoyé le mardi 16 novembre au congrès, son projet de nouvelle loi sur les retraites, élaboré et approuvé avec les syndicats et a déclaré que celle-ci serait certainement adoptée par le sénat au cours des prochaines semaines.

Parallèlement aux mesures déjà acquises (comme l’abaissement de l’âge légal de départ en retraite de 65 à 58 ans) Evo Morales a annoncé mardi la nationalisation des caisses de retraites privées du pays.

Actuellement le versement des retraites est administré par deux grands groupes financiers étrangers, à savoir la banque espagnole Bilbao Vizcaya Argentaria SA (BBVA) et le groupe suisse Futuro de Zurich Financial Services SA (ZFS).

Dès 2011 ces 2 entreprises seront remplacées par une caisse nationale publique de retraites qui s’occupera d’administrer les cotisations du peuple bolivien d’un montant d’environ 3,5 milliards.

Le message du gouvernement de Evo Morales est clair : "plus aucune entreprise ou organisme ne s’enrichira avec la gestion des caisses de retraites".

Cette nouvelle loi sur les retraites a pour principe fondamental la solidarité, et contient une série d’avancées sociales significatives pour les travailleurs boliviens : en premier lieu la création d’un fonds de solidarité destiné à améliorer le montant des retraites.

Les cotisations patronales seront augmentées de 3% contre 0,5% pour celles des travailleurs, à quoi s’ajoutera une majoration pour les boliviens ayant des revenus 20 fois supérieurs au salaire minimum (une proposition déjà mentionnée par Jean-Luc Mélenchon et qualifiée de populiste par nos élites).

Un nouveau calcul des pensions plus favorable aux travailleurs entrera aussi en vigueur, les personnes invalides pourront désormais bénéficier d’une pension de retraite (et même d’un supplément en cas d’invalidité à 80%), de même que les travailleurs dits indépendants (eux aussi oubliés de l’actuelle législation).

La situation des femmes est également grandement améliorée, notamment avec la prise en compte des années passées à élever leurs enfants.

Les travailleurs du secteur minier ne seront pas laissés à l’abandon puisqu’ils pourront désormais partir à la retraite à 56 ans, et même 51 ans selon des critères de pénibilité. Le patronat sera amené à contribuer à hauteur de 2% à un fonds solidaire spécial pour ce secteur afin d’en améliorer les niveaux de pensions.

Le gouvernement a également annoncé que jusqu’à 5% du montant des cotisations serviront à investir dans le développement des petites et micro-entreprises, l’objectif étant que le nouvel organisme public de retraites puisse aider les entreprises qui génèrent de la production et des emplois dans le pays.

Pour finir, une anecdote des plus intéressantes, le ministre bolivien a déclaré que cette réforme des retraites était à l’avant garde en Amérique et pouvait être comparée aux systèmes de retraites en vigueur dans les pays européens.

En effet notre système de sécurité sociale est considéré comme un exemple dans les pays d’Amérique latine victimes durant des années des politiques libérales, dictées par le Fond monétaire international.

Un système pour lequel le peuple français s’est battu et qui est en train d’être mis en pièce par notre gouvernement libéral, qui vient d’entériner "sa" réforme des retraites, dont le coût est majoritairement pris en charge par les travailleurs.

Un système largement finançable pour peu que l’on sache qui doit contribuer le plus et dont le déficit - mis en lumière par nos politiques et les grands médias - est imputable aux gouvernements de droite qui n’ont eu de cesse d’appauvrir l’Etat par des privatisations massives (sans oublier la non remise en cause et la poursuite partielle de ces privatisations par les socialistes).

La Bolivie et son président Evo Morales donnent au mot progressisme toute sa signification à travers la promulgation de lois comme celle dont nous venons de parler.

Alors bien entendu, comme lors de l’annonce de l’abaissement de l’âge légal de 65 à 58 ans, nous entendrons dire que comparer la Bolivie et la France est totalement ridicule, que l’espérance de vie des deux pays est énorme, etc..

Je le répète, comme je l’avais déjà mentionné dans mon précédent article sur la Bolivie, il ne s’agit en aucune sorte d’une comparaison.

En revanche le chemin que prend la Bolivie depuis l’élection de Evo Morales en 2005 semble être un exemple à suivre : celui de la souveraineté nationale face à l’impérialisme américain, de la souveraineté populaire, de la redistribution des richesses produites dans le pays, de la socialisation des moyens de production stratégique, du bien être de la population et du respect de l’humain.

Alors remettons-en une couche : "Sarkozy plus que jamais n’est pas Morales et nous le regrettons de toutes nos forces" .

Cette révolution Bolivienne (n’en déplaise aux puristes c’en est bien une) - tout comme celles menées au Venezuela et en Equateur - doit nous amener à réfléchir sur un certain nombre d’éléments liés au combat pour le progrès social : une révolution par les urnes est possible, faut t-il encore que celle ci soit portée par un large mouvement uni et dépassant ses vieilles querelles historiques.

Nos camarades sud-américains l’ont fait, il serait hypocrite et malhonnête intellectuellement de les soutenir dans leur combat tout en refusant chez nous, une union de la gauche de transformation sociale.

En attendant que l’union sociale et politique de type sud-américaine ne se concrétise ailleurs qu’en Limousin et en Languedoc-Roussillon, ne cessons jamais de rappeler que si nos pays ne peuvent être comparés de façon simpliste, l’union et la méthode de nos camarades bolivariens sont en revanche à prendre en exemple tout autant que leurs politiques sociales et économiques.

Frédéric André

Rappel du Grand Soir : la loi de réforme des retraites en France va booster l’option de retraite par « capitalisation ». Aubaine pour les banques et les sociétés d’assurance et pour le groupe Malakoff Médéric, premier groupe de « protection sociale » avec plus de 3 milliards de chiffre d’affaires.

Il est dirigé par Guillaume Sarkozy, frère du président de le République.

URL de cet article
http://www.legrandsoir.info/La-Bolivie-socialiste-approfondit-et-enterine-sa-reforme-des-retraites-Reflexion-sur-la-France-et-la-gauche-de-transformation.html

Les paragraphes en gras sont dus à « Exergue ».

 

Quelques éléments afin de permettre la comparaison et de s’interroger sur les politiques mises en œuvre dans ces 2 pays:

France :   PIB : 2675 milliards (5ième rang mondial), IDH : 0,961 (8ième rang mondial)

Bolivie :   PIB : 17 milliards (100ième rang), IDH : 0, 695  (117ième rang)

PIB : produit intérieur Brut (autrement dit : richesse), IDH (Indice de développement Humain)

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26 novembre 2010 5 26 /11 /novembre /2010 20:08



Conférence de Bernard Friot, sociologue, auteur d’un livre présenté dans le blog (voir ref. ci-dessous), à Capendu, à 20H30, mardi 30 novembre, au grand foyer ; conférence à l’initiative de la FSU (Fédération syndicale unitaire).

 

Voir article du blog (catégorie littérature, musique,…) du 2 juin 2010, intitulé : L’enjeu des retraites.

 

Faites circuler l’information.

 

Ce qu’une loi a fait une autre loi peut le défaire.

 

Ce qu’un gouvernement a fait un autre peut le défaire.

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30 octobre 2010 6 30 /10 /octobre /2010 10:10


 

Voici, ci-dessous, le message reçu en provenance du site : « Retraites-enjeux-débats », avec autorisation de le diffuser sur les blogs (ce que je fais) et par tout autre moyen. A vous de jouer.

 

Message :

 

Bonjour à tous,

 

Parmi les articles que nous avons publiés ces derniers jours, nous vous suggérons en particulier :

 

« L'heure du peuple », un résumé brillant de ce qu'il vaut mieux savoir et comprendre, par Edwy Plenel … à lire sur http://www.retraites-enjeux-debats.org/spip.php?article435

« Le peuple n'a pas dit son dernier mot » … ou pourquoi et comment le peuple peut encore empêcher la promulgation de la loi … à lire sur http://www.retraites-enjeux-debats.org/spip.php?article458

Si vous pensez qu'une diffusion large de ces 2 textes peut-être utile dans la phase actuelle du mouvement, vous pouvez les publier sur votre blog, les diffuser par mail etc ... 

 

andré  martin et jean-luc cassi 

-- 
Cordialement
retraites-enjeux-debats
 
Si vous ne souhaitez plus faire partie de cette liste de diffusion, signalez le moi.
 
Coordination «Retraites, Chômage - Arrêtons la désinformation !» 
http://www.retraites-enjeux-debats.org/
le site pour se clarifier les idées sur les retraites,
le chômage de masse et le temps de travail

 

 

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20 octobre 2010 3 20 /10 /octobre /2010 06:10


·         Malek Boutih

AFP | Politique 28 sept 11:44

Malek Boutih, membre du bureau national du Parti socialiste, a estimé mardi que Martine Aubry avait "un problème avec la vérité politique", soulignant qu'"il n'y a qu'à voir la manière dont elle slalome sur le dossier des retraites".

La première secrétaire du PS a "un problème avec la vérité politique, c'est extrêmement clair", a déclaré M. Boutih sur RTL.

"Il n'y a qu'à voir la manière dont elle slalome sur le dossier des retraites" pour "voir qu'il y a un problème", a-t-il ajouté.

"Entre ce qu'on dit aux Français aujourd'hui sur le haut de la tribune et ce qu'on fera demain si on est en responsabilité, il y aura plus qu'un décalage", a prédit l'ancien président de SOS racisme.

http://www.lepost.fr/article/2010/01/21/1899958_melenchon-hamon-retraites-en-tete-a-tete.html

 

Commentaire de votre serviteur.

