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5 décembre 2016 1 05 /12 /décembre /2016 17:38

Qui parle de la dette nucléaire que nous allons laisser à nos enfants? Celle du risque que nous courront avec des centrales dont l'Autorité de sécurité nucléaire dit qu'elles sont peu fiables, celle du risque que nous ne pouvons assumer au moment de les démonter parce que nous ne savons pas le faire.

Exergue

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Source : http://tempsreel.nouvelobs.com/planete/20161123.OBS1620/pourquoi-le-gendarme-du-nucleaire-a-decide-de-faire-du-bruit.html

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 "La situation est devenue très préoccupante". Quand ces propos s'appliquent aux centrales nucléaires françaises et qu'ils sont tenus par Pierre-Franck Chevet, président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le gendarme de l'atome, il  y a de quoi éprouver quelques sueurs froides !

Dans une interview donnée ce mercredi 23 novembre au "Figaro", Chevet n'y va pas avec de dos de la cuillère, en racontant comment depuis 2015, l'Autorité a découvert que certaines pièces fabriquées par Areva pour les réacteurs nucléaires étaient d'une qualité médiocre, dissimulée par des dossiers falsifiés (voir notre enquête détaillée à ce sujet)

Comment on nous a dissimulé les dangers du nucléaire

Le 6 novembre dernier, déjà, le même Pierre-Franck Chevet déplorait dans une interview aux "Echos" :

"Nous n'avons jamais connu un tel cumul de problèmes."

Et il y a fort à parier que dans les semaines et mois qui viennent, le président de l'ASN continuera sa campagne d'alerte médiatique. Pourquoi ? Parce qu'il a tout intérêt à prendre à témoin l'opinion publique des problèmes que connaît la filière nucléaire tricolore.

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On ne le sait pas forcément, mais le monde feutré de l'atome vit actuellement une guerre. Et cette guerre, Pierre-Franck Chevet n'est pas du tout certain de la remporter. Depuis sa nomination à la tête de l'ASN en 2012, ce polytechnicien et ingénieur des Mines (autant dire issu du sérail 100% pro-nucléaire) a en effet montré une sévérité inattendue vis-à-vis des géants du nucléaire.

Une sévérité qui a surpris jusqu'aux ONG antinucléaires, peu habituées à tresser les louanges d'une Autorité de l'atome longtemps regardée comme mangeant dans la main d'EDF et d'Areva.

Mais les plus stupéfaits ont été... les acteurs du nucléaire eux-mêmes, habitués jusqu'ici à un entre-soi compréhensif, comme l'explique un bon connaisseur de cet univers :

"Le monde nucléaire vit sur un mode paranoïaque. Donc, Chevet est à leurs yeux le traître, le type qui veut les poignarder dans le dos, l'homme à abattre. Il veut empêcher l'EPR de Flamanville de se construire à cause d'une défaillance de la cuve – ce qu'ils considèrent comme un élément négligeable. Or, si Flamanville capote, ce sont des milliards d'euros de pertes et peut-être l'avenir du nucléaire français qui chavire."

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Dans les palais du pouvoir et dans les ministères, les protestations et coups de fil rageurs se multiplient. Est-ce que l'ASN entend provoquer la mort d'une filière d'excellence de l'industrie française et des 125.000 emplois directs qui vont avec ?

Indépendant du pouvoir politique et donc non-virable, Pierre-Franck Chevet n'en est pas moins soumis à une pression énorme. Il en est, d'après ses familiers, très éprouvé. D'autant que depuis 2012, il réclame au gouvernement un accroissement de ses moyens financiers et de ses troupes, trop maigres pour les chantiers considérables dont il a la charge (en plus du flicage des pièces des centrales, de la vérification du respect des standards post-Fukushima, des travaux pour l'allongement de la durée de vie des centrales...) Or, ces moyens lui ont été refusés, ce qui l'a beaucoup atteint.

Cet homme austère, au sourire rare, a donc compris que les bonnes manières ne servaient à rien pour faire valoir son point de vue. Surtout que, dans la bataille qui se joue autour de Flamanville, l'opinion publique est sa meilleure alliée. Selon notre source :

"Plus le public sera informé des malfaçons et dysfonctionnements du nucléaire français, plus Chevet sera légitime pour faire les gros yeux. Et plus les moyens qu'il réclame auront des chances de lui être accordés."

Son mandat (non renouvelable) arrivera à échéance en novembre 2018. Son successeur nommé par l'Etat sera-t-il plus "coulant" pour complaire aux acteurs du nucléaire, comme le redoutent les ONG ? Nul ne le sait. Mais il reste deux ans au président de l'ASN pour continuer à marquer ses positions et les esprits. Et possiblement, à faire entrer le nucléaire français dans une ère nouvelle : celle de l'exigence

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