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3 juin 2019 1 03 /06 /juin /2019 20:48

Il vaut mieux gagner que perdre.

Cela étant, il faut considérer qu’une élection mobilise l’électorat différemment d’une autre élection (présidentielle, législative, municipale).  Aussi, doit-on comprendre que des résultats ne sont ni transposables, ni comparables.

Pour les élections européennes, il faut mesurer leur importance en ne perdant pas de vue que la politique conduite par l’Union européenne est définie par les chefs d’État et de gouvernement, par la Commission européenne, et qu’un parlementaire européen n’est que de faible poids. Cela l’électeur le sait, au point de faire des élections européennes un enjeu national qui était en la circonstance de dégager Macron plus que de voter pour un parti ou un mouvement (avec prime à celui le mieux placé).

Tout au plus doit-on comprendre que les ‘citoyens européens’ (regardons les résultats en Europe au lieu de faire du nombrilisme) ne sont plus en phase avec leurs dirigeants actuels (dégagisme des partis traditionnels), comme on doit comprendre qu’un changement de la politique européenne est liée aux changements des gouvernants-oligarques nationaux (sans cela point de salut).

Il n’est pas nouveau que le RN (ex FN) et EELV scorent aux européennes. Il n’y a pas de quoi se martyriser outre mesure. Il reste qu’il faut prendre en compte que l’extrême-droite gagne du terrain en Europe, cependant en distinguant une extrême-droite est et une extrême-droite ouest européenne qui ne s’accordent pas. Tant en France qu’en Europe la carte est noire.

A la suite de l’élection présidentielle et de l’européenne, il faut admettre que le RN (ex FN) s’ancre dans le champ français, ce n’est pas une observation anodine. Nos fâchés pas fachos sont fachos de fait, à l’instar des mitlaüfer qui ont autorisé le nazisme. Être fâché n’induit pas le droit de faire n’importe quoi (voter pour le RN) (d’autres choix pouvaient être faits). Marrant comme un coup on se gargarise de l’‘arc républicain’, puis comme un autre coup il passe de mode (esprits versatiles).

Certains se réjouissent de la baisse de l’abstention. Constatons qu’elle demeure importante. Quand la fièvre baisse de 41° à 40°, c’est un mieux, mais c’est tout de même une forte fièvre qui dit qu’on est toujours malade, très malade. Le problème de l’abstention demeure et n’est pas en voie d’être résolu par la loi (et par Macron).

Les gilets jaunes en exercice et ceux qui les soutiennent

  • n’ont été que de peu d’influence sur le résultat. Sinon a la marge. On ne peut pas dire qu’ils aient été d’un grand bénéfice pour LFI qui pourtant avait un programme qui pouvait leur convenir (on verra pourquoi).
  • ont rejoint pour la plupart leur écurie d’origine (il y en a même qui ont voté pour la liste LREM, cherchez l’erreur).

Si on fait le total des listes ‘capitalistes’ (Jadot, PS compris,… compatibles avec le marché) et ce celles qui ne le sont pas, il n’y a pas photo : le capitalisme a de beaux jours devant lui. Sous le pavé, il y a toujours la plage consumériste, quoiqu’on en dise). Hégémonie culturelle loin d’être gagnée à ‘gauche’ et nécessité toujours plus pressante de l’éducation populaire.

Les jeunes, dit-on, ont voté écolo, ont voté Jadot. Faudra aider à distinguer plus fermement entre l’écologie de marché et l’écologie sociale, l’écologie vernis et l’écologie planifiée, l’écologie slogan et l’écologie comme structurant la politique. C’est le flou artistique dans certaines têtes (éducation populaire). Pas plus que l’habit ne fait pas le moine, le vert ne fait pas l’écolo.

Macron a perdu cette élection pour s’être engagé personnellement mais résiste suffisamment pour continuer sa politique qui conduit à terme à la prise du pouvoir par l’extrême-droite. Le capitalisme n’a pas d’état d’âme (Berlin 1933). Macron fourrier du RN ?

Le moins qu’on puisse dire c’est que les résultats ne sont pas brillants pour La France insoumise.

L’insoumis est un genre volatile. Il ressemble fort à l’indigné.

En cette circonstance l’histoire de la FI est celle de l’âne de Buridan qui ne savait se décider entre l’eau et le picotin et qui est mort de soif et de faim. A hésiter entre le populisme et l’union des gauches disparates (tant dans le contenu que dans les alliances), entre l’Union européenne soit on la change soit on la quitte et une nébuleuse qui dit sans dire tout en disant et en ne disant pas (stratégie floue et sans cap), en n’assurant pas le souverainisme,…, il est arrivé ce qui est arrivé à Podemos. A remarquer que la FI était avertie par certains des siens, depuis le début, de l’échec au devant duquel elle courait (ce n’est donc pas une surprise pour tout le monde).

La venue de la société civile dans la liste de la FI ne pouvait signifier des arrangements avec le programme établi collectivement pas la FI. La notion de membre de la société civile est parfaitement incompréhensible (ou on fait de la politique ou on n’en fait pas), on voit mal pourquoi un individu apporterait sa touche individuelle à un programme construit collectivement (coucou qui pond ses œufs dans le nid d’un autre). D’autre part, à vouloir être tendance et à vouloir attraper tout le monde (Vegan,…) on court le risque d’en faire fuir d’autres, beaucoup d’autres.

Le scrutin national aux européennes ne permet pas de s’identifier (absence de personnalisation), ne n’est pas traduit par un travail de terrain (curieux qu’il n’y ait pas eu une réunion avec un ténor dans l’Aude réunissant plusieurs centaines, voire un millier de citoyens). Pas de labourage de terrain et donc pas d’ancrage local. Faut dire aussi que la plupart des comités de soutien ont été très discrets ces temps-ci, et qu’il faut bien faire la différence entre un indigné (souvent à géométrie variable) et un militant.

FI. Perdre une élection ne signifie pas changer de leader, surtout quand il est le plus souvent bon. Perdre une élection c’est s’interroger sur ce qui a foiré pour y remédier.

Cela étant, une défaite peut être passagère (et riche d’enseignement). La vie politique continue.

Contrairement à ce qui est dit la FI (mouvement et non parti) n’est pas atteinte par le dégagisme comme on peut le lire ici et là. Son programme collectif (et non personnel) est en concordance avec l’air du temps ( RIC, référendum révocatoire, défense des services publics, souverainisme, 6ème république,…). Il faut seulement qu’elle l’assume sans tergiverser.

Et maintenant ?

Les municipales sont à l’horizon. Faisons le pari que les alliances des partis ‘à gauche’ seront celles de la gamelle et des sièges (comme d’hab) et que les partisans de la stratégie du rassemblement des partis aux européennes vont douloureusement éprouver leur chimère. Nécessité de listes insoumises (dans lesquelles les insoumis passent du stade indigné à celui de militant du mouvement) afin de procéder à un ancrage dans chaque parcelle du territoire.

Les considérations sur les élections européennes ne doivent pas faire oublier que la politique est un mouvement continu et que rien ne changera sans une nouvelle constitution, ce qui donne la feuille de route à venir : travailler à rassembler pour promouvoir l’idée d’une 6ème République et la réflexion et l’écriture collective d’une nouvelle constitution (ateliers constituants).

Et surtout, surtout, ne pas oublier qu’il y a un programme instruit collectivement sur lequel s’appuyer et qui a fait ses preuves lors des présidentielles.

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