Incertains dans leur jugement, il en est qui déclarent : « Au moins son arrestation (celle de Gbagbo) va mettre un terme aux massacres ». En est-on si sûr ? Et même si cela était, peut-on vouloir que la fin des massacres soit une conséquence de l’ingérence internationale. Car, s’il en est de la sorte, il en est fini des souverainetés nationales. Est-ce ce que nous souhaitons ?
On aurait pu, pour arrêter les massacres perpétrés par les uns par les autres, envisager l’hypothèse suivante : demander à Ouattara de se conformer à la décision de Conseil Constitutionnel ivoirien. Un autre choix a été fait ; amplement mis en scène de manière univoque pour convaincre les opinions publiques.
« Arrêter les massacres », « Faire valoir la démocratie » est l’argument de circonstance des puissances dont-on dit qu’elles sont la Communauté internationale ( !). Un argument qui ravit ceux qui ont « bon cœur ». Cependant « avoir bon cœur » n’a jamais fait bon ménage (c’est souvent le contraire) avec la morale et le droit. Qui plus est, ceux qui ont « bon cœur » ne paient jamais la note finale.
Mais surtout. Une ère nouvelle vient de se lever avec la Côte d’Ivoire. Ou, plus exactement, l’ère nouvelle qui a vu le jour avec la chute du mur de Berlin étale ses ramifications et conduit lentement, avec notre complicité passive de citoyens du monde, au totalitarisme planétaire dans tous les domaines. Totalitarisme d’une mondialisation ultralibérale en économie, désormais complétée d’une extension totalitaire dans le domaine politique. Partout le modèle agréé. Les nations de moindre importance devront se plier aux canons (dans toutes les acceptions de l’expression) des grandes puissances.
Vive le monde libre ! Mais libre de quoi ? Libre pour qui ? Et qui dit la liberté ?
Pour compléter, Gbagbo va plus que certainement être traduit devant le Tribunal International. Ce Tribunal peut se saisir lui-même. Nul ne sait quels seront les chefs d’accusation, mais une commission d’enquête va être ouverte, et, selon ses conclusions, Gbagbo siègera sur le banc des accusés. Ainsi, Gbagbo sera traduit sans qu’on sache à cet instant les motifs. Curieuse procédure ! Et comme le gars n’est vraisemblablement pas irréprochable, l’affaire est pliée. Mais alors ! Qu’est-ce qui empêche qu’Ouattara subisse le même sort ? Le gugusse n’est pas très net, lui également. Ce qui sera reproché à l’un pourra l’être à l’autre. Mais voilà ! Il est chef d’Etat. Malheur aux vaincus ! Tant qu’à faire, tant qu’à user de cette possibilité, je vais me répéter, pourquoi le Tribunal International ne se saisit-il pas pour Bush fils de son père dans l’affaire irakienne, pour tous les chefs d’Etat qui ont fait le coup de main en Côte d’Ivoire ? Pourquoi ne se saisit-il pas pour Poutine ? Pour les dirigeants chinois ? Pourquoi ne s’est-il pas saisit pour Pinochet ? Pour les dirigeants israéliens ? Pour le fada d’Iran ? Pour Moubarak ? ……….. Pourquoi ?
Une autre chose doit préoccuper. Pourquoi n’a-t-on pas vu de collectif concernant l’affaire ivoirienne ? Il en existe bien pour d’autres causes. Pas pour défendre Gbagbo. Mais pour se positionner contre l’ingérence. Vous avez une idée ?
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