Entre ce que dit officiellement le PS, remis en cause par Malek Boutih, ce que dit Benoit Hamon et ce que ne peut dire Dominique Strauss-Kahn mais qu’on sait qu’il pourrait dire, le Parti Socialiste ratisse large pour ne pas reprendre la formule il « slalome » et devoir payer des droits d’auteur à son auteur.

L’avantage qu’offre le PS c’est, qu’étant un chœur à plusieurs voix, chacun de ses militants se retrouve dans ses positions pour les faire valoir auprès de l’électorat en ayant toujours à disposition un discours qui l’y autorise.

Le PS est un parti riche de ses contradictions, des politiques divergentes, voire antagonistes, qu’il propose. En son sein, ses leaders sont tous sur la même ligne…… de départ pour conduire, le moment venu (et qui ne doit pas venir) une politique amendée de droite, une politique qui ne peut satisfaire celui et celle qui a quelques exigences et un point de vue sur ce que doit être la justice sociale et l’équité.

On ne peut clore ce petit commentaire en empruntant toujours à Malek Boutih qui, de l’intérieur de la maison sait de quoi il parle, et il parle d’or :  "Entre ce qu'on dit aux Français aujourd'hui sur le haut de la tribune et ce qu'on fera demain si on est en responsabilité, il y aura plus qu'un décalage".

 A bon entendeur, salut !  

 

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17 octobre 2010 7 17 /10 /octobre /2010 15:44


 

« Nos » élus se gardent bien d’en parler.

Vous avez le droit de savoir.

 

Par un vote du 3 septembre 2010, les députés ont rejeté à la quasi–unanimité l’amendement n° 249 Rect. proposant d’aligner leur régime spécifique de retraite (dont bénéficient les membres du gouvernement) sur le régime général des salariés. Alors qu’ils n’ont de cesse d’expliquer l’importance de réformer rapidement un régime de retraite en déficit, les parlementaires refusent donc d’être soumis au régime de retraite de la majorité des français. C’est ce qu’ils appellent une réforme « juste ».


source : www.assemblee-nationale.fr/13/amendements/2770/277000249.asp 

 

 

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2 octobre 2010 6 02 /10 /octobre /2010 05:52


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ILS SE FOUTENT DE NOUS ! TOUS DANS LA RUE LE 2 octobre 2010!

La retraite c'est fantastique et c'est possible

Projet du PG pour l’avenir de nos retraites

Le 5 avril 2010, il y a eu très exactement un siècle que la loi sur les « retraites ouvrières et

paysannes », les « ROP », a été votée : assurance pour tous ceux disposant d’un revenu limité, âge légal de la retraite fixé à 65 ans, rapidement abaissé à 60 ans dès 1912. Même s’il s’agissait encore de capitalisation, ce fut le premier texte créant un vrai régime de retraite : obligatoire et destiné à tous. Nos retraites ont donc cent ans !

Depuis un siècle, la droite n’a eu de cesse de vouloir remettre en cause ce droit. Car celui-ci est subversif à plus d’un titre. Les retraites par répartition reposent en effet sur un prélèvement sur la richesse produite qui échappe au capital. Elles sont un élément clé du partage des richesses dans notre pays. De plus, elles reconnaissent le droit de chacun à vivre sans travailler pendant une partie de sa vie, ce qui était autrefois le privilège exclusif des rentiers. Notre système de retraites concentre donc des enjeux économiques et symboliques considérables. Cela en fait une cible de choix pour tous ceux qui veulent « réformer » la société française dans un sens plus favorable aux intérêts du capital. Les retraites ont été souvent attaquées. Elles le sont aujourd’hui à nouveau par le projet de réforme du gouvernement Fillon, qui s'inscrit dans un projet européen plus global de pression sur les revenus du travail (salaire et retraite).

La retraite est un droit pas une aumône

Une phrase de Jaurès résume au mieux la position de la gauche vis à vis de cette loi instituant les retraites ouvrières et paysannes : « Nous la votons pour avoir le principe, nous la votons malgré les sacrifices qu’elle impose à la classe ouvrière. Mais, demain, nous vous demanderons un âge abaissé, (…) demain nous vous demanderons une retraite plus élevée, une participation plus large des assurés à la gestion des caisses … »

C’est dans cette histoire là que nous nous inscrivons : nous sommes les héritiers de ceux qui ont lutté pour obtenir des droits tout en sachant qu’il faudrait ensuite les rendre effectifs et les approfondir.

Notre ligne de conduite est simple : « La retraite dans le vrai sens du mot, dans le sens normal du mot, est une somme suffisante pour permettre au vieillard, (…) de continuer sans autre élément, sans autre discours, dans le milieu où il a vécu jusque là une existence décente et indépendante ».

Jaurès encore … La retraite est un droit parce qu'il est légitime de ne pas passer toute sa vie à la gagner. Il nous faut réhabiliter le droit au temps libre, le droit à la lenteur, à la rêverie et même le droit à ne rien faire à l'opposé de cette course à la concurrence, à la compétition qu'on veut nous imposer constamment. Nous voulons réaffirmer la primauté de l'humain, rappeler que le travail salarié n'a pour objet que de produire les biens nécessaires à la vie et à la société, et non la production infinie de biens (y compris des biens inutiles ou de mauvaise qualité) dans l'unique but de gonfler les profits. Nousrefusons le capitalisme, exploiteur des travailleurs et des peuples et destructeur de la planète. Nous

affirmons qu'il est légitime de partir à la retraite tant qu'on en est en bonne santé, qu'il doit exister un troisième temps de la vie libéré des contraintes du travail, que « retraite » ne doit pas être synonyme de « dépendance ». Ce droit à l'arrêt du travail doit s'accompagner du droit à une pension de retraite décente. Aujourd'hui, le patronat veut réimposer l'adéquation entre vieillesse et âge de la retraite. Nous sommes donc face à un choix de société.

Halte au catastrophisme

Déjà en 1928, Alfred Sauvy, démographe, annonçait une France en déclin sous le poids de "ses vieillards". On sait ce qu'il est advenu de ses prévisions alarmistes. Cette erreur, ainsi que l'évolution actuelle de la Russie (baisse de la population de près de 3 millions d'habitants en 12 ans), démontre que des retournements quant à l'espérance de vie peuvent être très rapides et dépendent très fortement des conditions de vie. Les plus de 60 ans représentent 22,6 % de la population et le total des retraites versées 12,8 % du PIB. Puisque leur part augmente dans la population, il n'est pas scandaleux que leur part dans le revenu global augmente en conséquence.

Par ailleurs, le rapport actifs-retraités n'est pas aussi dégradé en France que dans les autres pays d'Europe. Mais surtout, ce n'est pas le nombre d'actifs potentiels qui importe, mais bien le nombre de cotisants, car des actifs au chômage ne peuvent participer au financement des retraites. Il est donc regrettable que le COR n'ait pas souhaité faire de simulation sur la base du niveau actuel de l'indice de descendance finale de 2,14 pour les femmes nées en 1957 et une estimation d'un taux de 2 pour les femmes des générations suivantes (Bilan démographique 2007 de l'INSEE). En effet les calculs duprécédent rapport avaient démontré que le passage d'un taux de 1,7 à 1,9 entraînait une diminution de 40 % des besoins de financement à l'horizon 2050.

L'allongement de l'espérance de vie après 75 ans pour les hommes et 83 ans pour les femmes n'a pas de conséquence directe sur l'état de santé à 60 ans, sachant que l'espérance de vie en bonne santé générale est de 59 ans pour un ouvrier et de 69 ans pour un cadre (données INED).

Les retraités ne sont pas une charge mais une richesse pour le pays. La philosophie implicite du projet gouvernemental est que chacun doit travailler jusqu’à ce qu’il ne soit plus en état de le faire.

La possibilité qu’une personne en bonne santé puisse vivre sans être soumis au travail salarié et au rapport de subordination qu’il implique serait alors niée. Qui peut pourtant contester le rôle social que jouent aujourd’hui ceux que l’on appelle souvent les « jeunes retraités » parce qu’ils sont encore très actifs ? Leur activité libre produit de la richesse pour tous : développement des associations, contribution à la vie civique, éducation de leurs petits-enfants, enrichissement des relations familiales, développement de services socialement utiles…

La remise en cause du droit au départ à 60 ans et l'allongement de la durée de cotisation que veut imposer le gouvernement signifierait donc à la fois une nouvelle dégradation du partage inégal des richesses dans notre pays et la remise en cause du droit à des retraites pleinement émancipatrices. Nous refusons donc pour cette double raison cette réforme tout comme nous dénonçons l'hypocrisie consistant à réaffirmer le droit au départ à 60 ans tout en acceptant la poursuite de l'augmentation de durée de cotisation, annulant ainsi toute effectivité à ce droit au départ à 60 ans. Nous avançons des propositions à partir de la société que nous voulons construire et non de celle que nous subissons.

Ce que nous voulons

La réforme générale du système des retraites qui est envisagée par le gouvernement et le Medef n'est pas non plus acceptable dans ses objectifs : passer d’un dispositif à « prestations définies » à un système « à cotisations définies ».

Nous voulons préserver et consolider le double acquis de 1945 :

o maintenir un régime par répartition, c’est à dire dans lequel les cotisations des actifs

paient les retraites versées. Ce régime s’oppose à celui de la capitalisation, dans lequel

l’épargne que représentent les cotisations est accumulé dans des fonds de pension, et ensuite reversé sous forme de rente viagère. Faut-il souligner combien dans une économie casino un tel système est un miroir aux alouettes, l’épargnant/retraité risquant à tout instant de perdre son capital ; c’est ce qui est arrivé au Chili, c’est ce qui est arrivé à tous ceux dont le retraites sont tributaires des fonds de pension anglo-saxons. Dans un tel système il n’y a pas de droit, il n’y a que des risques. Ce serait une formidable régression.

o préserver et élargir le système de « prestations définies » qui est celui du Régime

général. Dans ce cadre, la future pension de retraite pour une carrière complète est connue : 50% du salaire jusqu'à un montant de 2.885 euros - et les critères du départ à la retraite sont définis à l’avance : nombre d’annuités, âge de départ à taux plein. Ce sont les cotisations qui doivent être calculées en conséquence pour arriver à l’équilibre financier. Nous refusons clairement d’aller vers un système à « cotisations définies », tel que étudié par le COR, car dans le cas des régime par points ou celui des comptes notionnels, le montant de la pension est inconnu. Nous refusons que nos retraites puissent être remises en cause subrepticement.

