Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 09:25

 

C’est bien connu, politique et éthique ne vont guère ensemble. C’est ce qu’il semble. Il paraît difficile de les marier tant les intérêts d’un pays, ceux d’un groupe d’individus sont en conflit avec ceux d’un autre, les attentes de chacun en compétition. Les exemples, passés et actuels, foisonnent et témoignent de cette apparente et insurmontable incompatibilité. Doit-on en prendre acte ? S’en tenir au constat ? Est-il souhaitable de continuer ainsi, de projeter et de conduire des politiques sans éthique ? D’admettre des groupes sociaux dont les comportements s’exempteraient d’elle ?

Les peuples, et chaque individu en leur sein, lorsqu’ils se déclarent sur la vision qu’ils ont du monde, sur les choix qu’ils veulent voir être mis en œuvre, le font généralement au nom de l’éthique. Les gouvernants quant à eux, au pouvoir ou dans l’opposition, après avoir émaillé leurs discours de références à l’éthique pour en fonder le contenu, surtout faire passer la pilule, s’en abstraient volontiers. Mais déjà, tenir lors du discours l’argument éthique signifie bien qu’on sait qu’il sert de faire valoir car on sait aussi qu’il résonne à l’intelligence de ceux qui l’entendent.

Il y aurait donc, dans la pratique, un hiatus entre l’éthique et la politique, les peuples et les gouvernants.

Cela est-il irrémédiable ?

C’est irrémédiable dès lors qu’on le considère comme tel. Ce qui revient à dire que rien n’est irrémédiable. Il suffirait de considérer la politique, les rapports humains, selon une autre perspective que celle en cours.

Il faut apprécier la formule de Mélenchon - est-elle de lui ? - citée de mémoire : « Ce qui est bon pour tous et bon pour chacun de nous ». Elle situe la politique et ses choix, les rapports entre les groupes humains dans le champ de l’éthique, en renvoyant l’individu à son appartenance : le groupe sans lequel il n’est pas,  à cette époque nouvelle et pleine de dangers pour l’humanité, elle le renvoie également à la prise en compte du milieu dans lequel il vit et dont il sait désormais qu’il n’est qu’un hôte parmi d’autres.

L’éthique n’est donc pas une fantaisie de l’esprit, c’est une nécessité. Qui plus est, l’éthique appliquée à la politique et à ses choix passe dorénavant par une porte plus étroite que naguère, les marges de manœuvre sont plus rapprochées que jamais  car il y va de la survie, non de la planète Terre mais de notre espèce. Parlant ainsi de la nécessité de l’éthique appliquée à la politique, c'est-à-dire d’une éthique conduisant à des choix qui nous concernent tous, il est donc question, à l’évidence, d’une éthique portée par le groupe humain, en conséquence par chacun de nous car il est difficilement envisageable de concevoir des éthiques individuelles qui ne vérifieraient pas le point de vue éthique collectif si on entend le faire exister.

C’est bien là le cadre dans lequel nous devons réfléchir, nous réformer, nous organiser. Frustration assurée dans un premier temps, temps qui sera nécessaire pour nous dégager de la puissance de notre « je » étriqué et gangrénant jusqu’au moment de le faire parvenir à un nouvel épanouissement dans un cadre collectif. Chose possible qui ne relève pas d’un esprit chimérique. Le type de société dans lequel nous vivons n’est pas unique. Qu’il se soit diffusé et étendu à la planète ne dit pas qu’il est raisonnable. Il dit que ce modèle s’est imposé. Rien de plus. Il n’en dit surtout pas la bonne qualité. Il est des sociétés où l’organisation des rapports humains, les choix politiques procèdent d’une philosophie bien différente de la nôtre sans pour autant que cela nuise à l’individu, par extension au groupe ; bien au contraire. Nier cette réalité, et cette vérité, relève au mieux d’une certaine outrecuidance, au pire d’un déficit intellectuel et de l’esprit de facilité qui, en la circonstance, ne conduit à rien de bon. La difficulté à résoudre c’est les intérêts d’apparence contradictoire qui n’existent et ne durent que de la volonté que l’on n’a pas de penser et d’agir autrement.

La politique telle que nous la vivons n’est guère fondée sur la recherche de la voie de la sagesse. Elle est l’organisation de la compétition et de la concurrence pour faire valoir son intérêt, naturellement au détriment de celui d’autrui. Si on attend des enfants l’exercice de cette vertu qu’est la sagesse, nous sommes bien loin, adultes, qui plus est citoyens, de la pratiquer et de la leur proposer en exemple, ce qui, soit-dit en passant, serait un geste conséquent d’éducateur. A ce jeu destructeur, de la compétition et de la concurrence, gagne celui qui est le plus fort, non celui qui est dans la raison et le raisonnable. De là, la difficulté à aller vers le progrès, vers une plus grande humanité qui fait la place à chacun, Etats et individus. En cela, la société locale, la société nationale, la société monde, est freinée dans son épanouissement par la concurrence des intérêts individuels qui atomisent le groupe. Il en résulte un moindre progrès que celui auquel nous pourrions prétendre, une moins grande harmonie aussi. 

Ethique et sagesse, tels que ces termes sont employés ici sont quasiment synonymes. S’ils n’apparaissent pas ainsi à l’esprit de quelques uns, il faut alors les considérer comme étroitement complémentaires pour établir la politique. Et si cette politique ne peut pas être, au non de la survie, celle de la compétition qui écrase l’autre, celle de la concurrence, ce doit être celle de la coopération à tous les niveaux. Réunir les forces au lieu de les épuiser dans des oppositions, tel devrait-être le chemin à emprunter. Ainsi seraient réconciliés politique et éthique. Mais tout ceci est affaire de volonté et de dépassement de soi, redisons le : pour un agrandissement de tous et donc, justement, de soi.

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Exergue
  • : réflexions sur l'actualité politique, sociale...et autres considérations
  • Contact

Recherche