Il suffisait d’écouter ces jours derniers les interventions des Gilets jaunes sur les médias, notamment lors de l’émission la Grande explication (LCI), pour prendre conscience que la manifestation parisienne du 1ier décembre se passerait un ton au-dessus. Moins prévisible était la forme que prendrait cette même manifestation en province. De grandes métropoles (Bordeaux, Toulouse, …) ont été le théâtre d’affrontements, mais pas seulement elles. Tarbes, Auch, Saint-Etienne, Dijon, Charleville-Mézières, Tours, Puy-en Velay, Narbonne,… autant dire le pays entier est entré dans la tourmente.
Il y avait des casseurs quasiment de profession, et on doit le déplorer. Mais il y avait surtout des personnes exaspérées, et on sait où mène le désespoir pour se montrer plus réservé dans la condamnation.
En toutes choses, il faut chercher la genèse. Les revendications des Gilets jaunes, énoncées dans leur plate-forme, expriment les difficultés dans lesquelles la majorité des français se trouvent du fait de la politique économique et anti-sociale Macron-Philippe, et, d’une certaine façon, ces revendications sont une porte de sortie pour autant que le gouvernement consente à les prendre en considération. Ce qui n’était point de cas de Buenos-Aires où Macron était, de Paris où le gouvernement n’a consenti à rien en campant sur ses positions inflexibles.
De retour de son voyage d’affaires, Macron réunit le gouvernement aujourd’hui. Que sortira-t-il de cette réunion ? Rien ou peu de choses certainement, le ministre de l’Intérieur, Castaner, laissant entendre que l’état d’urgence pourrait être mis en œuvre, des syndicats de police (Alliance et Commissaires) émettant le souhait de l’intervention de l’armée. Le gouvernement se fait de plus en plus autoritaire, en cela : rien de bon et mauvais préssage.
La suite des évènements ? Qui peut la dire ? Si on doit craindre la réaction du gouvernement, on doit craindre aussi celle des timorés (on sait l’opinion versatile).
On entend, ici ou là, à la faveur d’un bref moment de lucidité, de la part de rares membres du gouvernement, que la manifestation est légitime, de la part de quelques parlementaires LaREM que les revendications sont légitimes. Légitime, dit le Littré : « Il se dit en général des choses fondées sur un droit ou une raison qu'on ne pourrait violer sans injustice ou déraison ». Alors ! si c’est légitime, pourquoi ne pas satisfaire, au nom de la raison, les revendications ?