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5 juin 2017 1 05 /06 /juin /2017 15:38

Pour concourir au second tour des législatives, il convient d’obtenir 12,5% des inscrits.  

Une exigence pour renforcer le bipartisme qui n’a cessé de s’élever : 5% en 1958, 10% en 1967, 12,5% en 1978.

Une exigence sur les inscrits alors que pour les élections présidentielles il n’est tenu compte que des exprimés car s’il en était différemment, du fait du faible score obtenu par les candidats, leur illégitimité sauterait aux yeux.

C’est ainsi que E. Macron a été élu Président de la République en ayant pour socle véritable celui du 1er tour : 18,19% des inscrits (24,01% des exprimés).

 C’est dire que, ne représentant même pas 1 citoyen sur 5, grâce à des modes de scrutin très contestables, E. Macron va gouverner la France sans opposition à l’Assemblée nationale.

A moins que les électeurs, prudents, en décident autrement et ne s’éparpillent pas.

12,5% des inscrits pour être au second tour. Avec un candidat de gauche qui passe au 2ème tour des reports de voix pourront s’effectuer. Qu’on y réfléchisse. Il faut donc qualifier au 1er tour.

Exergue

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Source : https://francoiscocq.fr/2017/06/02/quand-lhegemonie-macroniste-pourrait-depasser-la-volonte-populaire/

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Selon l’enquête du Cevipof réalisée par Ipsos Sopra-Steria et rendue publique ce 2 juin, En marche ! et M. Macron pourraient faire une véritable razzia à l’occasion des élections législatives des 11 et 18 juin. A dire vrai, ce n’est pas impossible tant les effets pervers de la Vème République peuvent se conjuguer pour aller au-delà de la volonté générale et offrir un blanc-seing à M. Macron. Dès lors, si l’entraînement mécanique de système qui semble se dessiner si l’on en croit cette enquête devait se vérifier, nous en serions rendus à la situation ubuesque où l’adhésion au projet du Président n’a jamais été aussi faible avant et après l’élection mais où il sort pour autant avec une majorité hégémonique. La démocratie est décidément bien malade sous la Vème république.

Selon les projections réalisées dans cette enquête, la République en marche (LREM) de M. Macron et ses alliés du Modem pourraient emporter entre 395 et 425 (!) sièges de la nouvelle assemblée. Quand on sait que la majorité absolue se situe à 289 sièges, on mesure les pleins pouvoirs qui seraient alors ceux de M. Macron.

Pourtant, les français n’adhèrent pas au projet présidentiel. M. Macron n’a ainsi recueilli que 24 % des voix lors du 1er tour de la présidentielle. Et encore seuls 40% d’entre eux disaient-ils alors le faire par adhésion. Dans l’entre-deux tour, souvenons-nous qu’ils étaient seulement 20% à souhaiter voir s’appliquer le programme du candidat soit moins que le score récolté quelques jours avant. Et aujourd’hui encore, selon l’enquête du Cevipof, ils ne sont que 37% pour souhaiter une majorité absolue à M.Macron ! D’où vient donc cette distorsion ?

Ne nous cachons pas qu’en politique la force va à la force. Dès lors qu’il est en situation de victoire, M. Macron voit s’agréger autour de lui une partie du corps électoral qui reconnait en la perspective de victoire une forme de réalisation personnelle à laquelle elle souhaite prendre part. Mais ce n’est pas suffisant pour expliquer le raz-de-marée qu’on nous promet.

La parodie démocratique qui s’est jouée dans l’entre-deux tours de la présidentielle produit les effets que ses initiateurs avaient programmé : le ralliement obligatoire sous peine d’excommunication et d’opprobre médiatique qui s’est joué durant 15 jours a créé un effet d’entraînement pour regrouper derrière M. Macron tous ceux que l’on a effrayés avec le pantin Le Pen pourtant rejeté 10 millions de voix plus loin ! Rassemblé derrière un berger, le troupeau était alors prêt à aller paître vers de nouveaux pâturages.

L’hagiographie macroniste depuis son élection participe également du processus : le discours du Louvre n’aurait rien à envier à Martin Luther King quand une poignée de mains est statufiée ou qu’une annonce de « fermeté » est prise pour argent comptant. C’est un concours de presse à qui mieux mieux pour savoir qui de cette cour sera le prochain favori du monarque présidentiel.

Il y a aussi la petite politique qui s’est avérée grande stratégie. En allant débaucher une partie de la droite, M. Macron ne s’est pas contenté de confier les leviers de commande du pays à celles et ceux qui sont les plus à même de mettre en œuvre sa politique de casse sociale et écologique. Il a aussi fait exploser ce qu’il restait de LR après l’affaire Fillon et en a annexé une large part. Toute possibilité d’alternative et d’éventuelle cohabitation s’en est trouvée instantanément évincée.

Restait la France Insoumise qui représente, au regard de l’état de décomposition du paysage politique, la seule force en dynamique à même d’endiguer la submersion macroniste. Mais cette fois, ce sont le PS, EELV et le PCF qui en prenant pour cible exclusive la France Insoumise sont devenus de fait les alliés objectifs de M. Macron. Ceux-là, vexés par la présidentielle, se sont lancés dans des calculs de recomposition pour les calendes grecques et s’entendent sur un seul objectif immédiat qui est d’essayer de briser l’élan de la France Insoumise.

Le mode de scrutin fera ensuite le reste. L’enquête Cevipof crédite LREM de 31% des suffrages mais de 70% des sièges ; A la proportionnelle intégrale, ils en auraient 179. On comprend mieux en quoi M. Macron entend se contenter d’instaurer « une dose de proportionnelle » quand une 6e République s’avèrerait si nécessaire…

Dans ce contexte, les perspectives pour les élections législatives changent du tout au tout. D’une non adhésion au projet de M. Macron et d’un désir de cohabitation au sortir de la présidentielle nous nous dirigerions vers une assemblée à la main entière du pouvoir. Malgré l’absence de volonté populaire pour une telle situation soulignée par l’enquête Cevipof, les conditions artificiellement créées conduisent à un reflux démocratique dont bénéficie l’électorat Macron qui lui reste naturellement mobilisé au sortir de l’élection. Le résultat que pourrait obtenir M. Macron à la législative comme à la présidentielle a ceci de paradoxal qu’il note un élan d’une frange citoyenne tandis qu’il tue le souffle démocratique global.

Dès lors, un sursaut s’impose pour ne pas laisser les pleins pouvoirs à ceux-là. Avec 15 députés Insoumis, nous pouvons demander une commission d’enquête parlementaire. Avec 58 députés insoumis, nous pouvons déposer une motion de censure. Avec 185 députés insoumis, nous pouvons demander l’organisation d’un référendum pour une 6ème République. Et avec 289 députés insoumis, nous pourrions gouverner le pays. Sans doute n’est-ce pas l’hypothèse la plus probable. Mais il est aussi de nombreuses circonscriptions dans lesquelles les citoyennes et les citoyens peuvent rétablir un équilibre démocratique comme c’est le cas dans la 2ème circonscription du Val-de-Marne (Créteil, Choisy-le-Roi, Orly) où je suis le seul en situation d’éviter la prise de cette circonscription de gauche par un candidat macroniste qui se félicitait hier encore sur twitter du choix d’Edouard Philippe comme 1er ministre.

Les 11 et 18 juin, un sursaut populaire est possible et nécessaire pour que le vote ne rompe pas une fois de plus et encore un peu plus avec la traduction de la volonté générale. Ne laissons pas les pleins pouvoirs à M. Macron.

 

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