Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 15:55


Par le Parti de Gauche

 

 La grande régression

 

Nous vivons un moment très singulier de l’histoire du monde. Depuis plus de trente ans, le capital a progressivement obtenu les pleins pouvoirs. Tout ce qui faisait obstacle à la recherche du profit maximal à court terme a été contenu, rogné, puis méthodiquement éradiqué. Faute de contre-pouvoirs, les tendances profondes du capitalisme se sont exprimées sans limites. Il en résulte une crise d’ensemble qui menace le développement général de l’humanité. Cela signifie que nous sommes à la veille de bifurcations décisives rompant avec les normes qui ont organisé jusqu’ici le monde et notamment celles qui ont dominé ces dernières décennies. De grands changements sont à l’ordre du jour car il devient impossible de continuer comme avant.

 

La plus fatale des impasses où nous voilà parvenus est la crise environnementale qui menace les conditions même de la vie humaine sur Terre. La catastrophe provoquée par BP dans le Golfe du Mexique est venue rappeler l’urgence écologique face à laquelle les sommets internationaux, dominés par les grandes puissances capitalistes, affichent leur totale impuissance, quand ce n’est pas leur volontaire ignorance. En 1992, le sommet de Rio sur le « développement durable » débouchait sur des engagements insuffisants. Mais au moins étaient-ils grossièrement chiffrés ! Vingt ans plus tard, la situation environnementale s’est profondément dégradée. La catastrophe écologique a commencé à produire ses effets. Les premiers réfugiés climatiques sont apparus. Des paliers irréversibles dans la dégradation de notre écosystème ont été franchis, par exemple en matière de réchauffement climatique et de destruction de la biodiversité. Pourtant, le dernier sommet en date consacré au climat, celui de Copenhague, incapable de résoudre les contradictions entre les grands pays industriels, n’a débouché sur aucun engagement. Ce fait seul condamne aux yeux de millions de personnes le capitalisme et le productivisme qui en découle.

 

Le monde est aussi frappé par une crise économique majeure. La crise financière a frappé la chaîne de dettes à laquelle est suspendu tout le système économique en son maillon faible des subprimes. Ce faisant elle a révélé et aggravé l’instabilité d’un capitalisme assis sur l’endettement et la domination de la finance. Hier locomotive de la croissance, l’immobilier diffuse à jets continus la récession dans les veines de l’économie des Etats-Unis et partant de là celle du monde. Aucun « relais de croissance »n’est venu remplacer le moteur financier cahotant du système.

Cette crise économique produit une grave crise sociale et géopolitique. L’enrichissement 34 insolent de quelques-uns continue au détriment du plus grand nombre et d’abord des travailleurs qui subissent la précarité, le chômage, qui touchent particulièrement les jeunes, la souffrance au travail, la destruction de leurs droits sociaux. Ces contre-réformes aggravent en particulier la situation des femmes qui subissent déjà de profondes inégalités. Les relations entre les personnes comme celles entre les Etats se tendent. Ce processus n’est pas conjoncturel : il exprime dans l’ordre intime jusque dans l’ordre géopolitique les tensions produites par le modèle dominant. Ceux qui pensaient que l’élection d’Obama aux Etats-Unis entraînerait un apaisement des conflits qui déchirent le monde n’ont pas vu combien ceux-ci sont  inséparables de la domination du capitalisme et des Etats-Unis sur la planète. Ils ont de même méconnu que l’épuisement des ressources énergétiques ou l’explosion des inégalités sociales qui sont à l’œuvre menaçaient aussi la paix.

 

C’est enfin la crise politique que révèle en Europe la progression continue de l’abstention. Les dernières élections européennes l’ont vu augmenter dans presque tous les pays de l’Union. Nous dévalons cette  pente en France de scrutin en scrutin depuis la dernière présidentielle. Huit millions d’inscrits ont boudé les municipales de 2008. 20 millions d’électeurs de la présidentielle ont disparu aux européennes de 2009. 14 millions de voix ont manqué à l’UMP aux régionales de 2010 par rapport à la présidentielle. Ces chiffres sont la conséquence du déni démocratique qu’’a révélé au grand jour le refus de prendre en compte le vote des Français sur le Traité Constitutionnel européen. Partout la souveraineté populaire est abaissée voire carrément bafouée. S’étonnera-t-on dès lors qu’une insurrection civique froide ronge le pays ?

