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18 novembre 2017 6 18 /11 /novembre /2017 07:06

Sait-on combien la langue est chargée de construction mentale, sociale, ainsi ‘ma’ femme’, ‘mon’ homme, que chacun se plait à employer sans bien se rendre compte qu’il est là un système d’appartenance, de propriété. Notre rôle est d'interroger les mots. Que cachent-ils, qui nous échappe, derrière l’apparente et néanmoins réelle affection, l’implicite et tangible déclaration d’amour ? Qu’en est-il de la liberté individuelle lorsque tout un système se met en place pour aliéner - le terme est épatant qui renvoie aussi à la folie - l’un à l’autre ?  Cela reste en suspend, sans réponse, et pour cause : il n’y a pas de question. ‘Ma’ femme, ‘mon’ mari, 'mes enfants' ; il est là une famille, et des biens. Cela nous semble naturel - notre société en a besoin pour transmettre l’héritage- mais non point aux Na de Chine - https://www.scienceshumaines.com/une-societe-sans-pere-ni-mari-les-na-de-chine_fr_9600.html . Les mots sont chargés de ce qui nous échappe ; au profit de quoi ? Notre liberté est relative à un système donné. Le pire de certains systèmes est qu’est établie une hiérarchie entre l’homme et la femme, et que les mots aident à y consentir avec bonheur. Il est des mots chargés qui n’ont pas de masculin, ainsi celui de pute, de maîtresse, … Des expressions, il est comme des mots. Un homme baise une femme tandis qu'une femme est baisée (forme active, forme passive). La femme se donne à l’homme, tandis que l’homme prend la femme. ‘Je t’appartiens’, déclare volontiers la femme à l’homme. Admirable ! Interrogeons notre façon de parler pour voir ce qui est véhiculé. Mais revenons au Na de Chine qui pratiquent ‘l’amour furtif’ : point de propriété, point d’héritage, point de jalousie, point de complexe d’Œdipe (pfut ! envolé Freud, à la revoyure !), point d’industrie cinématographique, de romans avec crimes passionnels, …

Si tout n’est peut-être pas construction, il reste que beaucoup l’est. Et il nous faut naviguer dans tout cela.

Exergue

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Source : https://www.marianne.net/societe/mort-francoise-heritier-anthropologue-avenir-des-relations-hommes-femmes

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Propos recueillis par Alexis Lacroix et Christine Lambert

 

Françoise Héritier est morte à l'âge de 84 ans, a-t-on appris ce mercredi 15 novembre. Il y a quelques années, l'anthropologue et féministe nous avait accordé un long entretien sur l'avenir des relations hommes-femmes, développant une pensée moderne qui éclaire aujourd'hui encore notre société. Nous vous le restituons ici.

Mort de Françoise Héritier15 novembre 2017

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L'anthropologue française est morte à l'âge de 84 ans, a-t-on appris ce mercredi 15 novembre auprès de son éditrice Odile Jacob. Professeure honoraire au Collège de France où elle a succédé à Claude Lévi-Strauss, François Héritier avait inauguré la chaire "d'étude comparée des sociétés africaines". Elle a également dirigé le Laboratoire d'anthropologie sociale travaillant toute sa vie sur la construction de la hiérarchie entre le masculin et le féminin. Elle a été membre du Conseil consultatif national d'éthique et présidente du Conseil national du sida. Le jury (exclusivement féminin) du prix Femina lui avait remis la semaine dernière un prix spécial pour l'ensemble de son œuvre. Elle venait de publier Au gré des jours où elle se confiait et faisait partager, selon son éditeur, "son amour des mots et son goût de vivre".

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L'inégalité entre hommes et femmes est malheureusement toujours d'actualité, y compris en Occident. A quand peut-on la faire remonter ?

Françoise Héritier : Dater l'origine des inégalités entre les sexes reviendrait à penser qu'il y a eu auparavant une sorte de paradis perdu sans inégalité aucune, car celle-là est la matrice de toutes les autres. Mais, en réalité, cette inégalité a toujours existé, dès le surgissement d'une humanité pensante.

De quelle façon s'est-elle mise en place ?

Elle est née d'une interprétation intellectuelle que les hommes de la préhistoire ont été amenés à fournir pour comprendre des faits qu'ils constataient et ne pouvaient s'expliquer. J'appelle cela des "butoirs pour la pensée". Par exemple, dans le vivant animal, quelle que soit l'espèce, il existe une variante mâle et une variante femelle. Cette observation qui oppose le même au différent a servi de base à une réflexion qui nourrit tous les systèmes de pensée du monde. Les mâles sont semblables entre eux et différents des femelles. Et réciproquement. Se greffe sur ces deux ensembles une série d'oppositions : chaud/froid, supérieur/inférieur, actif/passif, fort/faible..., oppositions qui ne sont jamais neutres, mais dont les termes sont considérés l'un comme masculin et l'autre comme féminin. Ainsi, les hommes sont chauds, supérieurs, actifs ou forts, et les femmes sont froides, inférieures, passives et faibles dans notre manière occidentale de voir. Ce passage du positif au négatif n'a rien à voir avec le sens propre de chaque mot, mais avec l'affectation au masculin ou au féminin. Il s'observe dans toutes les sociétés. On voit donc que, dès l'origine, les humains ont constaté la différence anatomique et physiologique des sexes, et ont cherché à construire un système de pensée là-dessus.

