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31 octobre 2010 7 31 /10 /octobre /2010 05:28

 

Il est bon de s’interroger sur les qualités qu’on attend d’un dirigeant, sur le pouvoir aussi.

Une manière d’aborder cette question est de citer, pour partie, le chapitre XXIX de Tristes Tropiques de C.Levi.Strauss.

 « Quand…Montaigne rencontra …3 indiens ramenés par un navigateur, il demanda à l’un d’eux quels étaient le privilège du chef…dans son pays ; et l’indigène, chef lui-même, répondit que c’était de partir le 1ier à la guerre…. (Pas mal non ?) Si frappante qu’elle soit, la formule est moins significative encore que le nom qui sert à désigner le chef dans la langue nambikwara. Uilikandé semble vouloir dire « celui qui unit » ou « celui qui lie ensemble ». Cette étymologie suggère que l’esprit indigène est conscient de ce phénomène…, c'est-à-dire que le chef apparaît comme la cause du désir du groupe, et non comme l’effet d’un besoin d’une autorité centrale ressenti par un groupe déjà constitué.

Le prestige personnel et l’aptitude à inspirer confiance sont les fondements du pouvoir dans la société nambikwara. Tous deux sont indispensables…

Le consentement est à l’origine du pouvoir, et c’est aussi le consentement qui entretient sa légitimité. …….Le consentement est à la fois l’origine et la limite du pouvoir……Les relations politiques se ramènent à une sorte d’arbitrage entre, d’une part, les talents et l’autorité du chef, de l’autre, le volume, la cohérence et la bonne volonté du groupe ; tous ces facteurs exercent les uns sur les autres une influence réciproque.

………………………

Sans doute le schéma de Rousseau diffère-t-il  des relations quasi contractuelles qui existent entre le chef et ses compagnons. Rousseau avait en vue un phénomène tout différent, à savoir la renonciation, par les individus, à leur autonomie propre au profit de la volonté générale. Il n’en reste pas moins vrai que Rousseau et ses contemporains …………ont compris que le « contrat » et le « consentement » ne sont pas des formations secondaires, comme le prétendaient leurs adversaires ………ce sont les matières premières de la vie sociale, et il est impossible d’imaginer une forme d’organisation politique dans laquelle ils ne seraient pas présents.

Une seconde remarque découle des considérations précédentes : le consentement est le fondement psychologique du pouvoir, mais dans la vie quotidienne il s’exprime par un jeu de prestations et de contreprestations qui se déroule entre le chef et ses compagnons, et qui fait de la réciprocité un attribut fondamental du pouvoir. Le chef à des pouvoirs,….Il a des devoirs….

…..

Quelle est, maintenant, l’attitude du chef lui-même vis-à-vis de sa fonction ?

…..il y a des chefs, parce qu’il y a, dans tout groupe humain, des hommes qui, à la différence de leurs compagnons, aiment le prestige pour lui-même, se sentent attirés par les responsabilités, et pour qui la charge des affaires publiques apporte avec elle sa récompense ».

 

Celui qui unit n’est pas celui qui divise et fait descendre dans l’arène, où s’affrontent passions et opinions davantage que raison, un débat sur l’identité nationale, à moins qu’il escompte, exacerbant haines et rancœurs, des gains électoraux. Celui qui lie ensemble, investi de la fonction suprême, n’est pas chef de clan qui se présente à la tribune du parti dont-il est issu (l’UMP) ou à celle d’une organisation professionnelle (le Médef), sauf si, contrairement à de justes et sages mœurs politiques, il entend affirmer sa particularité partisane et opposer une France à l’autre.

On attend aussi du chef cette aptitude à inspirer confiance sans laquelle il n’y a pas de consentement,…origine et limite du pouvoir et qui n’a guère été montrée lorsqu’il fut usé d’astuce pour que la France dise oui au TCE alors que les français avaient dit non.

Si le chef a des pouvoirs, il a des devoirs, d’abord celui de ne pas transgresser la volonté populaire. Le chef, en démocratie, n’est ni caudillo ni césar, ni duce. S’il doit faire preuve d’autorité pour le bon exercice de son mandat, il ne peut-être autocratique. Il doit avoir à l’égard de ceux qui l’ont porté où il est le respect qui convient. S’il pense que les citoyens sont des cons comme il a été dit et entendu, faisant école auprès d’un de ses ministres, il ne mérite pas la place qu’il brigue.

La V République a personnalisé le pouvoir en haut se l’Etat, mais l’esprit s’est répandu à tous les niveaux politiques des circonscriptions administratives et, notamment, à celui des régions. Dans la présidentialisation et la personnalisation du pouvoir, les individus-citoyens ont renoncé à leur autonomie propre non au profit de la volonté générale mais à celle d’un seul auquel ils se sont abandonnés. D’où les dérives despotiques observées.

Le leader doit porter et mettre en œuvre le projet du peuple, non le sien, encore moins celui d’une caste. Un projet qu’il peut l’éclairer de la puissance de son intelligence, de la vision anticipatrice qui doit être la sienne pour aujourd’hui préparer demain, mais auquel il ne peut se soustraire. Le chef n’est pas élu pour promouvoir son « je », réaliser son équation personnelle, voire installer une dynastie. Pourtant de tels chefs, à un moment ou un autre, ont revendiqué Jaurès, « comme si l’idéal jauressien n’était pas à l’opposé de leur système… »*, car Jaurès «.. n’avait pas le souci de sa propre gloire puisqu’il avait la passion de l’Humanité »*.

* G.Guille (député socialiste de l’Aude 1909-1985)

…………………………………………………………………………………………………...

 

Le chef ne peut donc être un césar, pas plus qu’il ne doit être autoritaire, ce qui ne l’empêche pas d’avoir de l’autorité cette dernière étant nécessaire à l’avancée des affaires. Un chef doit veiller à l’exercice démocratique et en être le garant, et si lui-même s’écarte de cette manière il appartient aux autres de le rappeler à ses devoirs et obligations, s’il le faut, le destituer. Concernant la destitution, au regard des actualités successives, il est urgent d’en donner constitutionnellement le pouvoir au peuple tant il est vrai que la 5ième République est une fabrique à godillots et qu’on ne peut se contenter que sa parole et sa volonté soient mises entre parenthèses entre 2 moments électoraux.

 
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