Quelle légitimité ont encore les pouvoirs censés procéder de la volonté populaire quand l’abstention exprime si massivement un muet « qu’ils s’en aillent tous ? ».

 

Tous les curseurs sont donc entrés au même moment dans le rouge. Or ces crises ne sont pas

indépendantes les unes des autres. Elles se nourrissent mutuellement. Si la prise de conscience de la crise écologique est encore récente, aucune d’elle n’est vraiment nouvelle. Ce qui est nouveau en revanche et qui change tout, c’est leur convergence dans une crise globale. C’est ce qui rend possible et probable une bifurcation : la modification soudaine de la course d’un système devenu instable à la recherche d’un nouvel équilibre. Au bout de la grande régression se trouve une impasse.

D’ailleurs, tout en prétendant le plus souvent qu’on ne peut pas faire autrement que continuer les mêmes politiques, les élites dirigeantes sont à la recherche des changements qui leur permettraient de restaurer une domination durable. Ici elles font la promotion d’un capitalisme vert qui veut prolonger l’horizon du capitalisme en le prétendant compatible avec la défense de l’écosystème. Là elles s’emploient à une redéfinition ethnique de la Nation pour mieux enterrer les aspirations à l’égalité sociale qu’il lui est plus que jamais impossible de satisfaire. Dans notre pays, la droite est en train de se redisposer dans une attaque désormais globale contre tous les fondements de la République: services publics, laïcité, égalité en droit de tous les citoyens quelle que soit leur origine, libertés… L’histoire nous enseigne ce sur quoi de telles politiques peuvent déboucher.

 

Bien qu’ils manquent cruellement d’outils politiques pour imposer une autre organisation du monde après la déroute des courants jumeaux qui ont dominé la gauche au siècle dernier, le communisme d’Etat et la social-démocratie, les peuples s’efforcent aussi de bâtir des alternatives. Les peuples d’Amérique Latine ouvrent la voie par leur audace et leur courage comme par les succès qu’ils rencontrent. Dans notre pays, une construction politique nouvelle, le Front de Gauche, a émergé comme un îlot de combativité et de conscience au cœur de l’océan d’abstention. Ces points d’appui sont décisifs. Aussi modestes soient-ils, ils peuvent changer le cours des événements et permettre la mise en œuvre des ruptures 76 écologistes, socialistes et républicaines dont la France et le monde ont besoin.

 

Construire la révolution citoyenne

 

Lors de notre premier Congrès, nous résumions ainsi notre programme : la refondation républicaine des institutions et de la société, le partage des richesses, la planification écologique, la sortie du traité de Lisbonne et une politique de paix par la solidarité et la coopération entre les peuples. Or aucun de ces objectifs ne sera atteint sans une révolution citoyenne.

La Révolution citoyenne, c’est l’irruption active et éclairée du peuple sur la scène politique et notre rôle est de tout faire pour qu’elle ait lieu. Ce n’est pas un souhait vague ou une formule de style. C’est nommer le moyen à nos yeux incontournable pour rétablir concrètement la souveraineté populaire et dès lors faire prévaloir l’intérêt général sur les intérêts particuliers qui gouvernent le monde. C’est discerner la condition absolue du changement pour rechercher ensuite les moyens de la remplir.

Le premier moyen c’est la mobilisation sociale et citoyenne. Car si elle doit passer par les urnes, la révolution citoyenne que nous défendons ne peut se calquer sur les rythmes et les rites électoraux. C’est tout de suite, dans la résistance à la politique gouvernementale que nous pouvons miner sa légitimité, construire la motivation populaire et préparer les victoires électorales de demain. C’est dès le bras de fer engagé sur les retraites que se joue le rapport de force qu’il nous faut imposer aux puissances financières, aux institutions internationales qui exigent ces politiques, et que nous leur imposerons demain quand nous gouvernerons ce pays. C’est par la prise de conscience immédiate du danger des politiques sécuritaires et de bouc émissaire conduites par le pouvoir que se jouera aussi la course de vitesse engagée avec les réponses d’extrême droite. C'est en mobilisant contre les politiques d'austérité qui détruisent les services publics et la protection sociale pour le seul bénéfice de l'oligarchie financière et des spéculateurs en vue de leur enrichissement maximum que nous mettons en échec la poursuite des régressions sociales.