STOP aux reculs

L'indexation des retraites sur les prix et non plus sur les salaires (1987), l'augmentation de la durée de cotisation de 37.5 ans à 40 (privé Balladur 1993, public Fillon 2003) et le calcul du salaire de référence sur les 25 meilleures années et non plus 10 (1993) devaient tout régler. Le résultat est connu. Les comptes sont encore en rouge et le nombre de retraités pauvres est reparti à la hausse.

o Conséquence du calcul sur les 25 meilleures années, le taux de remplacement, c'est-à-dire le rapport entre le montant de la retraite et le salaire de fin de carrière, qui était de 78% en 1993, 72% en 2007 devrait selon les prévisions du Comité d’Orientation des Retraites (COR) ne plus être que de 65% en 2020 et 59% en 2050.

o Cumulé avec la dégradation de l’emploi, ce mode de calcul des pensions entraîne la

paupérisation d’un grand nombre. Aujourd'hui 10% des 14,5 millions de retraités ont un

revenu inférieur au seuil de pauvreté de 910 euros. Les femmes sont les premières touchées puisque 30 % d'entre elles doivent attendre 65 ans pour pouvoir prendre une retraite à taux plein contre 5% des hommes. Les femmes partent d'ailleurs plus tard en retraite (61,4 ans contre 59,5 pour les hommes), 41% d'entre elles seulement effectuant une carrière complète contre 86% des hommes ce qui entraîne une différence de 20 trimestre cotisés (137 contre 157). En conséquence le montant moyen des retraites des femmes est inférieur de 38 % à celle des hommes (retraite moyenne des femmes : 826 euros) ).

o Le pouvoir d‘achat des retraités est bloqué ! Mais une telle indexation masque en réalité une diminution car l’indice des prix sous estime la réalité, notamment pour les foyers non

propriétaires de leur logement. De plus, avec l'âge, les retraités sont particulièrement touchés par la part de plus en plus importante des coûts de santé restant à la charge des assurés sous forme de moindre remboursement et d'augmentation des coûts des complémentaires santé. Le recul des droits ne touche donc pas que les futurs nouveaux retraités, il atteint aussi les anciens retraités.

Le retour à l'équilibre est possible : nos propositions

Le problème des retraites n’est pas essentiellement lié à la démographie mais à l’insuffisance d’emplois.

Le nombre de retraités est passé de 7 millions à 15 millions de retraités en 3 décennies sans quasiment de hausse de cotisation. C'est la création d'emploi, environ 2 millions en 10 ans, qui a permis de financer cette augmentation. Le document d’orientation présenté par le gouvernement reconnaît lui-même qu’une baisse du chômage diminuerait fortement le besoin de financement. Mais il ne propose rien pour y parvenir. Et il prend comme base de ses calculs un chômage de 7 ou 4,5%, excluant par avance le retour au plein-emploi.

L'insuffisance actuelle de recettes est très largement due aux effets de la crise et à la montée du chômage qui en est la conséquence. 680 000 emplois net ont ainsi disparu en moins de 18 mois ce qui représente environ 300 milliards de perte pour les régimes de retraite pour les 15 ans à venir en raison de la chute de la masse salariale.

Les seules hypothèses envisagées relèvent quasiment exclusivement des mesures d'âge et auront comme conséquence de faire baisser les pensions, contrairement aux affirmations du gouvernement.

Pour notre part, nous considérons qu'il existe un autre paramètre pour faire face aux besoins de financement : celui de recettes nouvelles et c'est celui que nous privilégions.

Il est possible de garantir l’équilibre de tous les régimes de retraites à très court terme et jusqu’à l’horizon 2020. A législation constante, selon le COR, il faut parvenir à mobiliser entre 1,7 et

2,1 points de PIB, soit 56 à 80 milliards d'euros (dans l'hypothèse d'un PIB croissant) à

l’horizon 2020 pour retrouver l’équilibre financier. Le déficit de 2010 de 32,2 milliards est à comparer avec les profits distribués qui représentent 4% du PIB soit 76,84 milliards et servent surtout ou à spéculer ou à des dépenses somptuaires par ailleurs très souvent néfastes pour la planète.

Le système actuel peut et doit être renforcé et amélioré

Au-delà de ce retour à l’équilibre financier à législation constante, le Parti de Gauche refuse la régression qu’impliquent les mesures Balladur-Fillon et notre projet est de revenir dès que possible à des dispositions plus favorables ; cela aura un coût supplémentaire, on peut l’estimer à environ 3 points de PIB à l’horizon 2020, soit 60 milliards d’euros actuels.

Nos propositions sont axées autour des principes suivant :

- garantir le droit au départ à 60 ans et le rendre effectif dans les régimes complémentaires, où l’âge de départ reste fixé à 65 ans. Arrêter l'augmentation de la durée de cotisation et revenir vers une durée permettant un départ effectif à 60 ans sans pénalisation.

- assurer un taux de remplacement moyen d’au moins 75 % du dernier salaire.

Cela suppose la remise en cause des mesures qui ont provoqué la baisse :

le calcul des retraites sur les 25 meilleures années au lieu des 10 meilleures années dans le privé. Dans la situation actuelle de l’emploi — emplois précaires, chômage — le calcul du salaire de référence sur 25 années pénalise dramatiquement tout ceux qui ont eu à la subir. Le calcul sur les meilleures années doit de plus s'effectuer tout régime de retraite confondu et non dans un seul régime, pour prendre en compte la réalité de ceux qu'on appelle les polypensionnés.

l’indexation des retraites sur les prix et non plus sur les salaires. Le pouvoir d’achat des retraites ne doit pas être « cristallisé » au moment de leur liquidation ; le pouvoir d’achat des retraités ne doit pas être décroché de l’évolution générale mais la suivre. Il en va d’ailleurs de même des « salaires portés au compte ». Ainsi un salaire mensuel de 600 euros perçu en 1978 équivaut à 2370 euros en 2010 en cas d'indexation sur les salaires et ne vaut plus que 1790 euros indexé sur les prix.

- permettre à ceux qui ont des carrières longues de partir à taux plein, même avant 60 ans. Depuis trois ans qu’elles sont supposées avoir été engagées, les discussions sur la pénibilité voulues par les organisations syndicales n’ont toujours pas permis de déboucher. L’inégalité des carrières, l’inégalité des espérances de vie en retraite rendent le régime actuel anti-redistributeur. Il est temps de mettre fin à cette injustice. Tous ceux qui ont commencé à travailler tôt doivent pouvoir partir en retraite à taux plein, dès lors que leur carrière est complète.

- prendre en compte la pénibilité. Les confédérations syndicales de salariés et d'employeurs se sont mis d'accord sur les critères de la pénibilité (travail de nuit, travail posté, port de charges lourdes etc ...). Ceux-ci doivent permettre de délimiter branche par branche les emplois donnant le droit à des départs anticipés en retraite, sur la base d'un financement par les entreprises responsables des conditions de travail qui ont entraîné la dégradation de la santé des travailleurs concernés. Les exigences du Medef, de la CGPME et du gouvernement d'un examen au cas par cas des salariés et leur basculement de fait vers l'invalidité n'est pas acceptable à nos yeux.

- faire qu’aucune retraite ne soit en dessous du SMIC. La loi Fillon de 2003 fixait 85 % du SMIC comme objectif, qui n’est évidemment pas atteint. Mais qui peut vivre dignement aujourd'hui avec si peu ? Il faut donc augmenter fortement le minimum contributif pour y parvenir et l'indexer sur le SMIC pour éviter le décrochage continuel tel qu'il existe actuellement.

- valider les périodes de chômage en référence au salaire antérieur

- valider les périodes de stage et toutes celles d'apprentissage, aller vers à la prise en compte des années d’études de formation tant universitaire/supérieure que professionnelle (continue et initiale). La formation doit être considérée comme un investissement et une création de richesse pour l'ensemble de la société. Le développement de la scolarité fait désormais partie des nécessités sociales or aujourd’hui le dispositif de rachat des annuités est prohibitif et de fait réservé aux plus riches.

- verser les pensions de réversion pour les couples pacsés à égalité avec les couples mariés

Les richesses pour financer de telles mesures existent. Selon le rapport du COR, le PIB atteindrait 3 800 milliards en 2050 et le déficit des retraites 115 milliards d’euros, soit un peu plus de 3 % du PIB. Donc indépendamment de la validité d'une telle estimation du PIB en 2050, si ce scénario se réalisait, 3 points de PIB en plus pour les retraites ne représente pas un fardeau excessif. En effet, une autre répartition des richesses est possible. La part du travail dans la richesse nationale a baissé de 6,54 points entre la décennie 74-84 (74,08%) et celle 97-07 (67,54%). Ce sont entre 80 et 110 milliards d'euros qui donc été perdus au détriment du travail, pendant que la part des actionnaires passait de 22% à 36% alors que les investissements chutaient de près de 20% entre 1990 et 2007 (de 75% à 57%). C'est donc bien d'un rééquilibrage au bénéfice du travail et des investissements et au détriment de la part des actionnaires qui est nécessaire.

