Une illusion est une perception reconnue différente de la réalité renseigne Wikipédia.
Tant que l’illusion n’est pas reconnue différente de la réalité elle est perçue comme réalité. Aussi le travail auquel s’est livré Eric Peschot est-il salutaire qui distingue pour aider à ouvrir les yeux à propos de B. Hamon:
l’illusion du changement maintenant,
l’illusion de la socialdémocratie,
l’illusion que l’UE peut devenir sociale sans livrer bataille,
l’illusion d’une cohérence politique,
l’illusion sociale libérale du revenu universel,
l’illusion de l’union possible.
Concernant cette dernière illusion, celle de l’union possible, nous savons désormais qu’elle est dissipée depuis la rencontre de vendredi entre J-L Mélenchon et B. Hamon. Rencontre utile car il fallait satisfaire ceux des citoyens qui caressaient l’espoir de voir se réaliser cette union improbable et qui n’auraient pas compris que rien n’ait été tenté pour cela, rencontre utile aussi car désormais la campagne peut se dérouler dégagée de ce qui aurait pesé sourdement sur elle et dont les médias n’auraient pas manqué d’user pour pourrir la France insoumise et son candidat.
Bonne lecture.
Exergue
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Source : https://blogs.mediapart.fr/eric-peschot/blog/240217/de-quelles-illusions-benoit-hamon-est-il-le-nom
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Citoyen sans aucune responsabilité, sans aucun poids politique, n'ayant aucune autre légitimité que celle que chaque citoyen peut détenir j'avais envie de dire deux ou trois choses dans le concert des belles âmes qui aujourd'hui veulent croire ou nous faire croire que depuis le résultat de la primaire de la belle alliance populaire tout a changé.
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Le succès de Benoit Hamon aux primaires du Parti Socialiste, rebaptisées primaires de la Belle Alliance Populaire (qui n’a eu de populaire que le mot et d’alliance que la poudre aux yeux) au-delà des raisons analysées ici et là, est aussi le résultat d’une conjonction d’illusions.
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Illusion du changement maintenant
Illusion que l’on peut tout changer sans que rien ne change hormis un homme [1]. Illusion donc, qui consiste à imaginer que le fait de désigner un candidat estampillé gauche du PS va, par la seule grâce de cette désignation, faire du Parti Socialiste autre chose que ce qu’il est devenu : un conglomérat d’élus locaux, de députés, de sénateurs, d’apparatchiks qui, contre les pires mesures prises pendant ces 5 années, ont, au mieux, parfois protesté mollement, sans jamais oser sortir de leur impuissance organisée et, au pire, soutenu, accompagné, initié, précédé celles-ci.
C’est ignorer, ou vouloir ignorer, ou plus machiavéliquement masquer le fait qu’une organisation comme le PS, faite de milliers de personnes, d’intérêts, d’alliances objectives, conjoncturelles, n’est pas tributaire d’un homme même s’il est désigné par une fraction du corps électoral. D’ailleurs Benoit Hamon n’a eu rien de plus pressé que de rassurer sa droite comme sa propre obédience en nommant des représentants de chaque courant dans son équipe de campagne. Il est le candidat mais au sein du système PS il est obligé de donner des gages, et ce n’est surtout pas à celles et ceux qui ont voté pour lui afin de faire barrage à Valls, qu’il s’empresse de les donner. Le PS et ses jeux d'appareils il les connait particulièrement bien, lui qui derrière ce physique de jeune homme timide et embarassé cache un fin connaisseur des accords de congrès, des alliances et mésalliances pour négocier un poste, une situation, sa part de pouvoir au sein de ce parti dant il est membre dirigeant depuis si longtemps.
Une organisation à partir d’une certaine taille s’autonomise, poursuit des objectifs qui lui sont propres, tend à sa propre préservation et à la préservation des intérêts de ceux qui lui sont attachés et surtout c’est ignorer que ces 5 années sont d’abord la démonstration de l’échec de la stratégie social-démocrate.
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Illusion de la social-démocratie
Les 5 années passées ne sont certainement pas un accident dans la trajectoire du PS, elles ne sont pas le résultat d’un coup d’état au sein du PS d’une fraction minoritaire, elles ne sont pas une parenthèse désenchantée dans le voyage merveilleux de la social-démocratie. Elles en sont très exactement le contraire, elles sont conformes à la nature, à la trajectoire même de la social-démocratie en Europe et dans le monde.
