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20 janvier 2012 5 20 /01 /janvier /2012 04:16


C’est sous ce titre que, sur son blog, Raoul Jennar fait part de la dénonciation des dérives de la construction européenne  par Magnette, économiste, de surcroit ministre belge en exercice.
La presse a-t-elle fait écho aux propos du trublion ? A ma connaissance, non.
Sous l’article de Jennar, 2 liens (link) : qui est Magnette ? Un des rares articles trouvé.
Exergue

 

Lu sur le blog de Raoul Jennar

 

L’Europe telle qu’elle se fait

 

Dans un pays où l’eurolâtrie bêlante tient lieu de prêt-à-penser sur toutes les questions européennes, où l’affairisme généralisé s’accommode parfaitement des reculs démocratiques et du démantèlement des fonctions régulatrices et redistributrices de l’Etat, une voix vient de rompre l’omerta qui plombe en Belgique toute critique sur les orientations et le fonctionnement des institutions européennes.

 

Le ministre Paul Magnette, qui fut directeur de l’Institut d’études européennes de l’Université de Bruxelles (un des plus prestigieux centres de recherche et d’enseignement sur la construction européenne), dont seize ouvrages savants témoignent de son attachement à l’union des peuples d’Europe, a eu le courage de dénoncer certaines dérives de la construction européenne. Ce qui lui vaut, un tir groupé de critiques acerbes de la part de l’establishment politico-médiatique, les sarcasmes du porte-parole de la Commission européenne et le désaveu de ses collègues et du Premier ministre.

 

Et pourtant, il persiste. Et on ne peut que lui donner raison dès l’instant où, refusant tout dogmatisme, on pratique un libre examen des politiques et des pratiques de l’U.E.

 

Quelle est en effet la légitimité de la Commission européenne, cet aréopage de hauts fonctionnaires qui n’ont de compte à rendre à personne ? Les détracteurs de Magnette insistent sur le fait que les politiques conduites par la Commission ont été voulues par les Etats. Ce n’est pas faux, mais à une nuance majeure près : ils oublient de rappeler que la Commission dispose du monopole de la proposition. Ni les Etats, ni le Parlement européen n’ont le droit de proposer. Celui-ci est réservé à la Commission. Et ce qu’elle propose n’est jamais neutre, mais va toujours dans le sens du libéralisme économique le plus débridé. Contrairement aux fanfaronnades du porte-parole de cette Commission, celle-ci n’est pas un arbitre, mais un acteur idéologiquement orienté.

 

Qu’on en juge avec quelques exemples : c’est elle qui propose des accords de libre échange qui privilégient les intérêts des multinationales au détriment des intérêts des peuples ; c’est elle qui pousse avec un acharnement de tous les instants à la mise en concurrence de tous contre tous, à la libéralisation des activités de services, au démantèlement du droit du travail et des services publics au nom d’un droit prioritaire à la concurrence prétendument bénéfique pour les consommateurs. Si la concurrence a des effets positifs sur le prix du transport aérien et de la téléphonie mobile (dont on conviendra qu’il ne s’agit pas de besoins de première nécessité), par contre, il n’y a pas eu la moindre diminution du tarif du gaz, de l’électricité, de l’eau, des transports ferroviaires. L’espoir d’un accès pour tous à la santé et à l’enseignement s’éloigne au rythme des propositions de la Commission.

 

Quant aux orientations économiques et financières choisies par la Commission comme par la Banque Centrale Européenne – deux institutions qui échappent à tout contrôle démocratique – elles vont bien dans le sens redouté par Paul Magnette et des dizaines d’économistes libres d’a priori idéologiques : récession, baisse dramatique et durable du pouvoir d’achat, augmentation du chômage, accroissement des inégalités, appauvrissement général de la majorité, enrichissement d’une minorité. Face à la crise, conformément aux attentes patronales, la variable d’ajustement demeure encore et toujours les acquis salariaux et sociaux.

 

Ceux qui rejettent une telle perspective sont accusés, au nom du réalisme, d’être des utopistes ou des populistes. Mais cette accusation, massivement diffusée par l’establishment politico-médiatique, cache une vérité : ce qu’on nous présente comme le réalisme n’est en fait que la manifestation la plus totalitaire d’une idéologie : celle du primat du marché, du chacun pour soi, du rejet de l’autre.  A un tel choix idéologique, on peut opposer une vision de la société plus solidaire et plus juste, où l’intérêt général passe avant les intérêts particuliers. Il n’y a pas de fatalité. Des alternatives sont possibles. Merci à Paul Magnette d’avoir brisé l’omerta imposée par les libéraux de droite et de gauche.

 

Raoul Marc JENNAR
Politologue et essayiste
Auteur de « Europe, la trahison des élites » et de « Quelle Europe après le non ? » (Fayard)

 

 

 

Qui est Magnette ?      link
A lire : Il faut tenir tête à la commission européenne.  link

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