Plusieurs leviers peuvent permettre d’y parvenir :

- une politique volontariste de création d’emplois et de reconversion écologique (dans un régime par répartition, le volume des cotisations est décisif pour assurer le financement ; à titre d’exemple la création de 300 000 emplois par an de 2010 à 2020 rapporterait 24 Md€ par an en retour pour les retraites). Pour garantir l'équilibre de l'ensemble des régimes de retraite, la solution n'est pas de faire travailler plus longtemps des salariés déjà épuisés. C'est au contraire offrir un emploi à tous les chômeurs dont les plus de 50 ans alors que 40 % entre 55 ans et 60 ans sont hors emploi dont l'immense majorité en longue maladie, invalidité ou chômage car les entreprises se débarrassent des salariés âgés sur la solidarité nationale. C'est permettre l'accès au temps plein pour tous les salariés, surtout des femmes, victimes des temps partiels contraints. Ces deux options n'ont pas été retenues par le COR.

Le retour à un taux de chômage frictionnel de 3% est possible mais ce n'est pas l'option du capitalisme financier qui veut poursuivre la pression sur les salaires pour continuer à favoriser les profits des actionnaires qui ont pourtant explosé en vingt ans au détriment des revenus du travail.

Pourtant l'arrêt du bradage de l'industrie et de certains services par les délocalisations, le soutien à une production socialement et écologiquement responsable, les normes d’emplois dans les services privés, le développement des services publics et la reconversion écologique de l'économie privilégiant les circuits courts et les produits réparables permettraient un maintien et une création massive d'emploi et donc les recettes nécessaires pour la protection sociale.

- une augmentation des cotisations patronales (suppression des exonérations, instauration d’une surcotisation sur les emplois précaires et à temps partiel, augmentation du plafond de cotisation, hausse du taux de cotisation…). Le gouvernement refuse cette option. Pour cela, il dramatise l’augmentation nécessaire de 3,8 points en 2010, sans signaler qu’il s’agit d’une année de crise. Il prétend qu’une telle augmentation menacerait l’emploi. En réalité elle menacerait seulement le niveau historiquement élevé des profits. Rappelons que le taux des cotisations patronales n’a pa augmenté depuis 1979 (à part le transfert d’une cotisation d’allocation familiale lors de la création de la CSG en 1991) et qu’il a même diminué de fait avec les exonérations dégressives jusqu’à 1,5 fois le SMIC.

- un élargissement de l’assiette des cotisations à l’intéressement, à la participation, et aux stock options au même taux que la masse salariale. Cela rapporterait de 8 à 10 milliards par an. Il faut aussi revoir la taxation de l'épargne retraite et des retraites chapeau.

- la suppression du bouclier fiscal, un prélèvement sur les profits des banques, une taxation des revenus financiers et des dividendes versés aux actionnaires permettraient de boucler le financement nécessaire en orientant les sommes ainsi collectées vers le financement des dépenses relevant de la solidarité (minimum vieillesse, trimestres validés pour chômage, pension de réversion ...) permettant d'équilibrer le FSV (Fonds de solidarité vieillesse) aujourd'hui en déficit. Tout en restant attaché à un système basé sur les cotisations, on peut estimer à 66 milliards soit 30% du montant des retraites, les dépenses de solidarité y compris celles relevant de compensations envers des régimes aujourd'hui très déséquilibrés démographiquement qui pourraient être financées par l'impôt.

Nos pistes de réflexion pour une réforme ambitieuse

Au-delà des orientations que nous opposons au projet du gouvernement, nous souhaitons ouvrir une réflexion sur le système de retraites que mettrait en place un gouvernement du Front de Gauche.

Savoir où aller, c’est d’abord se souvenir de ses origines : l’ordonnance fondatrice d’octobre 1945 sur la Sécurité sociale. Son exposé des motifs mérite d’être rappelé; il souligne, en des termes qui sont toujours d’actualité, les principes constitutifs qui sont au fondement de notre sécurité sociale ; ceux là mêmes que nous opposons aux coups que la droite voudrait porter à notre protection sociale.

«La Sécurité sociale est la garantie donnée à chacun qu’en toutes circonstances il disposera des moyens nécessaires pour assurer sa subsistance et celle de sa famille dans des conditions décentes. Trouvant sa justification dans un souci élémentaire de justice sociale, elle répond à la préoccupation de débarrasser les travailleurs de l’incertitude du lendemain, de cette incertitude constante qui crée chez eux un sentiment d’infériorité…» «La Sécurité sociale appelle l’aménagement d’une vaste organisation nationale d’entraide obligatoire qui ne peut atteindre sa pleine efficacité que si elle présente un caractère de très grande généralité à la fois quant aux personnes qu’elle englobe et quant aux risques qu’elle couvre. Le but final à atteindre est la réalisation d’un plan qui couvre l’ensemble de la population du pays contre l’ensemble des facteurs d’insécurité; un tel résultat ne s’obtiendra qu’au prix longues années d’efforts persévérants….»

Ambitieux, prématuré, au lendemain de la Libération, ce projet s'est heurté aux résistances de certaines professions et n’a pu être pleinement concrétisé.

L'histoire nous a donc laissé une multiplicité de régimes entraînant des inégalités significatives. Or à carrière similaire, le montant de la retraite devrait être équivalent. Actuellement, si les petites retraites du secteur public sont un peu meilleures, sauf pour les femmes, que celles du secteur privé, les cadres du public sont eux désavantagés. Ainsi la retraite moyenne versée par la CNACRL (fonction publique hospitalière +territoriale) est de 1150 euros contre 1200 euros en moyenne dans le secteur privé. Seule la moyenne de la fonction publique d'Etat est plus élevée à 1800 euros, mais cela est dû au poids des enseignants qui relèvent de la catégorie A. En réalité, mieux vaut être un cadre retraité de Total que d'EDF. En ce qui concerne les artisans et commerçants, leur système de retraite est déjà totalement aligné sur celui du régime général. Leur pension de retraite sont actuellement équivalentes à celles du secteur privé ainsi que leur âge moyen de départ en retraite.

C’est pourquoi, afin de donner aux retraites une lisibilité qu’elles n’ont pas, nous voulons conforter et élargir le Régime Général.

Par ailleurs, les salariés subissent désormais des carrières professionnelles multiples, heurtées, morcelées, ce qui se traduit au moment de la retraite par l’addition de plusieurs pensions de retraites souvent pour des petits montants, chacune dépendant de règles différentes, et dont le total est incompréhensible. La situation de « polypensionné » est désormais très largement répandue et ne cesse d’augmenter.

N'est-il pas temps, dans le respect des spécificités propres aux différents régimes, que les salariés, et

de façon plus large tous ceux qui relèvent d’un « régime aligné » (salariés agricoles, RSI) puissent se retrouver dans un dispositif clarifié ?

Deux voies d’évolution, distinctes mais complémentaires peuvent être envisagées :

o Le régime général a vocation à devenir le régime de base de tous. Les règles de liquidation des retraites du Régime général s’appliquent d’ores et déjà aux retraites de base des régimes dits « alignés » ; d’autres régimes pourraient faire leurs, ces règles. Leur spécificité se matérialisant par la création d’un régime complémentaire spécifique permettant aux différentes catégories de salariés de préserver les droits qui sont les leurs.

o Le régime général a vocation à devenir le régime unique des salariés. L’existence d’un « salaire plafond » limite l’espace contributif du RG. Ainsi les retraites qu’il sert sont insuffisantes pour assurer les « moyens suffisants »voulus par l’ordonnance de 1945. Aussi, cette insuffisance a entraîné la création des régimes complémentaires du privé : rapide pour les cadres (l’AGIRC a été créé en mars 1947), tardive pour les non cadres (l’ARRCO date de décembre 1961). Le RG pourrait progressivement conquérir cet espace ; le déplafonnement des cotisations en serait un levier essentiel.

Conclusion

Au-delà de la répartition des richesses, c’est un choix de société qui se joue.

Ce n’est pas l’intérêt général des retraités et futurs retraités qui guide les choix du gouvernement. Alors que les Etats se sont lourdement endettés pour sauver les banques, les plus « fragiles » comme la Grèce sont aujourd’hui attaqués — avec le concours des agences de notation internationales — par une spéculation qui s’enrichit sur leur dette. Avec sa contre-réforme de régression sociale et d’austérité budgétaire, Sarkozy veut envoyer aux financiers et aux banquiers un message destiné à les rassurer : la politique menée préservera leurs profits !

Nous n’acceptons pas cette logique capitaliste libérale qui fait fi du bien-être des populations.

Depuis un siècle et demi, les progrès technologiques, les gains de productivité, les luttes sociales, ont permis la diminution du temps de travail et l’augmentation du temps libre, par la réduction journalière (journée de 8 heures) ou hebdomadaire (48, 40, 35 heures), par la réduction annuelle (congés payés), par la réduction sur la vie (retraite à 60 ans). On travaille aujourd’hui deux fois moins longtemps qu’en 1900 mais on produit beaucoup plus de richesses. Il nous faut maintenant prendre aussi en compte les limites de la planète. Cela n'invalide pas l'exigence d'une autre répartition des richesses, au contraire, cela exige d'intégrer la solidarité et la responsabilité par rapport à notre planète dans la réflexion sur le type de répartition des richesses à l'échelle de notre pays et plus globalement à l'échelle planétaire. L’alternative est donc entre les exigences de rentabilité du capital et les aspirations au progrès et à l’émancipation humaine.

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17 juin 2010 4 17 /06 /juin /2010 13:10


                                                                   Retraites : travailler plus pour gagner moins !


www.lepartidegauche.fr

Secteur Etudes du Parti de Gauche

 


La réforme des retraites présentée par le gouvernement est un véritable rouleau compresseur contre le travail :
- âge légal de départ repoussé de 60 à 62 ans,
- durée de cotisations relevée à 41,5 annuités,
- droit à la retraite à taux plein repoussé à 67 ans.
Et les contreparties en terme de prise en compte de la pénibilité et de taxation du capital sont dérisoires.