"Ces inégalités n'ont aucun fondement naturel, il s'agit d'une construction mentale qui nous gouverne à notre insu - y compris dans nos sociétés avancées."

Existe-t-il d'autres " butoirs " pour la pensée ?

Certainement. Le sang, par exemple, dont les humains s'aperçoivent vite qu'il est le support de la chaleur, de la vie et du mouvement. Le troisième butoir, le plus important, est le fait que les femelles ont cette capacité étonnante et incompréhensible de se reproduire à l'identique, mais aussi de reproduire des formes différentes d'elles-mêmes. Qu'une femme fasse une fille, on le comprend, mais qu'une femme donne naissance à un garçon, c'est un grand mystère jusqu'à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, car on ignorait l'existence des gamètes. Il a donc fallu trouver une explication, et la réponse logique et rationnelle fut : les femmes font des enfants parce que les hommes les mettent dans leur corps. C'est "la petite graine de papa plantée dans le corps de maman" qui, aujourd'hui encore, reproduit l'explication archaïque. Je lisais récemment un article se réjouissant de l'éducation à la sexualité chez les enfants, où l'on citait avec innocence la phrase d'un petit garçon : "Pour faire des enfants, c'est simple, je mets avec mon zizi une graine dans le trou à bébés." Il avait donc très bien compris que c'était lui qui faisait les enfants ! Et où les met-il ? Pas dans une femme ni dans une mère : dans un "trou" anonyme à bébés ! On ne peut mieux dire que le corps des femmes n'est qu'un réceptacle. Comment se débarrasser d'un système de pensée qui a été aussi superbement agencé ? Ces inégalités n'ont aucun fondement naturel, il s'agit d'une construction mentale qui nous gouverne à notre insu - y compris dans nos sociétés avancées. On peut donc la changer par une autre construction mentale. Je pense d'ailleurs qu'on est en train de le faire, en Occident plus vite qu'ailleurs. Mais nous vivons dans un monde d'impatience. Ces inégalités se sont construites pendant des millénaires, elles ne vont pas disparaître en dix ans. Patientons encore quelques centaines d'années !

La France a connu plusieurs vagues d'immigration, qui expriment aujourd'hui une demande de respect de la diversité des cultures, cristallisée notamment sur les femmes à travers les débats sur le voile ou la burqa...

Je vous arrête : il ne s'agit pas de diversité culturelle ! On ne demande pas à des populations de renoncer à une culture qui leur serait propre, mais de comprendre que cette inégalité des sexes est un système de pensée universel dont nous, Occidentaux, nous extrayons à grand-peine et lentement. Un universel qui ostracise et évince du champ public la moitié de l'humanité.

La pilule vient de fêter ses 50 ans...

Déjà... C'était la première marche vers l'égalité, car elle agit sur le point central de la domination masculine, qui est de disposer du corps des femmes. Lorsque la loi sur la contraception a été votée, un député a dit, c'est resté gravé dans ma mémoire : "Messieurs, si vous votez cela, les hommes perdront la fière conscience de leur virilité féconde." Inconsciemment, ces quatre mots sont toujours en place dans l'esprit de nos élites. Bien sûr, ils pensent théoriquement que les femmes sont les égales des hommes. Mais pas en pratique. Laissez-moi vous raconter une anecdote. Lors d'un séminaire annuel entre professeurs du Collège de France, il y a longtemps, l'historien Georges Duby relève combien il est dommage de ne pas garder trace de ces échanges et s'exclame : "Il faudrait que quelqu'un prenne des notes." J'étais la seule femme, ils m'ont tous regardée, et Duby m'a demandé : "Françoise, est-ce que vous prendriez des notes ?" J'ai répondu que je n'étais pas programmée génétiquement pour les prendre mieux qu'eux. Prendre des notes est une tâche subalterne, qui ne pouvait échoir qu'à une femme. Notre statut était le même, mais j'étais cette femme...

C'est le syndrome de la machine à café dans l'entreprise...

Je le dis toujours : la lutte efficace pour l'égalité commence à partir du moment où les femmes refusent le service du café dans l'entreprise !

La loi sur la parité était-elle nécessaire ?

