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7 avril 2019 7 07 /04 /avril /2019 08:33

« Les scènes filmées dans ce reportage ont été immortalisées par les caméras du monde entier, très présentes à l'image au sein du cortège funèbre, et ont ému les populations au-delà des frontières chiliennes. En effet, les images à elles seules suffisent à traduire l'émotion qui traverse cette foule après une disparition qui, avant le putsch du 11 septembre, aurait certainement suscité un deuil national officiel. Or le Prix Nobel de littérature 1971, fêté comme une légende vivante à son retour au pays un an plus tôt, est considéré par le nouveau pouvoir militaire comme un des chantres de l'idéologie communiste, que les soldats cherchent à anéantir en brûlant les ouvrages "subversifs". L'autodafé, filmé en gros plan au début du reportage, est perçu dans la mémoire collective comme le symbole de l'installation des régimes dictatoriaux et répressifs.

Or le commentaire du journaliste vient étayer cette impression générale d'un pays vivant sous surveillance policière. Le reportage est particulièrement bien construit car le journaliste a su ménager des silences afin que le téléspectateur entende des Chiliens issus de toutes les générations scander des vers d'un poète qu'ils disent immortel : " Pablo Neruda presente! No muerto!" La caméra, plongée au milieu de la foule de manifestants, accompagne la triste marche, d'abord silencieuse puis rythmée par l'Internationale, des admirateurs du poète jusqu'au cimetière où sa veuve, Mathilde Urrutia, reçoit de nouveaux témoignages de sympathie.

L'événement prend toute sa portée dramatique lorsque le reporter évoque les représailles auxquelles seront soumises les personnes qui ont eu le courage de manifester publiquement (leurs visages sont d'ailleurs cadrés en gros plan) leur tristesse et leur attachement au poète, et à ses idées. A la fin du reportage, le commentaire se fait incisif : le journaliste rend hommage à sa manière à Pablo Neruda en citant, sur des images de militaires cadrés en plan serré, quelques vers les comparant à des prédateurs face à des victimes affaiblies ». 

Emeline Vanthuyne

 

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« Le poète et homme politique chilien, Pablo NERUDA, est décédé le 23 septembre 1973 d'un cancer du pancréas, à la Clinique Santa Maria de Santiago. Images du cortège, du cercueil, de la maison du poète, saccagée, interview de l'ambassadeur de Suéde au Chili, en français. Le cercueil est porté dans le parc. Déclaration de Nemecio ANTUNEZ, directeur du musée de Santiago, Matilde URRUTIA, veuve du poète, devant la maison détruite, Radomiro TOMIC, candidat démocrate chrétien en 1970 »

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