􀂄 Relèvement de l’âge légal et de la durée de cotisations : double peine pour les salariés.
En combinant recul de l’âge légal et hausse de la durée de cotisations, le gouvernement applique la double peine aux salariés : travailler plus pour gagner moins.
La poursuite du relèvement de la durée de cotisations de 40,5 annuités jusqu’à 41,5 annuités en 2020 va faire encore baisser le niveau moyen des pensions. Alors que celles-ci ont déjà baissé entre 15 et 20 % depuis les réformes Balladur-Fillon. Le gouvernement s’assied donc allégrement sur son engagement de « ne pas baisser les pensions » pourtant formulé dans son document d’orientation du 14 mai.
Ce relèvement de la durée de cotisations va amplifier l’application de la « décôte » sur les pensions instaurée par la loi Fillon. Et même dans l’hypothèse où ils travailleraient jusqu’à 65 ou 66 ans, les salariés ayant des durées insuffisantes de cotisations, comme les femmes aux carrières fractionnées, verront quand même baisser leur pension. En effet le gouvernement a décidé de relever de 65 à 67 ans l’âge à partir duquel la décôte cessera de s’appliquer aux salariés n’ayant pas atteint une durée suffisante de cotisations.
Le relèvement de l’âge légal de départ de 60 à 62 ans va pénaliser en premier lieu ceux qui ont commencé à travailler tôt. Et en choisissant une application rapprochée à 2018 (à raison de + 4 mois par an de juillet 2011 à 2018) plutôt qu’à 2020 ou 2030 comme envisagé initialement, cette mesure sera encore plus brutale. C’est donc principalement sur le dos des ouvriers et des employés que seront faites des économies. D’autant que cette mesure est présentée par le gouvernement comme le pivot de sa réforme, dont il sera l’élément le plus « rentable ».
Alors même que Nicolas Sarkozy s’était engagé en 2007 et en 2008 à ne pas relever l’âge légal de la retraite :
- « Le droit à la retraite à 60 ans doit demeurer. » (interview de Nicolas Sarkozy au
Monde le 27 janvier 2007)
- interrogé sur RTL le 27 mai 2008 sur la perspective de relèvement de l’âge légal, Sarkozy avait aussi répondu très clairement : « j’ai dit que je ne le ferai pas. Je n’en ai pas parlé pendant ma campagne présidentielle. Ce n’est pas un engagement que j’ai pris devant les Français. Je n’ai donc pas de mandat pour cela »
Ce mensonge montre que le gouvernement et Sarkozy profitent de la crise pour aller encore plus loin dans la casse du système de retraite que ce qu’ils avaient pu espérer faire il y à 2 ou 3 ans.

􀂄 Une machine à produire du chômage et des déficits
L’explosion du nombre de chômeurs âgés sera l’autre effet dramatique du relèvement de l’âge légal.
Aujourd’hui les deux tiers des travailleurs sont déjà hors emploi quand ils atteignent 60 ans. Alors que les entreprises se débarrassent déjà en masse des salariés à partir de 55 ans, on voit mal pourquoi elles les garderaient de surcroît jusqu’à 62 ans. Les 2/3 des actifs contraints d’attendre de 60 à 62 ans pour partir en retraite risquent donc d’être chômage ! Concrètement cela représente environ 750 000 actifs et donc une hausse potentielle du chômage de       465 000 personnes à partir de 2020. Avec une allocation moyenne de 13 000 euros par an versée aux chômeurs indemnisés, ces 465 000 nouveaux chômeurs représenteraient un coût supplémentaire de 6 milliards d’euros par an pour les Assedic. Cela conduirait donc à augmenter de 60 % le déficit actuel de l’assurance chômage (10 milliards en 2010).
Non seulement le gouvernement ignore ce risque d’augmentation du chômage, mais il prétend même contre toute vraisemblance récupérer des « excédents » virtuels de l’assurance chômage pour financer les retraites à horizon de 2018. Pour cela il table sur une baisse du chômage sans proposer pourtant la moindre mesure pour l’emploi. Et alors qu’au contraire sa réforme va augmenter le chômage !
D’autant que l’emploi des seniors est justement le parent pauvre des annonces du gouvernement. Il vante des mesures qui existent déjà et dont l’efficacité est nulle. Le cumul emploi-retraite ne concerne par exemple que 2 % des retraités. Et l’obligation pour les entreprises de plus de 50 salariés de signer un accord sur l’emploi des seniors est la plupart du temps piétinée par les entreprises. Et quand elles le signent, cela ne garantit pas véritablement l’emploi des seniors et se contente d’améliorer l’information ou le tutorat des salariés (parfois pour mieux les préparer à leur licenciement avant la retraite !).
La seule mesure nouvelle avancée par le gouvernement est une aide supplémentaire pour les entreprises. Il s’agit d’une aide à l’embauche de chômeurs de plus de 55 ans qui représenterait 14 % du salaire brut. Plutôt que de pénaliser financièrement les entreprises qui se débarrassent de leurs salariés après 55 ans (comme le faisait la contribution Delalande supprimée par la droite), le gouvernement préfère donc verser une nouvelle aide aux
employeurs. Une mesure qui est totalement contradictoire avec l’objectif de rééquilibrage des comptes. Car si cette aide marchait, son coût amputerait d’autant les économies faites pour les retraites grâce au maintien au travail de salariés jusqu’à 62 ans.


􀂄 Carrières longues et pénibilité : des annonces bidons

Pour faire passer la pilule du recul de l’âge légal, le gouvernement a prévu quelques mesures de pur affichage, dont l’application ne concernera qu’une infime partie des salariés.
Les annonces sur la pénibilité relèvent d’une grossière aumône. Choisis « individuellement » parmi les invalides, malades professionnels et victimes d’accidents du travail, à peine 10 000 salariés par an pourront bénéficier de ce dispositif et ainsi espérer partir avant 62 ans. Il n’existera donc aucun droit collectif lié à la pénibilité du travail.
Les annonces sur les carrières longues sont tout aussi illusoires. Le gouvernement prétend « pérenniser et élargir » ce dispositif de la loi Fillon de 2003 qui a permis à 600 000 personnes de partir avant l’âge légal en ayant commencé à travailler très jeunes. Or le gouvernement oublie de préciser qu’il a considérablement réduit ce dispositif depuis 2 ans. Alors qu’il bénéficiait à plus de 100 000 bénéficiaires par an jusqu’en 2008, les critères ont été fortement resserrés et le nombre de bénéficiaires est tombé à 30 000 en 2009. Or le gouvernement propose aujourd’hui d’en faire bénéficier 90 000 personnes à horizon 2015. Présentée comme une avancée (« élargir le dispositif carrières longues »), cette annonce sera donc en fait un recul puisque le nombre de bénéficiaires sera moins important en 2015 qu’il ne l’était en
2008 ! Cette annonce ne constitue donc nullement une contrepartie de masse à l’allongement de la durée légale qui frappera de plein fouet les ouvriers et employés ayant commencé à travailler jeunes.


􀂄 Baisse du salaire des fonctionnaires et retraite à 62 ans pour les infirmières
Les fonctionnaires sont aussi touchés de plein fouet. L’augmentation de près de 3 points deleurs cotisations retraites diminuera leur salaire net. Et cela ne rapportera rien au régime deretraites par répartition et ne contribuera donc pas à rééquilibrer les comptes de la sécurité sociale comme on l’entend parfois dans les médias.
Cette hausse de cotisations des fonctionnaires est particulièrement injuste car :
- les fonctionnaires cotisent certes moins (7,85 % contre 10,55 % dans le privé) mais ils bénéficient d’un taux de remplacement plus faible : 77 % contre 84 % pour les salariés du privé pour une carrière complète. Et leurs primes ne sont pas prises en compte dans le calcul de leur retraite à la différence du privé.
- les salaires des fonctionnaires sont plus bas que dans le privé à niveau de diplôme égal ; ils reculeront donc encore !
- les salaires des fonctionnaires ont déjà reculé depuis plusieurs années, faute de revalorisation à la hauteur de l’inflation (rien que sur 2008 les salaires des fonctionnaires ont été revalorisés de 0,8 % alors que l’inflation était de 1,9 %, soit une baisse de 1,1 % du salaire net !)
Avec cette baisse de salaire des fonctionnaires, le gouvernement s’aligne sur les plans d’austérité élaborés par le FMI dans plusieurs pays d’Europe.
Les fonctionnaires vont aussi subir le relèvement de l’âge légal et de la durée de cotisations. Y compris pour les métiers dits d’ « active », dont la dangerosité ou la difficulté justifiait jusque là des départs à 50 ou à 55 ans. Pompiers, policiers, douaniers, gardiens de prison, contrôleurs aériens et égoutiers devront ainsi travailler 2 ans de plus alors que leurs conditions de travail se sont lourdement dégradées sous l’effet de la RGPP et de la politique du gouvernement. Pire, les infirmières ont non seulement perdu depuis quelques mois l’acquis de leur départ en retraite à 55 ans en vertu du nouveau statut infirmier, mais les infirmières nouvellement recrutées devront désormais travailler jusqu’à 62 ans ! Une véritable provocation compte tenu des conditions de travail dans les hôpitaux notamment.