Il faut parfois un électrochoc pour provoquer un déclic.

Des féministes comme Elisabeth Badinter dénoncent une certaine régression : les femmes se replient de plus en plus sur la maternité et le foyer.

Je suis moins catégorique qu'elle : plutôt qu'un retour en arrière définitif, j'y vois comme un mouvement de balancier. Mais elle a raison, il faut sonner le tocsin dès qu'il y a des flammèches.

Depuis le premier bébé-éprouvette il y a près de trente ans, la société n'a jamais cessé de débattre de la métamorphose de la filiation. Vous-même avez exprimé des réserves sur certains progrès scientifiques, la gestation pour autrui (GPA), par exemple...

Mais la GPA n'est pas un progrès scientifique ! C'est l'utilisation de techniques déjà mises au point - fécondation in vitro et transfert d'embryons -, déplacée dans le champ social. Et cette utilisation marchande demande réflexion. De plus, on veut à tout prix voir de l'altruisme dans la démarche des mères porteuses. Mais où est l'altruisme ? J'y croirai le jour où, comme le dit René Frydman, une bourgeoise proposera de mettre au monde l'enfant de sa femme de ménage. Pour l'instant, les femmes pauvres portent les enfants des autres, et elles sont payées pour cela, ce qui dédouane les commanditaires de toute responsabilité. On voit déjà des cas tragiques, des parents refuser d'accueillir l'enfant porté par une autre femme parce qu'il n'est pas conforme à leurs désirs et le laisser à la gestatrice. Et que pensent les enfants qui voient leur mère donner l'enfant qu'elle a porté ? "Va-t-elle me donner, moi aussi ?" se demandent-ils.

On débat moins de l'utilisation des tests ADN de paternité qui, bien qu'elle soit interdite en France, se généralise grâce à Internet...

Un renversement fascinant : on est aujourd'hui en mesure d'établir avec certitude la paternité, mais c'est la maternité qui devient incertaine. Car actuellement trois femmes peuvent coopérer pour faire un enfant : l'une donne un ovule, l'autre prête son utérus et une troisième donne la filiation et l'accompagnement affectif et social. Comment ne pas voir qu'on offre sur un plateau, au nom de l'égalité entre les sexes, le moyen d'entériner la prééminence du masculin dans la procréation ? Car de tout temps l'homme a voulu être sûr de sa paternité, et il ne pouvait l'être qu'en enfermant la femme.

"La paternité, comme la maternité, n'est pas une situation purement naturelle, liée au biologique, mais un acte qui se construit."

Cette avancée scientifique n'a donc rien d'un progrès ?

C'est même une régression. Pis, c'est une manière sauvage de concevoir la parentalité. La paternité, comme la maternité, n'est pas une situation purement naturelle, liée au biologique, mais un acte qui se construit. Vous avez la responsabilité d'un enfant, vous l'aimez, vous le protégez, vous lui donnez les moyens de vivre... Dans la plupart des cas, le biologique, le social et l'affectif se recouvrent. Mais, quand ce n'est pas le cas, il est dramatique pour les enfants de s'appuyer exclusivement sur le biologique en déboutant le lien social. On voit des cas où l'homme qui a élevé un enfant coupe brutalement les ponts en apprenant qu'il n'est pas le géniteur.

On sent pointer un certain désarroi chez les hommes, qui ont le sentiment que les femmes peuvent se passer d'eux aujourd'hui pour procréer...

Ce grand désarroi, les psychanalystes qui en parlent ont certainement raison. Il est la marque de l'ébranlement récent du système dominant de pensée. Mais la psychanalyse s'est-elle jamais penchée de la même manière sur le malheur féminin à devoir subir ?

Il n'y a donc aucune raison de croire en un avenir égalitaire entre les sexes ?

Si. Les représentations changent lentement, ainsi que les systèmes sociaux, grâce à l'action collective. Il faut que les hommes comprennent qu'il y a des avantages à accepter que les femmes soient libres de leurs pensées, de leurs actes, de leur vie. Qu'on peut trouver un énorme plaisir à discuter d'égal à égale. Qu'on peut trouver un grand repos à ne pas toujours avoir à paraître, à faire état de sa virilité. Ce sont des idées et des comportements qui doivent être inculqués dès le plus jeune âge, avant que le modèle dominant ne s'inscrive dans la tête des enfants. Des études sur les petits enfants en maternelle ont montré que, à 3 ou 4 ans, filles et garçons disent qu'ils ne veulent pas être une femme plus tard, car cette situation est la moins enviable.

La raison culturelle à cette différence se double d'une explication psychanalytique universelle, non héritée : "l'envie de phallus" des filles...