La social-démocratie est d’abord un courant de la gauche européenne qui considère qu’il est toujours possible et même souhaitable de réaliser des compromis avec les classes dominantes. Si ce compromis est favorable aux salariés, favorable à ceux qui produisent les richesses, lorsque les classes dominantes sont, sous la pression de risques révolutionnaires, en position de faiblesse, il n’en est plus rien lorsque les classes dominantes ne sont plus sous cette contrainte. Alors le compromis se fait à chaque fois au détriment des salariés, de ceux qui par leur travail produisent les richesses.
C’est ce à quoi nous assistons depuis des années dans un jeu de dupe permanent. Simplement le mécanisme s’est accéléré, simplifié. Avec le temps il est de moins en moins nécessaire de recouvrir (comme l’on recouvre les chaines des esclaves de fleurs pour en faire oublier la présence) les concessions en faveur des classes dominantes d’apparentes concessions en faveur des salariés. Nous sommes passés d’une situation où, en contrepartie d’une réduction du temps de travail, les salariés ont du accepter gel salarial, annualisation du temps de travail, flexibilisation de celui-ci à une situation où ils doivent accepter la Loi El Khomri, le CICE et où les contreparties sont selon les cas purement hypothétiques (le million d’emplois de Gattaz) à inexistantes.
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Illusion que l’UE peut devenir sociale sans livrer bataille
Hamon est aussi le nouvel avatar de cette foi qui consiste à croire que l’on peut améliorer l’Union Européenne sans difficulté, de cette illusion qui consiste à penser que l’on peut changer la nature de l’Union Européenne qui, par on ne sait quel miracle, deviendrait soudainement un vert paradis social pour tous les européens.
Les libéraux eux ne s’y trompent pas, la construction de l’UE qu’ils ont engagée est le résultat de combats, d’épreuves de force répétées, de chantages, d’agressions économiques. Ils savent que les fondements même de l’UE sont porteurs d’une transformation profonde de la situation sociale mais que cette transformation est aussi un combat.
Certes, la concurrence libre et non faussée est le cheval de Troie de l’ordo libéralisme, d’un libéralisme qui dévoile d’ailleurs chaque jour un peu plus sa nature autoritaire et punitive. Mais les libéraux le savent bien, la bataille n’est pas terminée, ils la mènent sur deux fronts, celui de la consolidation de leurs conquêtes et celui de l’approfondissement des transformations qu’ils opèrent. La bataille pour eux n’est pas terminée car ils considèrent qu’elle n’a pas de point d’aboutissement, qu’il y a toujours un nouveau champ à conquérir, à convertir à la marchandise.
Pour ce faire l’UE exige beaucoup mais ne tient rien. Elle ne cache même plus sa réalité, en mettant à sa tête l’ancien premier ministre d’un paradis fiscal qui a lui-même grandement contribué aux développements des stratégies des grands groupes pour « optimiser » (c'est-à-dire échapper à) leurs impôts.
L’UE a démontré à travers la Grèce et la Grande-Bretagne sa capacité à être totalement intransigeante avec ceux qui souhaitent une politique européenne plus accommodante socialement et, conciliatrice avec ceux qui souhaitent refuser l’accès aux droits sociaux à certaines catégories de population, approfondir les politiques libérales. La négociation avec la Grèce a été celle de l’écrasement sans concession de toute velléité d’échapper aux règles de l’UE, la négociation avec la Grande-Bretagne a été celle de la compréhension, des concessions pour pousser toujours plus loin les libéralités et le régime d’exception en faveur de toujours plus de libéralisme.
L’Europe que nous souhaitons, une Europe respectueuse des peuples, socialement protectrice, tournée vers le progrès social et humain, respectueuse des valeurs humaines, des droits de l’homme, réinventant un modèle social qui permette que les peuples d’Europe vivent mieux, que les inégalités reculent et avec elles la pauvreté, ne naitra pas naturellement de l’UE.
Entre l’Europe que nous souhaitons et celle des libéraux ce qui s’annonce c’est une bataille rude, un combat où les néo libéraux ne retiendront pas leurs coups, où ils seront capables de pousser très loin, jusqu’à provoquer des crises graves pour ne pas perdre leurs avantages. Hamon c’est l’illusion que cela ne se passera qu’entre personnes de bonne foi et accessibles à la raison. Pourtant l’expérience grecque aurait dû nous instruire. Illusion par ailleurs dangereuse car partir négocier un changement de paradigme de l’UE sans être prêt à la bataille, aux coups portés, ne peut que conduire à une défaite cinglante, brutale, destructrice.