 

􀂄 Les riches et le capital passent entre les gouttes
A eux seuls fonctionnaires seront plus mis à contribution que l’ensemble du capital et des hauts revenus. A horizon 2020, ils seront ponctionnés de 4,9 milliards par an contre 4,6 milliards pour le capital et les hauts revenus.
Si l’on regarde au niveau de l’ensemble de la réforme, l’injustice du projet du gouvernement est résumée par un chiffre : 90 % des efforts seront supportés par les travailleurs et 10 % seulement par le capital et les hauts revenus. Ces derniers ne paieront que 4 milliards d’euros sur les 42 milliards de besoin à couvrir à l’horizon 2018. Ces 4 milliards sont dérisoires comparés aux 30 milliards d’euros par an de baisses d’impôts distribuées par la droite aux plus riches depuis 2002.
Le relèvement de 1 point de la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu (passage de 40 à 41 %) est particulièrement dérisoire quand on sait que ce taux supérieur est passé de 52,75 % à 40 % depuis que la droite est arrivée au pouvoir en 2002. Cette mise à contribution est donc purement symbolique et sans commune mesure par rapport aux avantages engrangés par les hauts revenus depuis 2002.


􀂄 Aucune garantie pour l’équilibre des comptes

Comme la réforme Fillon de 2003, qui devait garantir l’équilibre jusqu’en 2020, cette réforme sera aussi inefficace. D’emblée, le gouvernement a ramené ses engagements sur 2018, alors qu’il avait d’abord affiché des prétentions à « 2020 ou 2030 » et qu’il avait même préparé le débat sur les retraites en agitant des chiffres à 2050. Cela suffit à démontrer la malhonnête du procédé. Cette réforme ne rétablira de toute façon pas l'équilibre des comptes en 2018 comme elle le prétend. Comme on l’a vu, elle ne propose aucune mesure pour créer les emplois nécessaires à son financement. Et elle va même contribuer à augmenter le chômage.
Faute de dégager des ressources nouvelles en partageant les richesses, le gouvernement a trouvé une grossière astuce. Il veut éponger les déficits qui vont s’accumuler jusqu’en 2018 en dispersant les actifs du Fonds de réserve des retraites. Doté de 33 milliards d’euros, principalement grâce aux marges de manoeuvre dégagées sous le gouvernement Jospin, ce fond n’était pourtant destiné qu’à équilibrer les régimes entre 2020 et 2050. Le gouvernement
continue ainsi le dépeçage des ressources publiques sans le moindre scrupule pour l’appauvrissement durable de l’Etat que cela induit. Il prépare ainsi la faillite générale du système par répartition. Et son remplacement par la capitalisation.
Face à un tel rouleau compresseur, un double mot d’ordre s’impose à nous.
Exiger le retrait du projet de réforme du gouvernement dans les mobilisations du 24 juin puis celles qui suivront notamment à la rentrée.
S’engager à abroger ces mesures si un gouvernement du Front de Gauche arrive au pouvoir en 2012.
C’est le sens des communiqués de presse diffusés mercredi 16 juin par le Parti de Gauche dès l’annonce par le gouvernement de cette réforme (communiqués ci-après).

 


Communiqué de presse de Martine BILLARD,
députée de Paris, porte-parole du Parti de Gauche
Retraites : travailler plus pour gagner moins


"Etre juste c'est travailler plus" a osé dire Woerth. Mais pour ce gouvernement, ce n'est pas faire payer les hauts revenus. Ceux-ci ne participeront qu'à hauteur de 10% des nouvelles recettes (3,7 milliards). Une fois de plus, les salariés paieront pour que les vrais privilégiés gardent leurs privilèges. Cette réforme apporte peu de solutions aux problèmes de financement des retraites. Elle siphonne le Fonds de Réserve des retraites pourtant prévu pour garantir le versement des pensions en 2020. Elle fait baisser les montants des pensions pour obliger à terme les salariés à en passer par la capitalisation pour vivre dignement.
En repoussant le départ en retraite à 62 ans, la retraite à taux plein à 67 ans et en augmentant de 3 points le taux de cotisation des fonctionnaires, c'est un véritable plan d'austérité qui ne dit pas son nom qui est mis en place. Ce sont les femmes, les précaires et les salariés usés par l'intensification du travail qui en seront les principales victimes. Les quelques mesures cosmétiques sur les congés maternités et le cas par cas pour la pénibilité ne compenseront pas la dégradation des conditions de liquidation desretraites.
Ce plan, c'est la fin du droit à une retraite heureuse.

 

 

 

Communiqué de presse du Parti de Gauche (PG)
Retraites : nous abrogerons ces mesures.
La réforme des retraits présentée ce matin par le gouvernement n'est pas une surprise. Le pouvoir s'est toujours refusé dogmatiquement à envisager des ressources nouvelles suffisantes.
Son idéologie sous-jacente est de faire travailler les salariés jusqu'à ce qu'ils soient « usés et cassés » comme l'a dit le ministre Woerth. Dès lors ses seules propositions ne pouvaient être que l'allongement de la durée de cotisation et le recul de l'âge légal. C'est désormais officiel avec, pour faire bonne mesure, une ponction immédiate sur les fonctionnaires qui ne rapportera pas un centime au régime général de retraites mais qui imite les plans d'austérité imposés dans plusieurs pays européens.
Le Parti de Gauche défend pour sa part un partage des richesses qui permettrait de financer les retraites. Il se bat pour une société en rupture avec le productivisme. Il croit au progrès social et au droit émancipateur à la retraite. C'est pourquoi le PG combattra ces mesures et s'engage à les abroger si un gouvernement du Front de Gauche arrive au pouvoir en 2012.

 


Communiqué de Jean-Luc Mélenchon,
président du Parti De Gauche
Fin de la retraite à 60 ans
Aujourd'hui est jour de tristesse et de colère. La fin de la retraite à 60 ans c'est la fin d'un monde. Avec Nicolas Sarkozy l'injustice sociale est consacrée reine. L'âge de départ a la retraite est reporté, les pensions vont baisser, les salaires des fonctionnaires aussi, les petites paies vont être pressionnées. Et tout cela pour rien car cette réforme est inutile. Elle ne rétablira pas l'équilibre des comptes. Mais elle va augmenter la durée du chômage des seniors et aggraver ainsi les déficits des autres régimes sociaux.
Le moment venu, au pouvoir, la gauche devra annuler toutes ces mesures injustes et rétablir la retraite.

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16 juin 2010 3 16 /06 /juin /2010 17:48

 

En cliquant sur le lien ci-dessous vous aurez, en vidéo, l'analyse par Gérard Filoche de la réforme des retraites.

 

Il lui reste à convaincre la majorité du Parti socialiste dont il est membre.

 

Sachez également que le Ps après avoir dénoncé des "réformes" élaborées et mises en place par des gouvernements de droite, n'est jamais revenu dessus en accédant au pouvoir.

A bon entendeur, salut !

 

 

 

http://www.dailymotion.com/video/xcwzc2_reforme-des-retraites-lanalyse-de-g_news

 

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23 mai 2010 7 23 /05 /mai /2010 06:55

 

Retraites : les mensonges du gouvernement

 

www.lepartidegauche.fr

Secteur Etudes du Parti de Gauche

 

Le Document d'Orientation sur la Réforme des Retraites n'apporte pas de révélations majeures sur ce que sera cette réforme. Le gouvernement a choisi l'augmentation de la durée de cotisation et le report de l'âge légal de la retraite depuis le début et s'y tient. Mais aucune piste n’est vraiment détaillée ce qui permet à la droite d’empêcher la mobilisation sociale de se cristalliser.

Les arguments du gouvernement restent les mêmes et reposent sur de nombreuses inexactitudes et utilisations partielles et partiales de données économiques et démographiques.

 

Le grand écart entre 2020, 2030 et 2050

Le gouvernement se fixe l’objectif de garantir l’équilibre à « 2020 ou 2030 » alors que toute sa communication depuis un mois s’appuie sur des projections à 2050 aussi alarmistes que fantaisistes. Après un mois de matraquage sur les 100 milliards par an à trouver à échéance 2050, on découvre que le gouvernement ne prétend en fait que s’occuper de l’échéance « 2020 ou 2030 » … ce qui d’ailleurs reste très flou puisque le besoin de financement correspondant fluctue entre 45 et 70 milliards par an ! On voit ici que l’équilibre des comptes n’est pas en réalité la préoccupation du gouvernement. Il se contente d’utiliser les déficits pour durcir sa politique dans un sens plus libéral.

Ce nouvel engagement de maintenir l’équilibre à 2020 est cocasse alors que la loi Fillon de 2003 prétendait déjà « rééquilibrer le système d’ici 2020 » (l’exposé des motifs du projet de loi disait « le projet de loi présenté par le gouvernement permet de rééquilibrer le système d’ici 2020 ») ! Comment faire confiance au même François Fillon alors que ses précédents engagements de 2003 ne valaient rien !

 

Des contre vérités démographiques et économiques

Dès l’introduction, le gouvernement reprend l’argument selon lequel l’allongement de la durée de vie impose de travailler plus vieux, et met en avant l’augmentation du nombre de retraités (p. 2) sans mettre en avant l’augmentation de la population totale, par exemple. Il a choisi de prendre l’espérance de vie à la naissance qui a augmenté de 15 ans depuis 1950 (p.2), en oubliant que ce gain ne résulte qu’en partie de l’allongement de la vie après 60 ans.

Et il enchaîne sur le rapport entre le nombre d’actifs par rapport à celui des retraités (p.2). Certes, il y avait 4 actifs pour un retraité en 1960 et aujourd’hui 1,7. Mais la productivité horaire du travail a plus que doublé dans la même période, c'est-à-dire que 1,7 actifs produisent aujourd’hui autant que ce que produisaient 4 actifs en 1960. Et mettre en avant le rapport entre actifs et retraités, c’est oublier deux points : d’une part parmi les actifs il y a les chômeurs, d’autre part ceux qui travaillent produisent les moyens d’existence de tous ceux qui ne travaillent pas : enfants, chômeurs, retraités, personnes en étude ou en formation, femmes au foyer et aussi rentiers ! Ce qui est important c’est donc le rapport entre le nombre de travailleurs occupés et le nombre de retraités. Et plus généralement le rapport entre le nombre de travailleurs occupés et le nombre de personnes qui ne travaillent pas, quelque soit leur statut.

