« Pour la première fois sous la V République la gauche est majoritaire au Palais du Luxembourg ». Ou cet autre titre : « Historique ! Le Sénat bascule à gauche ».
Il n’en est pas un, médias et tous partis de gauche confondus qui ne qualifient l’évènement de cette manière.
C’est oublier un peu vite que de 1958 à 1968, le Sénat a été présidé par un divers gauche, du nom de Gaston Monnerville. Gaston Monnerville qui, en 1972 lors de la scission radicale, a choisi le Parti Radical de Gauche (PRG) composante du programme commun, et non le Parti Radical Valoisien qui ralliait la droite dans ce mouvement qui voit les grands et vieux partis de gauche se droitiser en prenant du ventre.
C’est oublier encore que Sénat s’est montré à l’époque suffisamment emm…. pour de Gaulle pour que ce dernier envisage de lui faire un sort en souhaitant le réformer pour qu’il n’ait qu’une voix consultative, ce qu’il a tenté de faire lors du référendum perdu de 1969 qui a conduit le Président-monarque à quitter le pouvoir.
Il faudrait vérifier si la majorité sénatoriale était plus large que la majorité partisane, ou l’inverse, mais une chose est sûre le Sénat était un boulet pour de Gaulle, et Gaston Monnerville, et la gauche à laquelle il appartenait, y était pour quelque chose.
Historique ! Cela fait plaisir. Pourquoi pas !
Cela étant dit le Parti de Gauche peut se réjouir de la poussée à gauche qui fait basculer la majorité sénatoriale car, ne l’oublions pas, ce type d’élection est le fait des grands électeurs, autrement dit des notables. Que ces derniers en aient par-dessus la tête de la politique de l’hôte élyséen - restrictions budgétaires pour les collectivités locales,…- est bon signe. Mais il y a davantage, il faut comprendre que les élus se repositionnent dans la perspective d’un avenir différent et qu’ils entendent être réélus et, de ce fait, donnent des gages aux électeurs en se montrant sous un profil plus conforme à l’air ambiant. De ce point de vue ils sont un bon baromètre de ce qui s’annonce.
Maintenant laissons la parole à Martine Billard co-présidente du Parti de Gauche qui s’exprime ainsi sur le site national du Parti de Gauche :
« A ces Sénatoriales, le Front de Gauche a confirmé sa dynamique, ses candidats présentés sous sa bannière voyant une progression significative du score du seul PCF en 2004. A l'intérieur du Front de Gauche, le tout jeune parti qu'est le Parti de Gauche note avec satisfaction le score de 16,5 % atteint par ses candidats dans le Puy de Dôme et le Lot et de 11 % dans les Hautes Pyrénées. Le PG a choisi de soutenir la progression de la gauche. Pour sa part, le PS a choisi des alliances aboutissant, avec l'aide d'un mode de scrutin handicapant, à l'exclusion de notre formation du sénat.
Alors que les cantonales, dernier scrutin au suffrage universel, place le Front de Gauche comme la 2ème force à gauche avec près de 11 % des suffrages, les sénateurs du Front de Gauche ne représenteront que 6 % de la prochaine haute assemblée ce qui dit bien le caractère antidémocratique de ce scrutin indirect.
Pour le Parti de Gauche, un sénat à gauche devrait dorénavant s'opposer aux politiques de la droite jusqu'aux élections de 2012 où Il appartiendra au peuple et au suffrage universel de décider d'un autre destin à notre pays.
Le sénat devra alors être profondément remis en cause par une Assemblée constituante que le Parti de Gauche appelle de ses vœux. »
La gauche, avec toute sa diversité, est donc majoritaire. Bien !
Espérons qu’il n’y aura pas des débauchés pour permettre la réélection au perchoir de celui qui a jusqu’ici présidé cette assemblée. Cela devrait se passer normalement d’autant que le vent de l’histoire et les citoyens poussent Sarko vers la sortie et qu’il est rare qu’on rejoigne le camp de celui dont on sait les jours comptés.
Maintenant le parti d’où, normalement, va sortir le futur président est : le PS. Qu’est-ce que cela signifie ? Bien malin est celui qui le sait. S’il s’avère désormais et théoriquement plus difficile d’obtenir une majorité lorsque les 2 chambres sont réunies en Congrès, n’oublions pas que le TCE est passé du fait de la connivence, à Versailles, de la droite et du PS. Aussi gardons nous d’un trop grand enthousiasme, il conviendra à la gauche de veiller au grain, et de près.
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