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Illusion d’une cohérence politique
Illusion encore et toujours que l’on puisse croire qu’un de ceux qui fit Valls roi (ou pour le moins 1er ministre) soit dans un temps suivant son meilleur antidote. Illusion que l’on puisse mener une politique différente avec les mêmes, que l’on puisse abroger la loi El Khomri en conservant dans sa majorité la député El Khomri et tous ceux qui ont soutenu cette loi. Il ne s’agit pas de couper des têtes, il ne s’agit pas d’être du côté de la revanche mais seulement de celui de la cohérence, de la conviction politique. Il fut un temps ou Benoit Hamon trouvait utile de soutenir Emmanuel Macron face à Manuel Valls, où il jugeait l’ancien ministre de l’économie plus à gauche que l’ancien premier ministre. Soutien de Valls un jour avant d’en devenir un de ces opposants, préférant Macron face à Valls un autre jour, opposant à la loi El Khomri mais prêt à accueillir la future député El Khomri et à ne pas remettre en cause les investitures mitonnées par un PS dont la direction a été à la solde de la droite du PS et de ce gouvernement pendant des mois, des années, et aujourd’hui pourtant barde d’une autre gauche face à Macron.
Benoit Hamon est un tour de passepasse classique auquel nous a habitué depuis longtemps le marketing. Comme coca-cola qui, afin de tuer toute concurrence, créée sa propre concurrence, le parti socialiste fait de même avec ses candidats qui, tous issus d’une même formation tentent de couvrir l’ensemble du spectre du marché politique qu’ils veulent capter : Valls le républicanisme autoritaire pour ceux qui souhaitent un pouvoir fort et sécuritaire, Montebourg le socialisme souverainiste aux accents gaulliens, Hamon le socialisme de « l’utopie sociale ». Ces différentes marques sortent de la même boutique, du même flacon et demain vont gouverner ensemble ou a minima participer d’une même majorité. Comment croire qu’elles puissent soudainement faire autre chose que ce qu’elles ont fait depuis si longtemps ? Comme les différentes marques de lessive : aucune ne lavent plus blanc que l’autre mais chacune se différencie par le packaging et l’ajout d'un peu de poudre de perlimpinpin.
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Illusion sociale libérale du revenu universel
Illusion encore avec un projet qui s’affiche social avec le revenu universel mais qui, à y regarder de plus près, est d’abord un projet d’acceptation et de capitulation devant le néo-libéralisme, devant le projet sociétal et économique du capitalisme dans ses nouveaux développements.
En effet, à l’origine du projet de revenu universel de Benoit Hamon se trouve le constat, que l’on peut partager, que le capitalisme dans ses actuels développements est incapable de produire autre choses que cette bouillie de travail, que ce travail dégradé, aliéné qu’il appelle emploi et qui violente, brutalise chaque jour des millions de salariés. La conclusion qu’en tire Benoit Hamon est qu’il faut s’y résoudre et s’y adapter en mettant en place le revenu universel.
Ce projet de revenu universel nous dit tout simplement qu’il n’y a pas d’autre avenir pour le travail, pour cette activité essentielle à l’homme, cette activité qui nous humanise et nous définit, que cette bouillie de travail que nous concède le capitalisme. Il faudrait en prendre acte et s’y adapter en acceptant un revenu qui viendrait soit s’y substituer (pour ceux qui seraient exclus ou qui ne supporteraient plus les conditions du travail) soit compléter les revenus insuffisants que nous tirerions des lambeaux de travail que le capitalisme nous octroie.
Le revenu universel n’a pas pour vocation de changer le travail tel qu’il est, pour lui rendre sa dimension émancipatrice et humanisante, mais seulement d’en amortir certains aspects, de permettre de fait la perpétuation et le développement du travail tel que le remodèle le capitalisme, en délivrant un revenu, une obole.
Le revenu universel n’a pas pour objet de rendre le travail à ceux qui le réalisent mais de permettre à ceux qui l’exploitent d’en poursuivre la destruction, la dégradation, et au final d’en perpétuer l’exploitation. L’existence du revenu universel sera un argument supplémentaire pour payer encore plus mal celles et ceux qui « trimeront ».
Le revenu universel est aussi une capitulation face au marché tout puissant, face à la marchandisation de tous les aspects de la vie humaine. Ce que nous dit le revenu universel c’est qu’en effet dans le capitalisme tout est marchandise et que, face à cela, il est nécessaire de s’adapter en donnant un revenu universel (que l’on pourrait qualifier de minimal) afin de permettre à chacun de pouvoir consommer sa part de marchandise liée à ses besoins vitaux. Face à la question de la marchandisation on nous dit que ce mouvement de fond du capitalisme doit être accompagné en donnant à chacun les moyens de consommer sa part vitale de marchandises.