Enfin il met en avant les déficits estimés pour 2030 et 2050 (p.2) sans les rapporter à la production totale : 100 milliards d’euros par rapport à un PIB de 4 000 milliards d’euros, soit 2,5%.

Malgré la présentation de bonnes intentions _« Une société dans laquelle l’égoïsme entre générations n’a pas sa place, […] dans laquelle l’égoïsme entre les générations n’a pas sa place, […] dans laquelle les Français retrouvent la confiance dans leur système de retraite, […] dans laquelle l’effort est réparti de manière équitable. » (p.3)_, le gouvernement avoue que « c’est une réforme de société » (p. 2) et donc qu’il s’agit d’une réforme qui va remettre en cause les solidarités construites par le système par répartition.

 

Le document se divise en 4 parties elles-mêmes divisées en 14 engagements que prend le gouvernement.

 

Une fausse garantie du régime par répartition

 

« I Restaurer la confiance dans le système français de retraite »

« Engagement n°1 : sauvegarder le système de retraite par répartition. Le Gouvernement ne souhaite pas passer à un système fondé sur la capitalisation. […] Il proposera des mesures permettant à davantage de Français de compléter leurs pensions de retraite en recourant à des dispositifs d’épargne retraite, mais sans remettre en cause l’équilibre actuel entre la répartition et la capitalisation. » (p. 3).

Le gouvernement prend comme premier engagement de ne pas s’attaquer au système par répartition. Pourtant, la baisse des pensions, consécutives aux différentes réformes et la réforme Fillon ont déjà introduit une part de capitalisation dans le système, notamment avec les PERCO (Plan d’épargne pour la retraite collectif). C’est le même processus qui va se poursuivre avec la nouvelle baisse des pensions que va entraîner la réforme 2010 et avec l’incitation au recours à des dispositifs d’épargne retraite.

Le système par répartition et le système par capitalisation sont deux systèmes contradictoires.

Dans le premier, les salariés et les retraités ont les mêmes intérêts : augmenter les salaires et augmenter le nombre de cotisants, c’est aussi augmenter les cotisations retraites ; dans le second pour augmenter les retraites, il faut augmenter le rendement du capital, donc diminuer les salaires et supprimer des emplois. Ce qui sert d’assiette et de base à la répartition serait donc progressivement rogné. Le risque est donc que le système par capitalisation grignote progressivement le système par répartition.

Le système par répartition est d’autant moins garanti que les pistes privilégiées par le gouvernement ne permettraient nullement de combler le besoin de financement à 2020 et 2030. Les dernières projections du COR indiquent que le recul de l’âge légal de 60 à 63 ans ne permettrait de couvrir que la moitié du besoin de financement en 2030. La solution privilégiée par le gouvernement (voir ci-après) n’est donc nullement en mesure de garantir l’équilibre en « 2020 ou 2030 ».

 

Une fausse garantie du niveau des pensions

Le gouvernement s’engage à « ne pas réduire les déficits en baissant les pensions des retraités d’aujourd’hui [ et …] de demain » (p. 5). Il faut d’abord signaler que les réformes de 1993, 2003 et 2007 ont entraîné une baisse du taux de remplacement (calculé par rapport au dernier salaire perçu). On estime que ce taux de remplacement devrait baisser du fait de ces réformes entre 1995 et 2030 de 20 points. Pourtant, la droite avait affirmé que le passage de 37,5 annuités à 40 annuités était le moyen de ne pas baisser des pensions. Les pensions baissent, car les retraites sont calculées en fonction du nombre de trimestres cotisés (si vous avez cotisé 150 trimestres vous toucherez 150/160e de la retraite à taux plein). A cela s’ajoute une décote par trimestre non cotisé. A cause du chômage de masse, due aux politiques néolibérales, les salariés auront beaucoup de difficulté à atteindre les 168 trimestres (dans un cas de 42 annuités nécessaires) de cotisation et subiront donc la double peine. L’enjeu de cette réforme est non seulement de nous faire travailler plus longtemps, mais surtout de baisser nos pensions sans le dire explicitement. Ce qui permettra le développement de la capitalisation et mettra dans la misère ceux qui n’ont pas de capacité d’épargne suffisante.

Il s’engage aussi à ce que le pouvoir d’achat des pensions soit garanti (p. 5). Faut-il rappeler que la réforme de 1993 a indexé le montant des pensions sur l’évolution des prix et non plus des salaires, alors que les salaires augmentent un peu plus vite que les prix. Et même cette garantie de l’indexation des pensions sur les prix (article 27 de la loi Fillon) n’a pas été respectée, ni dans le privé, ni dans le public, si l’on regarde l’évolution des pensions entre 2000 et 2009.

Le gouvernement s’engage à « améliorer la compréhension et l’information des Français sur

leurs futurs retraites » (p. 5). Selon le gouvernement il y a trop de régimes obligatoires différents. Certes, il y en a 35, mais aucun retraité ne touche 35 pensions différentes, un retraité touche en moyenne 2,3 pensions différentes. La difficulté de savoir à quelle âge et quel sera le montant de la retraite ne vient pas du grand nombre de régimes, mais des réformes passées, cela sera accentué par la réforme du gouvernement.

 

Problème démographique ou problème d’emploi ?

« II Répondre à la véritable cause du déséquilibre de nos régimes de retraite : la démographie » (p. 6)

L’augmentation de la part des retraités dans la population entraîne l’augmentation du besoin de financement des retraites. Il faut donc combler ce besoin de financement à moins que l’on veuille que les retraités vivent dans la pauvreté et soient directement à la charge de leurs enfants (en vivant à leur domicile par exemple).

Comme nous l’avons dit à propos de l’introduction de ce document, ce qui est important c’est le nombre de personnes travaillant et la productivité de ce travail par rapport aux nombres de personnes qui ne travaillent pas, et pour le financement des retraites le nombre de cotisants, le montant des cotisations par rapport aux nombres de retraités et au montant de leur retraite. Pour financer les retraites, une solution est donc d’augmenter le nombre de cotisants. Que l’on sache il y a aujourd’hui plusieurs millions de chômeurs en France, qui ne sont pas cotisants. Leur procurer un travail permettrait d’augmenter les recettes de l’assurance retraite. Mais le gouvernement écarte le retour au plein emploi des moins de 60 ans pour combler le besoin de financement. Il prend comme base un chômage à 4,5 % ou à 7 %. Mais il reconnaît qu’une baisse du chômage, même partiel, diminuerait les besoins de financement. Que ne le fait-il !

 

Le refus de partager les richesses

Le gouvernement refuse la hausse des prélèvements obligatoires. Il affirme qu’en France le niveau des prélèvements obligatoires est trop important en amalgamant les transferts sociaux (sécurité sociale notamment) et les impôts qui financent des dépenses collectives. Les retraites payent en grande partie des achats auprès d’entreprises privées… Et faut-il rappeler que les prélèvements obligatoires payent des biens et services consommés par les particuliers et les entreprises. Que le financement des dépenses soit ou non socialisé, ces dépenses ont en très grande partie lieu : la part des dépenses de santé aux USA est plus importante qu’en France.

Il exclut notamment « une hausse généralisée des cotisations sociales » (p. 7). Pourtant le rapport du Conseil d’Orientation des Retraites de 2010 affirme que « l’effet positif d’une hausse du taux de cotisation sur le solde du régime est immédiat et durable. ». Dans son rapport de 2001 le COR estimait qu’il faudrait augmenter les cotisations de 15 points pour combler le besoin de financement en 2040 avec un taux de remplacement de 78 %. Cela représente une augmentation de 0,37 points par an, qui pourrait être réparti ainsi 0,25 points pour la part patronale et 0,12 pour la part salariale.

Mais le gouvernement refuse à priori cette option. Pour cela il dramatise l’augmentation des cotisations sociales nécessaire : 3,8 points en 2010, sans signaler qu’il s’agit d’une année de crise. Et il affirme que cela aboutirait à la destruction de 200 000 emplois. Ce chiffre est très contestable. En effet, il y aurait destruction d’emplois, si l’augmentation des cotisations entraînait une augmentation des prix pratiqués par les entreprises. Ce qui n’est pas une fatalité. Le gouvernement ignore aussi les travaux répétés de la cour des comptes qui ont pointé l’inefficacité pour l’emploi des exonérations de cotisations sociales dont bénéficient les entreprises (30 milliards). Le gouvernement brandit notamment les risques de toute hausse de cotisation pour l’industrie, alors que les 2/3 des exonérations de cotisations bénéficient au secteur des services !

Le gouvernement vend la mèche. Il postule la « stabilité du partage de la valeur ajoutée » (p.7), en s’alignant ainsi sur les positions du MEDEF. Et en tournant le dos aux engagements de Nicolas Sarkozy qui a prétendu à plusieurs reprises « poser la question du partage de la valeur » et qui réclamait que « la valeur » soit « mieux partagée dans notre pays » Le président avait encore affirmé le 15 février 2010 à l’Elysée que «le temps est venu pour les entreprises d’aborder la question du partage du profit avec leurs salariés».

Visiblement ce n’est plus le moment pour le gouvernement ! Il refuse d’augmenter les cotisations sociales, car cette augmentation se ferait au détriment des profits. Le COR estime que le besoin de financement du système de retraite s’élèvera entre 1,7 % et 3 % du PIB en 2050. Or les dividendes représentent 8,5 % du PIB. En diminuant les dividendes de 1,7 à 3 points (de 8,5 % à 6,8 ou 5,5 %), la compétitivité des entreprises ne serait pas atteinte et le besoin de financement du régime de retraite serait comblé. La droite ne veut pas mettre à contribution les profits, et même veut les augmenter en diminuant le montant de nos retraites.

