article de Denis Chapelle
Aujourd’hui impossible de regarder les actualités, de lire les journaux, d’écouter un débat politique sans échapper au discours sur l’avenir des retraites.
Systématiquement on nous sert le blabla habituel : allongement de la durée de la vie, de moins en moins d’actifs (cotisants) pour de plus en plus d’inactifs
(retraités) pour justifier l’allongement de la durée des cotisations, l’augmentation des prélèvements.
Pour ma part j’ai quelques remarques sur ce mono-discours ambiant en prenant mon exemple personnel, semblable à beaucoup d’autres.
Agé de 49 ans, demandeur d’emploi depuis décembre 2007, j’essuie refus sur refus lorsque je candidate pour un poste correspondant a mon savoir-faire. En marge des théories, des analyses fumantes du gouvernement, je constate dans les faits que passé 46 ans nous ne valons plus grand-chose dans le monde du travail, mais on continue à dire qu’il faudrait travailler plus longtemps ! Il va falloir qu’on m’explique cette logique aussi stupide qu’injuste.
Que doit penser le maçon plein de rhumatismes, d’arthrose, qui, sa vie durant à charrié des sacs et des sacs de ciment, à travaillé en extérieur de longs hivers quand on lui dit qu’a 60, 61, 62, 63 ans il lui faudra partir dans le froid encore et encore pour sauver le régime de retraites par répartition.
Nous sommes en droit de poser aux politiques un certain nombre de questions. En commençant par la mise à plat de la retraite des parlementaires (députés et sénateurs) qui voteront les lois qui nous enverront trimer plus longtemps. En posant la question sur le calcul de la retraite des fonctionnaires qui s’effectue sur les 6 derniers mois d’activité alors que celle du maçon la sienne est calculée sur les 20 dernières années.
La France n’a jamais été aussi riche que maintenant contrairement à ce qu’on prétend pour nous faire avaler des réformes injustes. Il suffirait de faire cotiser au régime de retraites le fruit du capital, les revenus de la spéculation pour revenir dans les clous.
J’ai reçu dernièrement un article dénonçant un «oubli», mais surtout exprimant la volonté de mettre main basse sur nos salaires différés puisqu’en fin de compte la retraite est un salaire provisionné payé à la fin de son activité.
Voici cet article, ci-dessous.
Retraites : un oubli qui en dit long…
Dans son article « Financement des retraites : l’enjeu des cotisations patronales », Bernard FRIOT, professeur d’économie et sociologie à l’université Paris X, écrivait : « On oublie
toujours, quand on raisonne sur l’avenir des retraites, que le PIB progresse d’environ 1,6 % par an, en volume, et donc qu’il double, à monnaie constante, en 40 ans. C’est pourquoi nous
avons pu multiplier par 4,5 les dépenses de pension depuis 1960 ».
Pourquoi une information aussi déterminante est-elle censurée ? Parce que tout simplement un petit calcul facile, montrerait que ceux qui nous gouvernent, nous prennent pour des demeurés.
En effet : si aujourd’hui 10 actifs produisent un gâteau de 100 et qu’ils ont à charge 4 retraités.
C’est 14 personnes qui se partagent un gâteau de 100. Ainsi la part de chaque personne est de (100 : 14) soit 7,14.
- Si dans quarante ans, 10 actifs produisent un gâteau de 200 et qu’ils ont à charge 8 retraités. Ce seront 18 personnes qui se partageront un gâteau de 200. Ainsi la part de chaque
personne sera de (200 : 18) soit 11,1.
C’est limpide ! Il sera donc possible de financer des
retraites au même niveau qu’avant leurs réformes à remonter le temps. De plus, la part de gâteau restante pour l’investissement et l’élévation du niveau de vie sera bien plus importante
en 2040 (en monnaie constante).
Alors, où est donc le problème ?
Pourquoi cet acharnement à détruire un système qui fonctionne bien ? Parce que le système social français, mis en place par le
Conseil national de la résistance (CNR) en 1945, met en rage les hommes d’affaires et les financiers pour des raisons évidentes.
Par exemple, il leur est impossible de réaliser des plus values « boursières » sur 40% de notre part salariale (les fameuses cotisations sociales patronales) qui payent notre retraite et
notre santé, en toute dignité et responsabilité. N’oublions pas que ces cotisations sociales représentent notre salaire différé qui est le fruit de notre travail. Il ne s’agit ni
d’assistanat ni de charité patronale comme le laisse entendre une mauvaise propagande.
Et c’est bien là que se situe tout l’enjeu de leurs réformes : les classes dirigeantes rêvent de faire main basse sur
notre salaire différé. Pour s’emparer de cette « galette », leur stratégie consiste à réduire nos
droits pour nous contraindre, de plus en plus, à financer notre santé et notre retraite par des assurances privées.
Ils ont d’ailleurs déjà commencé : les réductions de cotisations patronales se multiplient depuis 2002 et atteignent déjà près de 30 milliards chaque année. Combien de ces 30 milliards sont allés aux investissements productifs ? Combien d’emplois créés ? Quelle efficacité au regard des sommes englouties ? Quelle évaluation ? De plus, le fait que notre système fonctionne bien sans aller faire un tour sur les tapis verts des casinos boursiers met en évidence l’inutilité et le rôle prédateur des acteurs de la sphère financière.
Ceci est confirmé de façon magistrale dans le Monde Diplomatique de Février sous le titre : «
Faut-il fermer la bourse? »