Seulement si l'on accepte comme un dogme - et ce n'est pas mon cas - la pensée freudienne, à savoir que les petites filles ont envie du phallus. Par désir de ce qu'il signifie : la puissance. Mais quand bien même il y aurait cette identification, c'est parce qu'elles voient que la possession du phallus est enviable !

La Cour de cassation a reconnu, le 8 juillet, un statut de parents équivalent à un couple homosexuel. Le mariage des homosexuels, l'homoparentalité, c'est une idée qui fait son chemin ?

Si l'on part de l'idée que le mariage est à l'origine une institution qui "allie" deux familles par l'intermédiaire de deux personnes, le succès du mariage hétérosexué tient à ce qu'il donne des enfants. Mais cette union entre groupes peut se faire avec des personnes de même sexe. Il s'ensuit qu'elles doivent pouvoir bénéficier du droit à l'adoption ouvert aux autres couples. L'arrêt du 8 juillet reconnaît en France une adoption prononcée aux Etats-Unis : celle accordée à la partenaire française d'une Américaine qui a accouché d'une fille conçue par insémination. Cette validation ne pourra en droit être confinée à cette seule situation.

Le couple avec enfants reste le modèle dominant dans notre société...

Une pression sociale terrible s'exerce sur les jeunes femmes, sur les jeunes couples. On continue donc à avoir envie de se perpétuer : c'est le désir, repris socialement de façon extrêmement forte, de transmettre ce qu'on a reçu. Car, si vous êtes là, c'est parce qu'il y a eu des hommes et des femmes avant vous pour vous amener où vous êtes. Et vous les rendez définitivement au néant si vous coupez cette transmission.

Cela se manifeste-t-il de la même façon chez l'homme et la femme ?

Dans une grande partie de l'humanité, on attend que cette transmission soit véhiculée par les hommes, car les femmes sont vues comme des moyens interchangeables. La stérilité féminine est toujours considérée de façon plus dramatique que la stérilité masculine, car elle implique que l'épouse est responsable du fait que son mari n'a pas d'enfants.

Avec les progrès de l'assistance médicale à la procréation, la stérilité n'est-elle pas vécue comme encore plus injuste que par le passé ?

Elle est certainement vécue ainsi, mais nul ne peut être assuré de procréer. Il est par exemple plus difficile d'être fécondée après 30 ans, et encore plus passé 40 ans. C'est une vérité biologique, pas une injustice, comme le disent les médias. On confond aujourd'hui désir d'enfant et droit à l'enfant. Mais avoir un enfant n'est pas un droit.

L'un des noyaux durs de l'inégalité entre les sexes est le travail domestique. Pourtant, on l'évacue pour se concentrer sur le politique, le salarial...

Il n'a jamais été pris en considération. Pas plus que les arrêts de carrière des femmes ou leurs retraites inférieures de près de la moitié à celles des hommes. Vous ne verrez jamais apparaître dans les comptes de la nation la valeur réelle des tâches ménagères et de l'éducation des enfants. Pourtant, si on les sous-traite à une femme de ménage, à une cuisinière, etc., ces tâches représentent un budget considérable ! Mais on considère comme allant de soi que les femmes doivent s'en occuper. Ce n'est pas lié au sexe mais au " genre ", cette représentation du masculin et du féminin qui s'est mise en place depuis les origines de l'humanité. Les femmes y sont d'autant plus poussées que ce sont elles qui nourrissaient les bébés, qui allaitaient. L'esprit fait une sorte de rapport immédiat entre mère et nourriture, et ainsi de suite. Mais il n'y a pas de rapport naturel entre mère et vaisselle, entre mère et aspirateur !

Sur le partage des tâches ménagères, les hommes n'ont rien à gagner !

Ils ont certes plutôt à perdre. Mais imaginez que toutes les femmes en France décrètent : pendant quarante-huit heures, pas de repassage, pas de courses, pas de repas, rien ! Cela pèserait lourd ! Le problème, c'est qu'on demande aux hommes adultes - qui ne sont pas machiavéliques, qui ne veulent pas nécessairement le mal des femmes, mais qui ont été élevés dans la certitude de leur bon droit - de renoncer à beaucoup plus de choses que de simplement mettre la main à la pâte. C'est un énorme chantier, car il faut déconstruire tout un système de pensée.

Comment ?

Il faut donner de la valeur à ce travail occulté. Surtout pas en instaurant un salaire maternel, ce qui reviendrait à entériner l'idée que les femmes sont faites pour cela. Non, il faut qu'hommes et femmes prennent des congés parentaux de durée égale, six mois chacun, par exemple, pris en charge par l'Etat. Mais il faudrait en outre que ces années-là comptent double pour la retraite. Dès lors, on donne au travail domestique une valeur financière. Et là, cela devient incitatif. Je propose cette mesure à l'étude pour les décennies à venir !

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