 

Une taxation homéopathique du capital et des hauts revenus

« Le Gouvernement n’exclut pas, dans une logique d’équité, de prévoir de nouveaux prélèvements sur des assiettes et des revenus ciblés. » (p. 7). Il annonce une « contribution supplémentaire de solidarité sur les hauts revenus et les revenus du capital ». Mais son assiette et son taux restent inconnus. Celle-ci ne servirait pas à assurer l’équilibre des régimes de retraite mais seulement à abonder le Fond de solidarité vieillesse. Cela indique que cette contribution risque d’être homéopathique. Si elle ne rapporte que quelques milliards, ce sera une goutte d’eau par rapport aux 30 milliards annuels de baisses d’impôts accordés aux plus riches par les gouvernements de droite depuis 2002 ! Mais par cette annonce le gouvernement pourra dire que l’effort est partagé.

 

Priorité à l’allongement de la durée d’activité = priorité au chômage !

Le gouvernement présente l’allongement de la durée d’activité comme le « socle » de sa réforme.

Il avance pour cela deux leviers (p. 8 et 9) :

« l’augmentation de la durée de cotisation pour bénéficier d’une retraite à taux plein » (p.

8). Le nombre de trimestres qui seront exigés n’est pas donné.

« l’augmentation de l’âge de l’ouverture des droits à la retraite » (p. 9), c'est-à-dire les 60

ans.

D’après lui, ces mesures permettront de ne pas baisser les pensions et de ne pas diminuer la compétitivité des entreprises (p. 8). Cela repose sur le faux argument de la démographie, qui ne prend pas en compte l’augmentation de la productivité. Et le gouvernement affirme que retarder l’âge de départ à la retraite permet d’augmenter le nombre de cotisants. Cette affirmation serait vraie, s’il n’y avait pas de chômage. Or, la plupart des salariés ne sont pas libres de cesser plus tard leur activité. Le gouvernement ne signale pas que 60 % des salariés du privé ne sont pas en activité lorsqu’ils prennent leur retraite. Mais il met en avant que dans la fonction publique la réforme Fillon a fait reculer l’âge de départ en retraite d’un an et quatre mois depuis 2005 (p. 9). Mais faut il rappeler que les fonctionnaires jusqu’à présent ne sont que très difficilement licenciables, contrairement aux salariés du privé. Mais cela ne va pas durer à cause des autres contre-réformes mises en place par la droite… Le gouvernement affirme que les salariés seront d’autant plus forcés de travailler plus longtemps que beaucoup ont commencé à travailler plus tard que leurs aînés (p. 8). Quel cynisme quand on sait que les politiques néo-libérales et la rigueur maintiennent le chômage de masse.

Sans avancer aucune preuve, le gouvernement prétend qu’ « augmenter la durée d’activité améliorera nécessairement le taux d’emploi des seniors ». Or aujourd’hui le taux d’emploi des 55-64 ans est de 38 % ! Cela signifie qu’au moins les 2/3 des actifs contraints d’attendre 63 ou 64 ans pour partir en retraite seraient au chômage !

Le nombre de départs à 60 ans se situant aujourd’hui autour de 350 000 par an, le relèvement de l’âge de départ à 63 ans augmenterait le chômage de plus de 650 000 personnes, en maintenant le taux d’emploi actuel des 55-64 ans (seulement 38 % des 1,05 millions d’actifs supplémentaires maintenus en activité de 60 à 63 ans auraient un emploi et les 62 % restants soit 650 000 personnes seraient au chômage).

Cela creusera encore le déficit de l’assurance chômage. Avec une allocation moyenne de 13 000 euros par an versée aux chômeurs indemnisés, ces 650 000 nouveaux chômeurs représenteraient un coût supplémentaire de 8,4 milliards d’euros pour les Assedic. Cela conduirait donc à quasiment doubler le déficit actuel de l’assurance chômage (10 milliards en 2010).

Le gouvernement ne propose pourtant aucune solution pour lutter contre le chômage de masse des plus de 55 ans. Il s’en remet à l’évolution volontaire des politiques de ressources humaines des entreprises ! Et les mesures qui permettaient aux salariés âgés de 55 à 60 ans de pouvoir continuer à travailler disparaissent une à une : il n’y a plus de contrôle sur les licenciements, plus de contribution Delalande (qui pénalisait financièrement les entreprises se débarrassant des seniors) et les obligations liées aux plans sociaux sont affaiblies.

Repousser l’âge de départ à la retraite risque donc de se solder par une explosion du chômage sans aucun effet bénéfique pour les comptes des retraites. Alors que le gouvernement écrit par ailleurs qu’il faut « écarter toute solution qui augmenterait le chômage » !

 

Des contreparties illusoires

A partir de là (p. 10 à 14), le gouvernement développe ses engagements qui doivent permettre de rendre plus acceptables cette diminution déguisée des pensions.

L’allongement de la durée de cotisation se fera de manière progressive, sans doute pour éviter une réaction trop forte des travailleurs les plus proches de l’âge de la retraite.

Le gouvernement s’engage à « tenir compte de ceux qui ont eu une vie professionnelle plus difficile » (p. 10). Le dispositif permettant à certains salariés ayant commencé à travailler à 15, 16 et 17 ans de partir avant l’âge légal sera prolongé, mais aucune précision n’est donnée sur l’âge qui permettrait d’en bénéficier. C’est logique vu que l’allongement de la durée de cotisation n’est pas chiffré dans ce document.

Autre mesure devant compenser ce recul qu’est l’allongement de la durée d’activité : « tenir compte de la pénibilité de certaines carrières » (p. 10). Faut-il rappeler que l’espérance de vie en bonne santé à 60 ans est de 63,1 ans pour les hommes et 64,2 ans pour les femmes. Reculer l’âge de la retraite, c’est donc empêcher que chacun puisse bénéficier des meilleures années de la retraite. Il existe de fortes inégalités entre catégorie socioprofessionnelles. Cette mesure pourrait donc sembler juste. Mais pourquoi alors s’être attaqué aux régimes spéciaux qui permettaient notamment à des salariés ayant exercé des métiers pénibles de partir plus tôt à la retraite ? Il aurait fallu étendre ces régimes spéciaux. Moduler l’âge de départ selon la pénibilité s’accompagnera de l’acceptation du maintien de conditions de travail très difficiles et très dangereuses. Le gouvernement est en train de liquider la médecine du travail. Enfin une telle mesure permet de diviser les salariés. Au lieu de se battre pour la retraite à 60 ans à taux plein pour tous, certaines professions devront se battre pour être intégrée dans ce dispositif. Ce qui est défavorable au rapport de force pour tous les salariés. Et sur ce point le gouvernement ne présente rien de précis, car la reconnaissance de la pénibilité est un mirage.

« III Renforcer l’équité et la solidarité de nos régimes de retraite » (p. 12)

Le gouvernement s’engage à « adapter les mécanismes de solidarité des régimes de retraite à la réalité des besoins sociaux » (p. 12). Les régimes de retraites prennent en compte des trimestres qui n’ont pas été cotisés : chômage indemnisé, une part du chômage non indemnisé, maladie, invalidité, maternité. Le gouvernement affirme que « les règles de validation de ces périodes assimilées seront donc simplifiées, afin de renforcer leur lisibilité » (p. 13), puis qu’il « souhaite s’assurer que les règles actuelles permettent de couvrir de manière satisfaisante la réalité des aléas de la vie professionnelle ». (p. 13) Ce gouvernement a sans doute oublié que les gouvernements de droite se sont attaqués à la majoration de durée d’assurance qui accordait un an par enfant aux mères dans la fonction publique et deux ans dans le régime général. Cette suppression entraînera une baisse encore plus importante des pensions des femmes, déjà très inférieures à celle des hommes. Est-ce cela tenir compte des aléas de la vie professionnelle pour les femmes ?

Le gouvernement s'engage à « poursuivre la convergence entre les régimes de retraite du public et du privé » (p. 13). Le gouvernement affirme que la réforme s'appliquera de la même manière aux salariés du privé qu'aux salariés du public. Et le gouvernement annonce une  refonte particulière des régimes de la fonction publique sans en dire plus : mode de calcul des pensions peut être.

 

Une taxation homéopathique du capital et des hauts revenus

« Le Gouvernement n’exclut pas, dans une logique d’équité, de prévoir de nouveaux prélèvements sur des assiettes et des revenus ciblés. » Il annonce une « contribution supplémentaire de solidarité sur les hauts revenus et les revenus du capital ».

Mais son assiette et son taux restent inconnus. Celle-ci ne servirait pas à assurer l’équilibre des régimes de retraite mais seulement à abonder le Fond de solidarité vieillesse1. Cela indique que cette contribution risque d’être homéopathique. Si elle ne rapporte que quelques milliards, ce sera une goutte d’eau par rapport aux 30 milliards annuels de baisses d’impôts accordés aux plus riches par les gouvernements de droite depuis 2002 !

Donc le gouvernement ne propose aucune recette supplémentaire pour les caisses de retraite. Ce qui signifie malgré toutes ses dénégations que son objectif est bien de baisser les pensions, pour justifier ensuite soit le passage à un système de comptes notionnels soit l'obligation de fait de recourir à la capitalisation comme le réclame de nouveau à corps et à cri le Medef.

Le rapport s'achève sur les deux mensonges répétés à l'envie par le gouvernement : il voudrait « le maintien d'un taux de remplacement satisfaisant pour les assurés et l'amélioration du taux d'emplois des seniors » (p ; 14). Mais nous l'avons vu il n'en est rien. L'objectif est bien de baisser les pensions pour augmenter les profits et pour rendre inévitable le passage au système par capitalisation. Pour éviter une forte mobilisation, il vaut faire croire qu’il s’agit simplement de travailler plus longtemps, car nous vivons plus vieux. Travailler plus, pour faire gagner plus aux rentiers.

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