Dans le même temps nous devons préparer les moyens d’une véritable alternative politique. La construction d’un débouché politique offrant des réponses d’une radicalité concrète face à aux désastres sociaux et écologiques causés par le capitalisme serait un moyen formidable de donner confiance et plus de force encore aux mobilisations populaires.

 

Un Front de Gauche élargi pour l’initiative

 

 Le premier de ces moyens est le Front de Gauche. Dès lors que les conditions ne sont pas encore réunies pour construire le grand parti de toute l’autre gauche auquel nous aspirons toujours, c’est aujourd’hui la formule qui exprime le mieux ce qui nous semble nécessaire : une construction politique capable de bouleverser le système en rassemblant dans un même mouvement des formations, des cultures, des histoires et personnalités différentes pour tirer du meilleur des anciennes traditions de la gauche et des écologistes le levain d’un projet nouveau. Nous voulons construire et développer le Front de Gauche en l’ouvrant à l’intervention populaire, en donnant notamment la possibilité à ceux qui le souhaitent de le rejoindre et de s’y impliquer tout aussi facilement que les militants des partis politiques qui le constituent.

Nous souhaitons dépasser le stade initial d’un cartel de partis. Nous voulons qu’il assume l’ambition de gouverner en travaillant à l’élaboration d’un programme de rupture avec la logique du système capitaliste et des modèles productivistes. Car ne nous y trompons pas : la victoire de la gauche ne se construira pas sur la base d’un simple rejet de Nicolas Sarkozy. Pour gagner la gauche doit opposer une autre cohérence, un choix radicalement différent. Parce qu’ils disent leur solidarité avec les politiques de rigueur des gouvernements socio-démocrates qui, comme en Grèce, étranglent leu peuple au bénéfice des banques ; parce qu’ils ne se donnent pas les moyens de résoudre les crises en cours par leur refus de remettre en cause le traité de Lisbonne, nous savons que le Parti socialiste n’est pas, en soi, la solution. Il en va de même d’Europe Ecologie – les Verts lorsqu’ils ne prônent pas les ruptures avec le capitalisme qui nous semblent indispensables pour résoudre l’urgence écologique, même si ses contradictions internes rendent moins certaine l’évolution de ce regroupement

Seule la réussite du Front de Gauche est donc à même de bouleverser la donne à gauche et donc d’assurer une victoire contre la droite. Le Front de Gauche est au point de départ une alliance électorale. Il n’existerait pas sans la rencontre avec le suffrage universel. C’est pourquoi le Front de gauche renforcé et élargi dont notre peuple a besoin implique une alliance électorale elle-même renforcée et élargie. Nous proposons donc un paquet liant les prochains rendez-vous avec le suffrage universel : cantonales, présidentielle, législatives. Cette alliance durable permettra de faire de chaque succès électoral un acquis disponible pour le combat suivant. Elle dira clairement au pays notre ambition : gouverner ensemble pour appliquer notre programme. Nous avons donc vu avec une très grande satisfaction nos partenaires communistes adopter lors de leur dernier congrès une stratégie qui va dans ce sens et depuis nous avons lancé le processus de programme partagé. Mais nous devons avoir une plus grande ambition encore pour le Front de Gauche. Il ne peut se réduire aux forces qui l’ont créé. Il doit évidemment s’élargir à tous les citoyens et citoyennes qui le veulent à travers des comités d’élaboration du programme du Front de Gauche et des Front thématiques à l‘image de celui déjà créé pendant la campagne des européennes par les économistes. Nous continuerons également à nous tourner vers toutes les autres organisations de l’Autre Gauche pour leur dire que le Front de Gauche n’est la propriété de personne, sinon celle de tous qui veulent une véritable alternative sociale et écologiste : nos alliés des Régionales comme les Alternatifs,

la FASE, le PCOF, le M’Pep, R&S mais aussi bien sur le NPA avec lequel nos différences ne devraient pas empêcher une alliance. Nous avons déjà raté deux occasions avec ce dernier : rien ne justifierait d’échouer une 3ème fois alors que la situation politique le réclame plus encore. La démonstration réussie de Limousin Terre de Gauche aux régionales puis aux cantonales partielles montre les perspectives électorales d’une alliance large de toute l’Autre gauche.