Les néo-libéraux les plus avancés l’ont bien compris, ils sont favorables au revenu universel car celui-ci est une avancée supplémentaire vers une transformation plus profonde encore du système social français. A terme plus besoin de sécurité sociale, de retraite par répartition, de CMU, d’allocation familiales et/ou sociale, il suffit simplement de mettre en place un revenu universel financé par ce que furent les cotisations sociales et de donner au marché la tâche de réaliser les prestations. Exit le système social existant et bienvenue aux assurances qui demain en prendraient la place, transformant tout définitivement en marchandise, ne laissant plus aucun secteur libre de la marchandise.
C’est un choix qui une fois de plus accompagne le mouvement actuel du capitalisme. Celui-ci ne peut pas aujourd’hui accepter de laisser une seule fraction de notre planète hors de son orbe et ne peut accepter de laisser une seule fraction de l’activité humaine hors de son périmètre. Le service public, les communs, la gratuité, sont autant de territoire vierge de sa présence qu’il ne peut en aucun cas accepter. Le revenu universel est sa réponse. Le capitalisme et la marchandisation universelle qu’il porte en lui ne peuvent pas se déployer quantitativement et qualitativement sur l’ensemble des territoires connus et sur l’ensemble des aspects de la vie humaine sans que chaque humain ait un minilum pour pouvoir consommer la part minimale vitale (eau, nourriture, logement, énergie, santé, …)
Il existe donc bien une vraie différence entre le revenu universel, qui accompagne le mouvement de la marchandisation, et un projet de transformation qui lutte contre ce mouvement, qui propose de protéger notre part d’humanité face à la marchandise en sortant de l’orbite de celle-ci, ce qui est essentiel, vital pour l’être humain. Gratuité de la part nécessaire, vitale d’eau, d’énergie, gratuité de la santé, de l’éducation, maintien hors du champ de la marchandise et du profit des retraites, retour sous contrôle démocratique de la monnaie.
Le revenu universel sous les oripeaux d’une avancée sociale est un piège, le piège de la marchandise pour tous comme unique horizon, de l’emploi dégradé, aliéné, rare comme unique avenir.
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Illusion de l’union possible
Parce que nous sommes très nombreux à avoir vécu l’exaltation de l’union de la gauche, du programme commun, l’espoir qu’ils firent se lever, que ce moment est devenu presque mythique pour beaucoup d’électeurs de gauche, presque autant que le front populaire, beaucoup d’entre nous en avons encore le désir. Le désir d’autant plus fort que nous avons une sorte d’intuition que l'on nous sussure depuis des semaines: jamais la gauche ne triomphe sans être unie dans ses différentes composantes. Mais ce désir d’union, de rassemblement finit par devenir un trompe l’œil, une chimère. Nous finissons pour certains d’entre nous par confondre le moyen qu’est l’union avec le but.
Benoit Hamon est un ersatz de cette union que nous désirons. Parce que sous les mots et les appels à l’union, au rassemblement il n’y a que calcul afin de rendre impuissant, inaudible, tout ce qui n’est pas le PS. L’objectif n’est pas l’union mais la désagrégation de ce qui n’est pas dans l’orbite du PS. Au bout de ce processus il n’y aura pas l’union mais la vassalisation ou la marginalisation totale pour ce qui reste de lambeaux de gauche. L’union n’est pas un processus qui se décrète, qui s’ordonne, mais un processus qui nécessite un accord sur les objectifs, le projet et confiance.
Or actuellement il n'y a pas d’accord sur le projet et la confiance est totalement laminée. Sans changement profond de la part du PS il n’y a aucune confiance possible après ces 5 années. Ces années de politique libérale, que jamais aucun député n’a freiné, de politique répressive, de répression du mouvement social et syndical. La gauche autre que celle qui s’est portée sur le PS a apporté plus de 4 millions de voix et n’a jamais été entendu d’aucune façon. Quant aux écologistes, qui avaient « dealé » avec le PS, ils n’ont pas eu plus de chance. Pire même dès qu’ils ont osé protester et trouver qu’il ne leur était plus possible de continuer à participer à cette mascarade la réponse a été leur atomisation.
