Un échange épistolaire de Jacques Julliard (historien) et Jean-Claude Michéa (philosophe) chez Flammarion, des plus nourrissants.
A l’usage de tous, et plus particulièrement à celui des militants dont la prétention louable est de faire de la politique sans trop savoir ce que recouvrent les termes de gauche et de socialisme au point, parfois, de les penser synonymes, ou bien d’imaginer qu’il n’est qu’un peuple qui serait de gauche, oubliant qu’il en est un de droite, l’un l’autre ne s’inscrivant pas dans une même pensée, ou bien encore que pour être de gauche il est ceux qui subordonnent la république au socialisme, les autres s’inscrivant dans la proposition inverse, ce qui n’est pas sans conséquence, et, ajoutera-t-on, qu’il est, sachons le, dans la république de gauche des bourgeois mais qu’il est dans la république de gauche socialiste la classe ouvrière, et ainsi d’autres distinguo éclairants qu’il est nécessaire d’appréhender pour ne pas être et rester dans la confusion et surtout pouvoir nous saisir le plus justement du monde dans lequel nous vivons pour pouvoir l’affronter avec plus d’efficacité.
Les références historiques, sociologiques, politiques, économiques, abondent, sans gêner. On va côtoyer, au fil, Guèdes, Proudhon, Jaurès, Marx, Robespierre, Sieyès et tant d’autres, Thiers aussi, les uns comme les autres à la pensée plus élaborée que celle de nos politiciens technocrates du jour. Et cela fait du bien.
Chemin faisant on comprendra mieux les enjeux de la territorialisation-métropolisation-régionalisation, ceux de l’écologie, de la mondialisation-globalisation, d’autres sujets encore qui, contrairement à ce qu’on aurait tendance à imaginer, étaient des préoccupations déjà présentes.
Un livre à lire d’urgence dont voici la 4ième de couverture avant de vous inviter à la lecture des liens ci-dessous.
A l’heure où la gauche peut mourir, ou la droite implose, et où les électeurs se détournent des urnes, il est plus que temps d’interroger et de clarifier notre alphabet politique.
Que signifie être de gauche ? Qu’est-ce que le peuple en 2014, et est-il encore de gauche ?
Quelle est la raison actuelle du divorce actuel entre le peuple et les milieux dirigeants ?
Révolution, réforme, utopie ? Quel horizon donner à la gauche actuelle et comment le mettre en œuvre ?
Au fil des questions, Jacques Julliard et Jean-Claude Michéa débattent, arguments contre arguments avec une vigueur, une franchise et une bienveillance hors du commun. Leur conversation rend toute sa noblesse à un débat politique trop souvent réduit à la caricature ?
Mais avant de vous laisser à la découverte du contenu des liens, un livre encore : Pourquoi les pauvres votent à droite ?/Comment les conservateurs ont gagné le cœur des Etats-Unis et des autres pays ? (Editions Contre-feux Agone), paru il y quelques années de l’étasunien Thomas Frank, résultat d’une enquête fouillée, dont la lecture aurait été sans nul doute profitable, l’action militante ne pouvant se résumer à la distribution de tracts mais devant être précédée de la réflexion.
Quiconque prétend participer à l’émancipation-éducation du peuple doit commencer à s’émanciper-éduquer lui-même, les livres cités ci-dessus sont loin du romantisme qui s’empare de chacun et qui n’est que de peu d’effet. Les jeux politiques des alliances viendront après et seront d’autant plus pertinents, supposons le, qu’on aura une vision claire des enjeux, qu’on saura de quoi on parle.
http://www.liberation.fr/chroniques/2014/09/26/la-gauche-ou-le-peuple_1109208
http://www.marianne.net/La-gauche-contre-le-peuple%C2%A0_a241908.html
http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20140930.OBS0697/la-gauche-a-t-elle-trahi-le-peuple.html