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5 octobre 2016 3 05 /10 /octobre /2016 09:21

Source : http://www.dailymotion.com/video/x86xgh_08-jose-saramago-portugal-sur-la-de_news

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On dit, pour faire taire les impatients, que la démocratie est le moins mauvais de tous les systèmes politiques connus jusqu’à aujourd’hui, et probablement le moins mauvais de tous les systèmes envisageables pour le futur.

Il ne manque pas aussi de gens pour dire que sans la démocratie il n’y aurait pas de droits de l’homme. On oublie cependant d’ajouter que sans la reconnaissance et le respect effectif des droits de l’homme, la démocratie restera toujours un vain mot, une promesse constamment ajournée, une espérance quotidiennement frustrée.

On dit que, parmi les ombres qui défigurent le visage de la démocratie, elle avance malgré tout dans la bonne direction, et que l’impatience qu’en d’autres temps on qualifiait de non révolutionnaire n’est pas non plus démocratique.

Soyons donc patients.

Avec la patience nous gagnerons le ciel, avec la patience nous finirons par gagner la terre. Ne demandons pas comment ni quand, soyons patiemment obéissants.

La patience n’est pas seulement une vertu chrétienne ; elle est aussi, après mûre réflexion, la seule solution raisonnable pour se diriger dans le labyrinthe fou qu’est devenue la vie de l’espèce humaine. C’est ce qu’on dit, ou qu’on insinue.

Simplement, la sortie supposée du labyrinthe par la porte de la patience ne nous conduit qu’à la résignation et au conformisme.

Soyons donc impatients.

Impatients, parce que cette démocratie politique, dans laquelle on nous permet de vivre, est une démocratie limitée dans son expansion, bloquée dans ses mouvements, amputée dans son intégrité. Une apparence, une façade, un fantôme, qui fuit le contact pour que ne soit pas définitivement révélé sa pauvre identité de fantôme.

Nous vivons à l’intérieur d’une bulle démocratique qui flotte au gré des courants et des tourbillons économiques que la démocratie elle-même ne peut orienter, ni discipliner.

Dans cette bulle de démocratie formelle, tout parait fonctionner à la perfection. Nous avons des partis politiques, nous avons des élections, nous avons des parlements, nous avons des gouvernements, nous avons des juges et des tribunaux, nous avons des droits et des libertés, et aussi les devoirs qui sont supposés leur être inhérents. Nous pouvons renverser un gouvernement qui ne nous a pas compris, ou qui n’a pas tenu ses promesses, pour le remplacer par un autre qui fera d’autres promesses qu’il ne tiendra probablement pas.

Nous changeons le gouvernement, mais nous ne changeons pas le pouvoir. C’est le paradoxe de la démocratie, telle que nous l’avons acceptée et telle que nous la pratiquons. C’est la contradiction à laquelle nous n’avons pas réussi à échapper jusqu’à présent.

La démocratie est régie par des pouvoirs qui ne sont pas démocratiques, les gouvernements élus par le peuple se sont transformés en commissaires politiques chargés d’appliquer les décisions de pouvoirs qui ne sont pas issus d’un vote populaire et qui ne sont pas contrôlés par les organismes représentatifs de la volonté des citoyens. De cette union du paradoxe et de la contradiction est née l’authentique schizophrénie politique dans laquelle on nous oblige à vivre.

L’impatiente n’est peut-être pas réellement révolutionnaire. Mais peut-être est-ce le moment de nous demander si l’avenir de la démocratie ne réside pas justement dans l’impatience des citoyens ? Impatience contre la résignation, impatience contre le conformiste. En un mot l’impatience contre ceux qui nous ont fait perdre patience.

C’est tout

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