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30 septembre 2016 5 30 /09 /septembre /2016 08:03

Quel adversaire se donne le PCF ?

On assiste, ces jours derniers, à des tirs nourris et de plus en plus abondants de la nomenklatura du PCF contre J-L Mélenchon (voir l’article précédent) qui n’augure rien de bon. ‘Ils’ en ont fait leur cible prioritaire (comme s’il n’y avait pas mieux à faire ?) ……. pour le remplacer par qui ? susceptible d’emporter le morceau.

On souhaiterait que le PCF mette la même ardeur à se battre contre la droite qu’il en met à tirer sur le candidat de la France insoumise et à travers lui sur les Insoumis dont le potentiel à minima est de plus de 4 millions de voix.

Certes une telle attitude est celle de l’oligarchie du jour du PCF (on en sait les raisons).

On lira, ci-dessous la réponse de François Cocq à Dartigolle. Ce dernier ferait bien de s’inspirer du comportement de Jacques Duclos, un de ses illustres prédécesseurs au PCF dans le sud-ouest et au niveau national, qui, lui, pourtant dur en affaire, ne s’est jamais trompé de camp.

Exergue

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Face au récit national, les petites histoires d’Olivier Dartigolle, par François Cocq

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https://cocq.wordpress.com/2016/09/28/2372face-au-recit-national-les-petites-histoires-d-olivier-dartigolles/

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Olivier Dartigolles est indécrottable. Il parle sur tout et sur rien, dernier moyen qui lui reste pour faire causer de sa petite boutique. Et comme à chaque fois, il se prend les pieds dans le tapis. Le voilà qui, aux côtés d’Olivier Besancenot, instruit donc à nouveau un procès à l’encontre de Jean-Luc Mélenchon pour … avoir proposé de débattre avec Nicolas Sarkozy suite aux déclarations de ce dernier sur « l’identité gauloise » ! Outre la mauvaise foi de la sordide manœuvre politicienne du porte-parole du PCF qui ainsi prend le risque d’affaiblir le seul candidat capable à la fois d’être un remède à la macronite au 1er tour et dès lors de porter les couleurs de notre camp au second, cette nouvelle saillie traduit surtout l’enfermement minoritaire dans lequel s’enfonce le PCF.

« Moi, je ne veux pas d’une ethnicisation gauloise du débat. Mais oui, je dis que nous sommes les filles et les fils des Lumières et de la grande Révolution. A partir du moment où l’on est français, on adopte le récit national » Voilà la citation de Jean-Luc Mélenchon sur laquelle, de l’aveu de son propre texte, Olivier Dartigolles entend s’en prendre à lui. Il eut été correct, à défaut d’être courtois, de noter que Jean-Luc Mélenchon commence justement par réfuter l’idée même d’identité ethnique que sous-tendent les propos sarkosystes. Jean-Luc Mélenchon ne fait d’ailleurs pas qu’en réfuter l’idée, il y oppose clairement et fermement l’identité républicaine, celle issue « des Lumières et de la grande Révolution » qui constitue en l’espèce une filiation radicalement antagonique.

Usant de guillemets traduisant autant son horreur que son inculture, Olivier Dartigolles se rengorge alors devant le « récit national ». Il eut été plus avisé de constater au contraire que c’est Jean-Luc Mélenchon qui réintroduit à dessein ce terme de « récit national » face au « roman national » déclamé par Nicolas Sarkozy. Comme l’explicite fort bien l’historien Vincent Duclert, « un récit fait appel au savoir, à la raison. Il peut être vérifié et critiqué sur son exactitude (…). L’idée d’un roman national n’appartient qu’aux nostalgiques de la grande France coloniale et du culte barrésien de la terre et des mots ». Ce n’est donc pas un hasard si lorsque Jean-Luc Mélenchon emploie le terme « récit », celui-ci apparaît justement après sa référence aux Lumières et à la Grande révolution qui sont les matrices intellectuelles et politiques du savoir et de la raison.

Plus profondément, la réaction d’Olivier Dartigolles traduit un mal nouveau qui gangrène le parti qui l’a chargé de le représenter : l’enfermement dans une culture minoritaire. Ainsi, non seulement il ne faudrait pas aborder le terme de « l’identité » mais il faudrait encore moins en débattre avec Nicolas Sarkozy. Double erreur. Olivier Dartigolles se trompe lorsqu’il affirme qu’un tel débat « créditerait une opération qui tend à rendre centrale la question de l’identité dans le débat politique français ». Cette question est déjà centrale dans le débat public. Que ce ne soit pas une bonne chose, c’est un fait que nous partageons. Mais fuir le sujet ne le fera pas disparaître. Il faut être aveugle ou avoir une bien piètre lecture de la situation, certes ponctuelle mais indubitable, d’hégémonie culturelle qui a été imposée dans un même mouvement par le camp néolibéral et le camp réactionnaire pour penser que la centralité du débat sur les questions d’identité serait à construire. Non : elle a déjà été imposée et ne disparaîtra pas en se réfugiant exclusivement dans des thématiques traditionnelles de notre camp qui, pour importantes et structurantes qu’elles soient, ne permettent pas de s’adresser dans la phase actuelle au grand nombre. En cela, Olivier Dartigolles rejoint Olivier Besancenot qui s’est exprimé dans le même sens. C’est au contraire en se plaçant sur le terrain des « dominants » que l’on peut espérer bouleverser le jeu et sortir du rôle de figurant, même si j’ai bien compris que celui-ci est pour certains, et moyennant quelques avantages acquis, confortable…

La question du débat avec Nicolas Sarkozy se règle alors d’elle-même : Nicolas Sarkozy est un adversaire déclaré qui mène une campagne idéologique sur des sujets clivants et dangereusement structurants pour notre société. Après avoir dit son désaccord, Jean-Luc Mélenchon accepte de relever le gant pour convaincre et donc nettoyer la scène de cette question pour rendre les esprits disponibles aux autres thématiques. Mais enfin, de quel autre outil disposons-nous depuis toujours que le débat argumenté ? Avons-nous peur de l’adversaire ? Avons-nous peur de nous-même ? De celui qui arbore pour 2017 un programme enrichi de l’Humain d’abord qui s’appelle Un avenir en commun ? Souhaitons-nous que le débat sur le sujet se limite à une surenchère permanente entre Sarkozy et Le Pen ? Souhaitons-nous que François Hollande, l’homme de la déchéance de nationalité qui a remis le feu aux poudres, se pare des habits de l’opposant ?

Olivier Dartigolles devrait revoir ses classiques et relire La maladie infantile du communisme à laquelle il succombe un peu plus chaque semaine. L’identité est un outil performatif utilisé par l’adversaire que l’on ne peut évacuer par l’incantation. Il convient alors de s’en saisir pour y opposer une identité républicaine qui ne soit pas une identité de plus mais une identité qui transcende l’ensemble de la société en redéfinissant les liens entre les individus non sur la base de l’ethnie, de la religion ou de la communauté, mais pour forger un même corps politique dans lequel chacun-e accepte d’aliéner une part de la souveraineté qui se rattache à sa personne pour la retrouver magnifiée dans le collectif humain ainsi formé.

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