 

Le Front de Gauche et les échéances électorales à venir

 

Nous abordons donc les échéances électorales à venir à la fois avec confiance et lucidité. Nous avons la capacité de présenter au premier tour une alternative concrète à gauche capable de l’emporter ou au moins de bouleverser les rapports de force en profondeur mais nous savons que les modes de scrutin ne permettent pas l’expression fidèle des rapports de force effectifs dans notre pays. Nous nous préparons notamment à ce que les Cantonales, la première élection du « paquet », minorent artificiellement le poids du Front de Gauche. Elles se jouent au scrutin majoritaire et non proportionnel. On connait le poids des sortants. Nous y affronterons aussi des obstacles financiers contraires à la démocratie qui limiteront notre présence car nous n’avons tout simplement pas les moyens de payer les frais de campagne partout où nous souhaiterions nous présenter. Pour autant beaucoup chercheront sans doute à faire de ce scrutin incomplet et déformé une photographie des rapports de force nationaux à la veille des élections gouvernementales de 2012 qui surplombent l’ensemble du cycle politique dans lequel nous sommes… Ne parlons même pas des interprétations qui seront tentées à partir des sénatoriales, scrutin indirect qui exprime des rapports de force politiques issus d’élections antérieures à notre fondation ! Quant à la présidentielle, nous aurons à affronter la rhétorique mutilante et démobilisatrice du « vote utile » qui avait contribué à laminer l’autre gauche au premier tour en 2007 sans permettre pour autant à la candidate du PS de l’emporter au second.

Quant à la Présidentielle, la révolution citoyenne devra affronter la personnalisation qu’induit une élection présidentielle. Dans la Cinquième République, c’est elle qui domine la vie politique du pays. Le grand nombre se détermine donc par rapport à elle. L’unité de l’Autre gauche est le premier levier de notre crédibilité. Quelle formidable dynamique serait une campagne s’appuyant sur les leaders de talents de l’Autre gauche comme nous avions su le concrétiser sur les tribunes de la gauche du Non au TCE ! Mais notre crédibilité dépendra aussi en grande partie de notre capacité à proposer un programme et une candidature qui traduisent notre ambition de gouverner pour changer les choses vraiment. En même temps nous savons que la présidentialisation de la vie politique agit comme un frein à l’intervention populaire. C’est pourquoi nous voulons élire le dernier président de la Cinquième République, et convoquer dans la foulée de notre victoire une Constituante qui fondera un nouveau régime politique parlementaire permettant la souveraineté effective du peuple.

Le Parti de Gauche mettra au service de ce combat toutes les ressources dont il dispose. Chaque fois que c’est possible, nous apporterons la détermination politique de notre jeune parti et l’expérience militante acquise lors de nos précédents combats sociaux et électoraux.

Comment faire pour avancer ? Comme nous avons procédé jusqu’à présent, en levant concrètement et une à une les difficultés qui se présentent. Quand on l’aborde concrètement, une ambition politique se décline finalement dans une succession de conditions politiques à réunir. Quelles sont celles qu’appelle notre ambition d’une révolution citoyenne ? Faire vivre sans attendre la résistance à la politique du gouvernement. Réussir l’élaboration du programme partagé d’un Front de Gauche le plus élargi possible, et donc en capacité de s’appuyer sur une dynamique populaire qui irait bien au-delà des militants des organisations qui le composent. Nous accorder avec nos partenaires sur les candidatures, pour la présidentielle et les législatives. Rassembler les soutiens qui nous permettront de nous adresser au pays, secteur par secteur. Réunir à travers des souscriptions populaires les ressources financières qu’impliquent ces campagnes. C’est un travail qui demande patience et méthode. Mais il n’est pas de chemin facile pour ce que nous voulons faire. Nous construisons ensemble le Parti de Gauche pour être justement en mesure de mener ce travail à bien. La première condition politique du succès est dans notre propre action, démultipliée par le collectif militant que nous formons.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Exergue
  • : réflexions sur l'actualité politique, sociale...et autres considérations
  • Contact

Recherche