Dans ces conditions quelle confiance possible ? Quelle union possible ? D’autant que les acteurs de cette mascarade, les principaux protagonistes de ces 5 années sont reconduits, réinvestis. Les chiffres parlent et certainement pas en faveur de l’unité et de l’union : sur les 394 candidat·e·s investi·e·s par le PS, 64% ont une position sociale libérale, 21% indéterminée et seulement 10% sont en accord avec Hamon. L’unité ne se décrète pas elle se construit et pour cela encore faut-il en réunir les conditions. Celui qui appelle à l’union sans œuvrer à en créer les conditions est au mieux un naïf au pire un manipulateur.
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Conclusion provisoire
Pourtant au moment où j’écris ces lignes le candidat de EELV a annoncé son désistement. Il l’a annoncé alors que celles et ceux qui l’ont porté là où il est n’ont pas encore eu la possibilité de s’exprimer. Ce ralliement dont on nous dit qu’il est basé sur un accord semble malheureusement un accord d’appareil qui souhaite d’abord sauver quelques circonscriptions. Cette union qui ne coûte pas bien cher au PS, à peine 40 circonscriptions, lui permet de se poser en rassembleur, lui donne quelques cartouches pour faire apparaître ceux qui resteraient dehors, comme les diviseurs.
Députés et candidat de EELV ont choisi de participer à la stratégie de Benoît Hamon. C’est leur choix, c’est leur responsabilité. Auraient-ils vraiment voulu œuvrer pour l’unité, le rassemblement, qu’ils auraient pu demander comme préalable à la discussion qu'elles se fassent non pas à 2 mais à 3. Car comment s’expliquer que pour une union à 3, un projet commun, les discussions se fassent séparément ? Comment peut-on croire que Benoît Hamon souhaite un accord avec la France Insoumise alors qu’il ne rencontre que EELV, qu’il signe un accord avec eux seuls et que les discussions avec la France Insoumise n’ont pas encore débuté ?.
Imaginons un instant que, non content que les discussions avec la France Insoumise se tiennent un accord, nécessairement différent entre Benoît Hamon et la France Insoumise, soit signé. Que fait Benoit Hamon de celui signé avec EELV ? Cette union entre Jadot et Hamon a le goût amer des accords d’épicerie des boutiquiers de la politique, de ces accords qui sauvent quelques sièges au prix de tout le reste, et surtout au prix de l’écœurement des citoyens, des militants et sympathisants.
En 2017 nous allons avoir droit à bien des illusionnistes et bien des illusions. La question est de savoir si nous saurons les dissiper avant le premier tour ou seulement après le deuxième tour des présidentielles. Il y a 5 ans, de ne pas nous être dessillés les yeux à temps nous a conduits à vivre un quinquennat que beaucoup jugent cauchemardesque. Il ne tient qu’à nous de ne pas reproduire le même aveuglement. Car il n’est pas vrai que nous n’avons que le choix entre le ralliement à Benoît Hamon et au PS en l’état ou la victoire de Marine Le Pen, François Fillon ou Emmanuel Macron.
Que tous ceux qui souhaitent et appellent à l’union mettent alors tout en œuvre pour que Benoît Hamon, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon fassent un véritable accord de gouvernement avec de vrais garanties pour tous les partenaires et répondant aux attentes des citoyens. Pas un accord au rabais, pas un ces accords dont, dans un an ou deux les signataires, au moins pour certains d’entre eux, seraient bourrelés de remords et qui inévitablement conduirait aux prochaines élections à la catastrophe Le Pen.
Mais ceux qui appellent à l'union croient ils vraiment que, si un tel accord garantissant chacun venait à être signé, la droite du PS resterait inerte et ne partirait pas avec armes et bagages chez Macron ? En fait il est à craindre que le choix de l'union soit celui de la défaite soit immédiate, du fait de la défection de barons socialistes et avec eux d'une partie de l'électorat le plus centriste soit, encore plus cruelle, définitive et violente, en 2022 après l'échec d'un accord bancal et inopérant.
Sinon les électeurs peuvent décider de voter à gauche toute, et de changer une fois encore la donne, comme il l’on fait lors des primaires de la droite, de EELV et du PS. Après tout, souvenons-nous qu’il y a encore quelques mois d’aucun à « gauche » appelait à voter Jupé pour faire barrage à Sarkozy, chacun voyait Cécile Duflot candidate et Valls, à défaut de Hollande, vainqueur de la primaire.
[1] Cette croyance montre aussi combien le PS et une partie de ce que l’on appelle la gauche est contaminée par la 5ème république et le présidentialisme, contaminée par la croyance en l’homme providentiel qui, par sa seule activité, sa seule présence, va tout changer, transformer.
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Complément : http://bellaciao.org/fr/spip.php?article153470